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Brahms à Strasbourg

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/28/2006 -  
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 2, opus 83 – Quatuor avec piano n° 1, opus 25 (orchestration Arnold Schönberg)

Nelson Freire (piano)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marc Albrecht (direction)


Pour sa venue au Théâtre des Champs-Elysées, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg était accompagné de Marc Albrecht, qui, de «directeur musical désigné» puis de «conseiller artistique» au cours des deux précédentes saisons, est devenu son directeur musical depuis la rentrée. La formation alsacienne reprenait un programme brahmsien qu’elle avait rodé quinze jours plus tôt sur ses terres (voir ici), à un changement près: c’est Nelson Freire, et non Gerhard Oppitz, qui était le soliste du Second concerto (1881). Si le second a acquis de longue date sa place parmi les plus éminents spécialistes du compositeur allemand, le premier a démontré à l’occasion de ce concert qu’il appartenait également à ce club très fermé.


En effet, malgré quelques petits accrocs, le pianiste brésilien possède évidemment l’endurance nécessaire pour faire face à une œuvre qui demeure l’une des plus redoutables du répertoire concertant. Bien davantage, il fait alterner une puissance impressionnante, développée avec un minimum d’efforts apparents, et un velouté subtil, rendant ainsi justice à la dimension à la fois épique et lyrique de la partition. Electrisant dans les deux premiers mouvements, son jeu sait se faire impalpable comme du Chopin dans l’Andante et léger dans l’Allegretto grazioso final: un éventail complet de qualités, déployé avec un naturel et une musicalité rares, avec brio mais sans esbroufe, et qui ne tourne jamais à la démonstration, ce que vient confirmer le Deuxième des Intermezzi de l’opus 118 (1892) donné en bis.


En seconde partie, le Premier quatuor avec piano (1861) était donné dans l’orchestration qu’en réalisa Schönberg en 1937, suscitant visiblement la perplexité de certains spectateurs sans doute un peu déçus, malgré le mot «piano», de ne pas y retrouver Nelson Freire… pas plus que Brahms ou Schönberg, d’ailleurs, tant celui-ci a réalisé ici une sorte d’OVNI (orchestration véritablement non identifiable), hybride qui ne ressemble ni à Brahms, ni même à Schönberg, mais pas plus à Strauss qu’à Rimski, Ravel ou Respighi, pour s’en tenir à quelques-uns des plus illustres orchestrateurs. On pense davantage à Stokowski, qui se livrait à la même époque au même exercice, sorte de délassement auquel Schönberg se livre non sans humour.


C’est d’ailleurs cette distance ironique avec la tradition viennoise qui aura probablement le plus manqué à la direction de Marc Albrecht, enthousiaste mais n’y allant pas avec le dos de la cuillère et parvenant difficilement, sauf dans l’Intermezzo, à faire lever une pâte sonore compacte et épaisse. Récemment éreinté ici ou là pour sa prestation, sous une autre baguette, dans Les Troyens à l’Opéra du Rhin, l’orchestre n’offre certes pas de couleurs chatoyantes, mais fait preuve d’une parfaite cohésion et suit fidèlement les indications de son chef. Quant à la question de savoir si le choix de cet étrange arrangement est le mieux à même à mettre en valeur les musiciens, malgré la virtuosité indéniablement requise de leur part, notamment dans le Rondo alla zingarese final, le public semble, par son accueil enthousiaste, y répondre positivement, mais on pourra à nouveau en juger dès le 15 décembre prochain à Pleyel avec Myung-Whun Chung et l’Orchestre philharmonique de Radio France.


L’Orchestre philharmonique de Strasbourg et son directeur musical seront quant à eux de retour à Paris le 29 mai prochain pour une version de concert de Salomé de Strauss avec Nina Stemme, Chris Merritt et Anja Silja.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg



Simon Corley

 

 

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