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Un futur Siegfried de légende…

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/14/2006 -  
Richard Wagner : Extraits de Tristan und Isolde, Die Walküre, Siegfried, Die Götterdämmerung.
Ben Heppner (ténor)
Rotterdam Philharmonic Orchestra, Lothar Koenigs (direction)

Après un Tristan et un Walther mémorables, Ben Heppner revient à Paris pour un concert entièrement consacré à la Tétralogie avec des extraits des trois Journées. Le ténor canadien poursuit lentement mais avec succès son exploration des différents personnages de Wagner et il offre ce soir un avant-goût de ce que sera son prochain Siegfried aixois.



Son incarnation de Siegmund est juste et dès les premières notes, il dessine un personnage vaillant et adulte. Dans “Ein Schwert verhieß mir der Vater”, il s’extasie sur la beauté de la femme qu’il vient d’apercevoir: la dernière note grave tenue sur “lichtlose Glut” est très expressive car elle annonce déjà tous les malheurs que vont connaître les deux amants et Ben Heppner rend très bien ce présage du destin avec une voix profonde. Le second extrait est très différent car Siegmund déborde d’amour pour Sieglinde et ce sentiment transparaît dans chaque note, dans chaque nuance du chant de Ben Heppner. La voix est plus fraîche, plus claire et le chanteur n’est pas avare de douceur dans le passage “Sange süss er tönt” où il murmure presque les notes. La phrase “die Liebe lockte den Lenz” est interprétée avec une certaine euphorie qui correspond très bien à l’état d’esprit du personnage. Le ténor reprendra cet air pour un de ses bis et il se montrera encore plus engagé, faisant passer sa prestation de “très bien” à “exceptionnel”.
Ben Heppner entre ensuite dans la peau de Siegfried et ce avec des couleurs totalement différentes. Le personnage est jeune, il est enthousiaste et dans “Daß der mein Vater nicht ist”, le chanteur utilise une voix plus légère, plus malléable que dans Siegmund. Mais dès “Denn wär’wo…”, Siegfried prend de l’assurance et sa colère augmente au fur et à mesure pour retomber à l’évocation de sa mère. Ben Heppner poursuit avec un très poignant “Selige öde auf sonniger Höh” car son chant oscille constamment entre force et faiblesse: la première phrase est quasiment murmurée et plus l’”air” avance, plus le personnage semble prendre confiance.
L’interprète est un peu tendu en début de concert et ce ne sera qu’au moment des bis et après avoir reçu un immense triomphe qu’il prendra confiance en lui et prendra à bras le corps les personnages. Il chante “Siegmund heiss ich und Siegmund bin ich!” avec une forte conviction et ses “Notung” sont dits avec véhémence.


La direction de Lothar Koenigs est assez étrange car il se montre très convaincant et très inspiré dans certains passages alors que dans d’autres, son Wagner est assez plat et sans relief. Il ouvre le concert avec deux extraits de Tristan et Isolde qui ne sont pas dénués d’intérêt mais qui sont dirigés bien sagement. Le Prélude est joué avec un début assez prenant parce qu’il prolonge les silences entre les premières phrases. La Mort d’Isolde est plus réussie mais en l’absence de chant, la musique de Wagner perd un peu de sa superbe. Les passages orchestraux de Die Walküre sont nettement plus discutables avec une Chevauchée bien sonore et des adieux de Wotan bien peu poétiques: les attaques sont assez agressives, les longues phrases un peu hachées… Le chef devient plus intéressant à partir de Siegfried, notamment dans le chant de l’oiseau, et le pupitre des violons parvient à rendre assez ensorcelante la musique de Wagner. Mais c’est surtout dans le finale du Götterdämmerung que Lothar Koenigs prouve son adéquation avec Wagner même s’il n’est et ne sera jamais un maître dans ce répertoire: il mène d’une main de fer son orchestre et enchaîne les différents thèmes du Ring, sans être toutefois très attentif aux transitions. La magie opère et c’est le plus important!



Ben Heppner prouve, une fois de plus, qu’il n’a guère de rivaux actuellement pour le répertoire wagnérien. Il possède l’intelligence des mots, la beauté et la souplesse de la voix, le talent de rentrer dans les personnages… Ses nouvelles prises de rôle sont donc à surveiller de près car ce concert laisse entrevoir de bien belles soirées en perspective…




A noter:
- Ben Heppner vient de sortir un nouveau disque entièrement consacré au Ring dans lequel il est dirigé par Peter Schneider chez DG.
- Ben Heppner sera très présent en France cette année avec un autre récital salle Pleyel le 8 décembre prochain (Wagner toujours mais avec M.-W. Chung) puis une reprise de Lohengrin à la Bastille du 15 mai au 11 juin en compagnie de Valery Gergiev.


Manon Ardouin

 

 

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