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Così così

Geneva
Bâtiment des Forces Motrices
11/08/2006 -  et les 9, 10, 11, 13, 14*, 16, 17, 18 et 19 novembre 2006
Wolfgang Amadeus Mozart: Così fan tutte, K. 588

Jacquelyn Wagner/Serena Farnocchia* (Fiordiligi), Monica Groop/Liliana Nikiteanu* (Dorabella), Janja Vuletic/Corinna Mologni* (Despina), Tomislav Muzek/Juan José Lopera* (Ferrando), Stephan Genz/Thomas Oliemans* (Guglielmo), Bo Skovhus/Gilles Cachemaille* (Don Alfonso)
Chœur du Grand Théâtre, Ching-Lien Wu (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Nicolas Chalvin (direction musicale)
Jean Jourdheuil (mise en scène), Mark Lammert (décors et costumes), Lothar Baumgarte (lumières)


Pour cette nouvelle production de Così fan tutte à Genève, le plateau du Bâtiment des Forces Motrices est pratiquement vide, à l’exception de quelques accessoires, des tables basses qui font aussi office de malles desquelles les deux protagonistes masculins sortent leurs déguisements. La sobriété du dispositif scénique permet donc de se concentrer sur les personnages, sur la mise à nu des sentiments. La lumière, crue et froide, donne l'impression d'être dans un laboratoire. Impression confirmée par Jean Jourdheuil, qui, dans le magazine du Grand Théâtre, dit souhaiter que «le spectateur soit le témoin d’une expérimentation, et non pas d’une histoire dont il serait le témoin ému ou compatissant, il faut une autre conception de la mise qu’une conception réaliste». Pour lui, «Alfonso et Despina ont en commun avec le Vicomte de Valmont et la Marquise de Merteuil de s'accorder pour mener leur expérience à bien». Pour mieux illustrer ce propos, les choristes sont vêtus de noir de la tête aux pieds, avec des gants blancs, et sont en quelque sorte chargés de contrôler le bon déroulement de l’expérience. Nous voilà donc plongés dans un Così hautement cérébral, original certes, mais qui fait malheureusement l’impasse sur la sensualité et l'érotisme de l’œuvre.


Par ailleurs, un habile mécanisme constitué de grandes parois blanches en hémicycle, qui s’avancent pour délimiter différents espaces, offre aux personnages la possibilité d'être tour à tour acteurs et voyeurs, telle est l’idée maîtresse de Jean Jourdheuil. Alors qu'à Salzbourg, dans le spectacle conçu par le couple Herrmann, ce sont les deux sœurs qui, dès le départ, ont vent des manigances qui se trament à leur insu, ici c’est Despina qui, dissimulée derrière un mur, entend Don Alfonso échafauder son plan; la servante sera donc au courant bien avant que le philosophe ne la mette dans la confidence. Et c’est elle en fin de compte, et non le vieux sage, qui tirera toutes les ficelles de l’intrigue. Une excellente idée, mais qui ne suffit pas à porter tout un spectacle.


L’importance du rôle de Despina est soulignée aussi par le talent de Corinna Mologni, qui, scéniquement et vocalement, est la vedette incontestée de la soirée. On admire sa fraîcheur et sa vivacité. Les autres solistes sont nettement en retrait, à commencer par les deux amoureux, Juan José Lopera et Thomas Oliemans, incarnant respectivement Ferrando et Guglielmo, dont le chant manque de finesse. Malgré l’usure de la voix, Gilles Cachemaille réussit à incarner un Don Alfonso à la haute prestance et cynique à souhait. Quant aux deux sœurs, les voix de Serena Farnocchia et de Liliana Nikiteanu s’accordent idéalement, la première impressionnant par ses moyens vocaux et la seconde par la subtilité de son chant.

Le pianiste Stephen Kovacevich aurait dû faire ses débuts de chef lyrique à l’occasion de ce Così, mais des divergences avec les musiciens de l’Orchestre de la Suisse Romande ont contraint la direction du Grand Théâtre à lui chercher un remplaçant une semaine avant la première. La perle rare a été trouvée en la personne de Nicolas Chalvin, qui a repris le flambeau au pied levé, sauvant ainsi le spectacle. En communion avec les musiciens, il offre une lecture de la partition enjouée et dynamique. Vu les circonstances, on ne saurait lui reprocher un manque de coordination entre la fosse et la scène, ainsi que les regards des solistes constamment vissés sur lui. Au final, malgré d'indéniables qualités, le spectacle laisse une impression... così così (couci-couça)!



Claudio Poloni

 

 

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