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Trop honnête pour être beau

Paris
Salle Pleyel
11/28/2006 -  et 23, 24 (Lille), 27 (Douai) novembre 2006
Gustav Mahler : Symphonie n° 3

Dagmar Peckova (contralto)
London symphony chorus, Joseph Cullen (chef de chœur), Maîtrise Boréale, Michèle Bourdiault (chef de chœur), Orchestre national de Lille – Région Nord/Pas-de-Calais, Jean-Claude Casadesus (direction)


Remplir la Salle Pleyel un mardi soir avec l’Orchestre national de Lille dans une symphonie de Mahler, la Troisième, qui plus est? Ce qui aurait sans doute été considéré comme une proposition aberrante voici une vingtaine d’années tient apparemment désormais de la routine et le public, y compris un ancien Premier ministre, a donc accouru pour entendre la formation nordiste, qui fête cette année ses trente ans avec celui qui en est le directeur depuis les origines, Jean-Claude Casadesus. Ce serait également oublier que la discographie de l’orchestre est déjà riche de quatre symphonies ainsi que de lieder, publiés chez Forlane, et qu’à l’occasion de ses récentes visites parisiennes, il n’a pas hésité à se présenter dans ce répertoire: la Deuxième dès octobre 1998 au Théâtre des Champs-Elysées, puis la Septième sous la direction de James Judd (voir ici) en mai 2004 à la Cité de la musique.


Force est en outre de constater que la phalange lilloise possède les moyens de ses ambitions et que, tout au long de ces cent une minutes, elle s’est montrée à la hauteur du défi: une remarquable mise en place, des pupitres en ordre de bataille et d’excellents soli, particulièrement parmi les cuivres, qui perpétuent une tradition de qualité bien établie dans la région.


Mais cela suffit-il pour faire de cette interprétation un moment inoubliable? On aurait tant aimé pouvoir répondre par la positive, ne serait-ce que pour saluer le travail accompli depuis trois décennies par Jean-Claude Casadesus et ses troupes, investis d’une mission tout aussi musicale que sociale. Malheureusement, même s’il ne fallait certes pas en attendre une version très idiomatique ni des couleurs typiquement mahlériennes, la déception prédomine, au regard notamment de souvenirs récents de cette Troisième à Paris, que ce soit avec Paavo Järvi (voir ici) ou avec Christoph Eschenbach (voir ici).


La probité, la sincérité et l’honnêteté des musiciens et de leur chef ne sont nullement en cause, mais ces mérites ne paient pas dans une telle œuvre, car il aurait fallu de tout autres ressources expressives pour imposer une vision à la (dé)mesure de la partition, qui exige, comme toujours chez Mahler, un très large ambitus d’émotions, du grotesque au sublime, de l’ironie au drame. Trop sage, trop lisse, la baguette de Casadesus peine à maintenir la tension (et l’attention) dans l’immense portique initial, si difficile, il est vrai, à construire et fort éloigné ici, avec une telle sobriété expressive, du «cortège de Bacchus» qui aurait inspiré le compositeur.


Dans le deuxième mouvement, la gestion des tempi, entre alanguissement et précipitation, traduit également une difficulté à structurer le discours. Narratif, plus pastoral que rustique, le troisième mouvement offre probablement le meilleur moment de cette soirée, d’autant que le redoutable solo de cor de postillon est assuré, en coulisse, par ce prodige qu’est David Guerrier. Le poème de Nietzsche est non moins luxueusement confié à Dagmar Peckova, tandis que les forces chorales se montrent en forme très moyenne dans le lied suivant. Quant au final, plus en finesse et en transparence qu’en puissance et en rondeur, il évoque davantage Le Jardin féerique de Ma mère l’Oye de Ravel qu’une apothéose mahlérienne.


Jean-Claude Casadesus reviendra en avril prochain dans la capitale, d’abord avec l’Orchestre français des jeunes, puis à la tête de l’Orchestre de Paris.


Le site de l’Orchestre national de Lille



Simon Corley

 

 

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