About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Unter den Linden

Paris
Théâtre du Châtelet
10/24/2006 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 5 «L’Empereur», opus 73
Gustav Mahler : Symphonie n° 5

Lang Lang (piano)
Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (direction)


Depuis maintenant trente-cinq ans, Piano **** organise un impressionnant défilé d’artistes prestigieux dans la capitale. La saison 2006-2007 s’inscrit dans la continuité, avec le retour toujours attendu de ceux qui sont demeurés fidèles, au fil des années à André Furno, le grand ordonnateur de ces cérémonies pianistiques: Brendel, Freire, Kovacevich, Lupu, Moravec et Pollini seront ainsi de la fête au Théâtre du Châtelet d’ici juin prochain et, comme de coutume, quelques orchestres ont également été invités. Après le West-Eastern Divan orchestra de Daniel Barenboim (voir ici) et avant l’Orchestre symphonique de l’Etat de Sao Paulo, c’est ainsi la Staatskapelle de Berlin qui, rentrant d’une tournée en Espagne, se produisait à Paris pour trois soirées consécutives.


Le lecteur qui, au-delà de la prestigieuse Philharmonie, ne s’y retrouverait pas dans la jungle des formations berlinoises – Deutsches Symphonie Orchester Berlin (ex-RIAS), Radio-Sinfonieorchester Berlin, Konzerthausorchester Berlin (ex-Berliner Sinfonie-Orchester), Berliner Symphoniker, … – mérite d’abord un bref éclaircissement: la Staatskapelle est l’orchestre de l’Opéra d’Etat Unter den Linden, successeur du Königliche Hofoper où avait notamment été créé Le Freischütz. C’est ici, après la Première Guerre mondiale, que s’illustrèrent en particulier Otto Klemperer et Erich Kleiber, celui-ci y donnant entre autres la première de Wozzeck. Située dans la partie orientale de la ville du temps du «mur de la honte», l’institution a trouvé en Barenboim son Generalmusikdirektor depuis 1992 (ainsi que son directeur artistique jusqu’en 2002), et ses musiciens l’ont élu «chef à vie» en 2000.


La phalange berlinoise honore la capitale de trois programmes différents, mais tout aussi copieux (environ deux heures de musique chacun) et, surtout, construits selon le même schéma: un concerto pour piano du grand répertoire, puis l’une des trois dernières symphonies impaires de Mahler, que Barenboim interprétera à nouveau au printemps prochain à Berlin, dans le cadre d’un véritable marathon étalé sur seulement onze jours et qu’il partagera avec Pierre Boulez.


Pour le deuxième de ces concerts parisiens, en présence d’Etienne Vatelot, Henri Dutilleux, Radu Lupu et Pierre Bergé, Lang Lang et le Cinquième concerto «L’Empereur» (1809) de Beethoven succédaient à Barenboim lui-même la veille dans le Vingt-troisième de Mozart. Sans doute un peu moins calamiteux que dans le Quatrième en juin 2004 avec Christoph Eschenbach (voir ici), le pianiste chinois déçoit une fois de plus par sa superficialité, et l’on peine décidément à voir pourquoi des chefs tels que Belohlavek, Gergiev, Jansons, Jurowski, Sawallisch, Slatkin ou Temirkanov acceptent de se commettre avec lui. Mettant l’œuvre au service de ses caprices et de son souci de mettre en valeur son brio, il joue Beethoven comme s’il s’agissait d’une pièce de virtuosité de Godowski: on ne peut donc rester que sur sa faim après une démonstration aussi vaine et anecdotique, où le cabotinage et le narcissisme rendent le discours artificiel et incohérent, dépourvu de sens et de continuité. Même la technique réserve de légères imprécisions, tandis que le travail sur le son se borne à accentuer les contrastes dynamiques, parfois de véritables coups de boutoir.


Dirigeant par cœur, Barenboim, malgré quelques coquetteries, offre davantage de perspectives dans son accompagnement, même si l’orchestre ne se montre pas sous son meilleur jour: verdeur et irrégularité des bois, laideur de la sonorité des cordes, cor en perdition. Lang Lang accorde en bis à des spectateurs visiblement ravis l’Allegretto final de la Dixième sonate (1778) – peut-être en clin d’œil à Paris, où Mozart résidait lorsqu’il l’écrivit – mais avec une approche raide et minaudante à faire frémir l’éminent mozartien qu’est Barenboim.


Son nom étant davantage associé à Bruckner qu’à Mahler, on attendait donc non sans une certaine appréhension le chef israélien dans la Cinquième symphonie (1902). Faisant bien ressortir sa structure en trois parties (en enchaînant sans interruption les premier et deuxième mouvements, de même que les quatrième et cinquième), il en donne une lecture honnête, sage et même généreuse, à l’image d’un Adagietto allant et expressif, sans surcharge de pathos. Est-ce ce suffisant pour restituer l’élan, l’urgence, le drame, l’ironie et la névrose qui irriguent cette musique? Le public, en tout cas, semble convaincu. Manquant d’abord de cohésion et un peu flottant dans ses soli (flûte, trompette), l’orchestre fait remarquablement corps avec son directeur musical, qui se plaît à souligner ici ou là certains détails, et trouve progressivement ses marques, avec en particulier un remarquable solo de cor dans le mouvement central.


Le site de la Staatskapelle Berlin
Le site de Lang Lang



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com