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Renaissance

Aix-en-Provence
Théâtre de l’Archevêché
07/03/1998 -  jusqu'au 31 juillet 1998

Après une année d’interruption, le Festival d’Aix rouvre ses portes. Pour son cinquantième anniversaire, il s’offre un nouveau directeur général, Stéphane Lissner, qui arrive couronné des lauriers de dix années de réussite à la tête du Châtelet. Les attentes sont donc grandes, les espoirs nombreux, les ambitions impressionnantes. Il s’agit non seulement de redorer le blason d’une programmation qui avait perdu l’enthousiasme et la flamme de l’époque Dussurget, mais aussi de rendre le festival aux Aixois, marginalisés et rendus indifférents à l’événement culturel censé illuminer le prestige de leur ville.

Première constatation. La venue de Stéphane Lissner n’a pas transformé Aix. Qu’on se rassure. La cité provençale possède toujours son indéniable charme. Dorées par le soleil, ses façades ocres caressent délicieusement le regard, les tenues légères et colorées insufflent immanquablement un air de vacances permanentes à la ville. Alangui à l’ombre des platanes du cours Mirabeau, on s’abandonne avec ravissement au rythme estival, bercé par l’incessant gazouillis des passants. Oui, il fait bon être à Aix. Ses habitants le savent et considèrent avec un amusement bienveillant le tapage médiatique engendré par un festival qu’ils ignorent pour la plupart. Car Aix est une ville jeune qui fréquente plus volontiers les cafés et les boites de nuit. A regret, il faut reconnaître que la manifestation est surtout réservée à une bourgeoisie locale qui fréquente l’opéra une fois l’an, à des fidèles qui font le pèlerinage depuis des années, et à une masse de journalistes et autres personnalités parisiennes. Et ce n’est pas l’arrivée d’un nouveau directeur, aussi talentueux soit-il qui changera quoi que ce soit. Réserver des avant-premières (à moitié prix) aux Aixois, instaurer un passeport à 100 francs donnant accès à de très nombreux concerts, récitals, conférences, débats ou projections ; tout cela est certes parfaitement louable, mais ne transforme pas la physionomie d’un festival " d’art lyrique ", intrinsèquement voué à ne passionner qu’un petit nombre, au regard de la population de l’agglomération. Et cela n’est pas vain défaitisme que de l’admettre, mais simple réalisme.

Toutefois, la volonté de Stéphane Lisser d’encourager la collaboration de grands noms de la mise en scène et de la baguette, comme il le fit fait jadis au Châtelet, est naturellement excellente. De même, la création d’un Académie Européenne de Musique qui permettra la formation des talents de demain. En ces deux points, Lissner semble renouer encore avec un passé illustre et hélas révolu, celui où Berganza et Stich-Randall faisaient leurs armes sous la baguette virevoltante d’Hans Rosbaud, celui où les décorateurs avaient pour noms Balthus, Cocteau ou Derain. Une pointe de nostalgie teinte donc cette édition pourtant résolument tournée vers un avenir que tous espère glorieux.

S’il est trop tôt pour émettre un avis que le temps livrera lui-même, il est néanmoins possible d’observer dès maintenant une sorte de tournant. Cette année, les paillettes des élégantes étaient moins nombreuses, l’ambiance moins festive sur la place de l’Archevêché, l’exubérance estivalière semblait plus bridée. Comme intimidé par l’importance du nouvel enjeu qui s’impose à lui, le festival adopte un sérieux un peu solennel. Plus intellectuel peut-être, il brime la fantaisie quelque peu excessive du sud, celle-là même qui faisait partie intégrante de l’événement. Le spectacle est maintenant uniquement sur les scènes de l’Archevêché (qui a fait peau neuve et se pare désormais d’un superbe manteau de teck), de l’Hôtel Maynier d’Oppède, de la Cité du Livre et uniquement là. C’est un peu dommage. On s’amusait beaucoup en admirant le défilé bariolée des festivaliers. Aix aurait-elle perdu sa désinvolture ?

Katia Choquer



Les 9, 10, 16, 17, 20, 21, 24, 26, 28 et 29 juillet 1998
Théâtre de l’Archevêché
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni
Peter Mattei (Don Giovanni), Gilles Cachemaille (Leporello), Melanie Diener (Donna Elvira), Carmela remigio (Donna Anna), John mark Ainsley (don Ottavio), Lisa Larsson (zerlina), Till Fechner (Masetto), Gudjon Oskarsson (le commandeur)
Orchestre Gustav Mahler, Claudio Abaddo (direction musicale)
Peter Brook(mise en scène).

21h00, les lumières meurent dans la cour de l’Archevêché, préparant le public à l’entrée du chef. Un homme se faufile entre les allées, afin de rejoindre son fauteuil. Il est en retard. Il s’agit de Peter Brook, le metteur en scène de Don Giovanni. Assistant à une représentation qui n’est ni la première, ni la deuxième, ni... l’artiste assume la coquetterie d’une fierté certaine. Alors, naturellement, il souhaite attirer les regards. " Mesdames et Messieurs, je suis le génial géniteur du spectacle auquel vous allez avoir l’honneur d’assister. J’ai bien droit à une petite dose d’autosatisfaction, n’est-ce pas ? Mais surtout, que cela ne se remarque pas... Lorsqu’une partie du public (" ouf, ils m’ont reconnu ") commence à applaudir (le spectacle n’a pas débuté, je précise), je fais semblant de ne pas me sentir concerné. Mine de rien, je m’installe (lentement) et je papote (debout) avec mon voisin. Et bien sûr, je ne lève pas le nez lorsqu’un inconditionnel hurle " Vive Brook ". C’est leur problème si tous ces gens bizarres me glorifient avant d’avoir vu mon spectacle. ". Ca se passe comme ça chez Lissner. En invitant des metteurs en scène de renom (ça veut dire quoi ?), le directeur général du festival s’assure les gargarismes béatifiants d’un public et d’une critique snobinarde qui s’extasient sur l’évidente sagacité d’un artiste à la mode. Trêves de persiflages. Franchement, le Don Giovanni de Brook est un bon spectacle, sobre, inventif mais pas mémorable. En situant l’opéra à mi-chemin du drame et de la comédie, le metteur en scène a estompé l’extravagance baroque que l’on aime y trouver, parce que le sujet et ses origines s’y prêtent. Le metteur en scène préfère peindre des destins ordinaires (si l’on excepte l’issue finale) où se croisent le ressentiment, la trahison, et la jouissance de vivre. Pour ce qui est du cadre, la tendance au minimalisme nous convie dans un décor de tréteaux, de bancs et de mats (symbole phallique primaire ?) aux vifs coloris. Afin de nous rappeler que nous sommes au théâtre (zut alors, j’ai failli l’oublier) et que les chanteurs sont aussi des acteurs (grâce à lui), Brook a imaginé une sorte de scène sur la scène, vaste carré sur lequel se déroule l’action. A sa droite, les musiciens qui accompagnent les récitatifs (claveciniste et violoncelliste). Au fond, la façade de pierre de l’Archevêché, contre laquelle sont installés d’autres bancs qui accueillent les chanteurs ou choristes avant ou après leur entrée sur scène (dans le carré magique). Les costumes sont modernes, fuyant toute résurgence historisante. Complet de lin écru pour Don Giovanni, pantalon noir et gilet pour Leporello, robe noire pour Elvire, fuchsia pour Anna, motif printanier pour Zerline, tout cela tend à banaliser le drama giacoso, à le rendre actuel. D’ailleurs, l’ensemble fonctionne plutôt bien. Les mouvements, les attitudes des chanteurs-acteurs sont naturels, rien à aucun moment n’apparaît surfait. Juste un peu fade parfois.

Peter Mattei est un Don Giovanni jeune, pétulant et conquérant, sûr de son irrésistible pouvoir de séduction. On le perçoit plus inconscient et puéril que véritablement cynique. S’il se croit tout permis, c’est que toutes succombent à son animale beauté. Sans être exceptionnel, le chanteur assume très honorablement son rôle autant sur le plan vocal que théâtral. Rien ne dérange ou de retient formellement l’attention. Le " couple " qu’il forme avec Leporello/Gilles Cachemaille est parfaitement crédible, justement parce qu’aucun des deux chanteurs n’a suffisamment de charisme pour éclipser l’autre. Leur duo réserve de bons moments, grotesques ou désespérants à souhait. Plus proche de la petite bourgeoise coincée qui rit lorsqu’elle se brûle que de la passionaria ibérique, la Donna Elvira de Mélanie Diener laisse de marbre lorsqu’elle n’agace pas, par cette manie qu’elle a d’édulcorer les émotions les plus violentes. La souffrance de l’amante délaissée, la rage de la créature vengeresse, l’énergie du désespoir de la femme consumée par son amour sont autant de sentiments qui n’effleurent même pas la chanteuse. Enfermée dans le carcan de sa petite robe noire plissée, elle donne davantage l’impression d’être un personnage superficiel qui joue (mal) à être amoureuse et blessée. Volonté du metteur en scène, incapacité de la cantatrice à s’extérioriser, la fadeur d’une telle incarnation (ou plutôt désincarnation) reste un mystère et une aberration. Au moins trouvera-t-on une maigre compensation à l’écoute d’une voix agile et aisée qui aurait pu réaliser des prodiges dans un rôle dont elle a pleinement les moyens à défaut d’en posséder l’envergure dramatique. Le couple Anna-Ottavio est inconsistant (comme presque toujours). Il n’y a donc rien a en dire sinon que John Mark Ainsley a une jolie voix alors que sa comparse est dépassée par son rôle. Elle s’époumone à produire des sons qui dépassent à peine la fosse, s’offrant en pâture telle une créature pitoyable qu’Anna n’est pas vraiment. Quant à Zerline et Masetto, ils sont assez convaincants pour retenir l’attention, sans plus. Le commandeur est du même acabit. Au pupitre, Claudio Abaddo distille son art du beau son et de la précision à un orchestre qui rêve d’être flamboyant. Le tragique et l’excès sont des termes que le chef ne possède pas dans son vocabulaire. Sa direction est donc très fluide, très italienne dans sa brillance. Il lui manque les brumes glaciales du petit matin, au sortir des nuits de débauches. Il n’effleure pas le brasier des sens en effervescence, des esprits enflammés par les passions les plus diverses.

Les regrets et les frustrations ne sont donc pas absents à l’issue d’un Don Giovanni dont on attendait des merveilles. Vains espoirs engendrés et nourris par une presse et un public acquis d’avance, trop prompts à crier au génie là où n’existe effectivement qu’un travail intéressant à de nombreux égards mais en aucun cas inoubliable ou insurpassable. On verra d’autres Don Giovanni qui sauront enthousiasmer, déranger, bouleverser.

K. C.



Les 6, 9, 11, 15, 17, 20, 22, 25, 27 et 30 juillet 1998
Hôtel Maynier d’Oppède
Henry Purcell : Didon et Enée
Silvia Hablowetz (Didon), Jaehi Yang (Belinda), Myriam Boucris (Sorceress), Camilla (Première sorcière), Anne le Coutour (Seconde sorcière), Michael Bennett (Esprit), Andrew Rupp (Enée)
Instrumentistes de l’Académie Européenne de musique, David Stern (direction musicale), Marcel Bozonnet (Mise en scène).

Les 7, 10, 12, 16, 18, 21, 23, 26, 28 et 31 juillet 1998
Hôtel Maynier d’Oppède
Benjamin Britten : Curlew River
Michael Bennett (Madwoman), Jussi Järvenpää (Ferryman), Andrew Rupp (Traveller) Jaehi Yang (Spirit of the e boy), Ulas Inan Inac (Abbot), Nicolas Bauchau, Fernando Cobo, Ulas Inan Inac, Jussi Järvenpää, Andrew Rupp, Km Ta (Pilgrims)
Instrumentistes de l’Académie Européenne de Musique, David Stern (Direction musicale)
Yoshi Oida (mise en scène)

Pour sa première édition, l’Académie Européenne de musique a jette l’encre sur les bords de l’illustre Albion. Une Angleterre à l’honneur à travers ses deux plus grands compositeurs : Henry Purcell avec Didon et Enée et Benjamin Britten avec Curlew River. Les deux oeuvres sont représentées dans la cour de l’Hôtel Maynier d’Oppède, pourvu à l’occasion du festival de gradins qui permettent d’accueillir environ 400 personnes. La scène est au centre, et son coeur est une fontaine moussue d’où s’échappe un maigre filet d’eau. Le lieu, s’il possède un charme incontestable, est un véritable casse tête pour un metteur en scène. La manière de résoudre les problèmes d’espace est alors très personnelle. Pour Didon et Enée Marcel Bozonnet n’est pas parvenu à figurer véritablement les passions de cette opéra à l’action sporadique. Il ne dépasse quasiment pas le stade de la version concert mise en espace. Comme paralysé par un lieu certes réduit mais vivant, Bozonnet fige les chanteurs, ramolli la violence qui s’échappe de chaque inflexions, de chaque phrase. Alors pour s’en sortir, les jeunes musiciens ne parviennent qu’à se concentrer sur leur chant. La qualité est heureusement au rendez-vous, ce qui nous rassure immédiatement sur la légitimité de l’académie. Oui, l’avenir nous offrira probablement la révélation de talents puisque le niveau est ici prometteur, qu’il dépasse très largement le " spectacle d’étudiant ". On regrette alors d’autant plus les décalages entre chanteurs et orchestre ainsi que les entrées parfois anarchiques.

La cour de l’hôtel particulier se prête en revanche parfaitement à Curlew River, la "rivière aux courlis" de Britten. Parabole inspirée du théâtre Nô japonais ainsi que des mystères médiévaux, l’oeuvre nous conduit sur le chemin de l’austérité et de l’ésotérisme, souligné ici par la mise en scène sombre d’Yoshi Oida. Difficile à apprécier si l’on n’est pas un fervent adepte de la lenteur, du symbole obscur et du mysticisme. Sans s’attarder à la question on retiendra la remarquable performance des chanteurs tous parfaitement investis, notamment Michael Bennet qui incarne une madwoman hallucinée et fascinante. Dans les deux oeuvres, David Stern et les jeunes instrumentistes de l’Académie agrémentent les oeuvres de leur jolies sonorités, d’une certaine aisance dans l’intériorité aussi. Hélas, la virtuosité n’est pas encore leur langage courant. Toutefois, on demeure plein d’espoirs pour la prochaine édition du festival qui saura sûrement les aguerrir.

K. C.



Les 14, 15, 18 et 19 juillet 1998
Claudio Monteverdi : L’Orfeo
Simon Keenlyside (Orfeo), Juanita Lascarro (Euridice/la Musica/Eco), Graciela Oddone (Messaggiera), Mauro Utzeri (Apollo), Martina Dike (proserpina), Stephen Wallace (La Speranza),Tomas Tomasson (Plutone), Paul Gérimon (Caronte), Anne Cambier (Ninfa), Stephen Wallace, Yann Beuron, John Bowen, Paul Gérimon, René Linnenbank (Pastori/Spiriti)
Concerto Vocale, Collegium Vocale, Trisha Brown Company, René Jacobs (direction musicale), Trisha Brown (Mise en scène et chorégraphie)

Toute de teck vêtue, la scène du nouvel Archevêché offre un somptueux écrin aux décors bleu nuit de l’Orfeo mis en scène par la chorégraphe américaine Trisha Brown. La production créée à Bruxelles trouve sous le ciel aixois le cadre idéal à son ductile épanouissement. Acrobate, danseurs et chanteurs s’y côtoient avec fluidité, chaque geste magnifiant et accompagnant les ondoiements de la phrase monteverdienne. Car c’est bien la danse qui habite ce spectacle. Chaque geste est étudié, stylisé, comme en écho à l’extrême raffinement d’une musique ciselée et précieuse. Les costumes et les accessoires sont sobres, comme pour ne pas détourner un regard qui s’attache à la symbolique de l’espace et de son occupation. Parfois, on se surprend à contempler les mouvements, à se laisser détourner de la partition pourtant admirablement servie par le grand spécialiste qu’est René Jacobs. Son orchestre est en effet d’une richesse de coloris inépuisable, la spatialisation des timbres étonne et enchante. Les chanteurs quant à eux sont tous irréprochables à commencer par Simon Keenlyside qui endosse le rôle d’Orphée avec une grande noblesse, une touchante nostalgie du bonheur révolu. Cet Orfeo est donc un spectacle qui comble autant la vue que l’ouïe. Cela n’est pas si fréquent. Aussi peut-on justement s’en réjouir.

K. C.



Lundi 13 juillet 1998
Cité du Livre - Amphithéâtre de la Verrière
Richard Strauss : Métamorphoses
Jean-Philippe Rameau : Les Boréades, suite de danses
Franz Schubert : Symphonie n°3
Mahler Chamber Orchestra, Daniel Harding (direction)

Lorsqu’un jeune homme mince et d’apparence fragile fait son entrée dans l’amphithéâtre, on a peine à croire qu’il s’agit du chef d’orchestre. Notre oeil a été " éduqué " pour accueillir des maestros d’âge murs, à la prestance imposante. Cependant, dès qu’il lève les bras pour préparer le départ de l’orchestre, Daniel Harding, 22ans, parvient à s’imposer. Comme happés par son charisme et son autorité, les musiciens répondent au doigt et à l’oeil. Car le chef dirige autant du regard que de la baguette. Ses gestes sont précis, tranchés. Et il parvient immédiatement à susciter le respect du public autant que de l’orchestre. Pourtant, avec un programme aussi varié, voire antinomique que Strauss, Rameau et Schubert, les craintes étaient permises. Daniel Harding risquait ou l’impitoyable faiblesse dans l’un des répertoires, ou au contraire l’uniformisation des styles. Par bonheur, le chef ne succombe à aucun de ces travers. Visionnaire, sensible et fantomatique dans les Métamorphoses de Richard Strauss, il trouve des trésors d’inspiration, déclinant en phrasés flottants l’harmonie raffinée du compositeur allemand. Comme un ciel crépusculaire, les couleurs sont irisées, changeantes, laissant sur leur sillage un voile d’étoiles scintillant. Daniel Harding rencontre et nourrit la profonde poésie d’une oeuvre ténébreuse et tourmentée. Après l’entracte, la légèreté prend la pas avec des danses extraites de la suite d’orchestre des Boréades de Rameau. Le geste se fait alors plus enjoué et énergique. Convié à la cour fastueuse de Louis XV, le public est emporté dans le tournoiement de gavottes bon enfant ou de contredanses virevoltantes. Chaque pièce parvient à vivre de manière indépendante sans pourtant nuire à l’unité saine et souriante de l’ensemble. L’orchestre, précédemment si dense joue dès lors la transparence sans chercher à singer les phalanges baroques. La modernité est assumée mais elle est mise au service de l’ancien. Dans Schubert enfin, Daniel Harding nous dévoile un jeune compositeur fier et ambitieux, encore imprégné des volutes mozartiennes bien que déjà tourné vers le romantisme. Là encore, le chef affiche une remarquable efficacité. Présent sur chaque note, ondulant de sa silhouette gracile sur chaque courbe des phrasés schubertiens, se raidissant pour figurer les passages plus virils ou héroïques, Daniel Harding finit de nous convaincre de son indéniable et précoce talent. Simon Rattle et Claudio Abaddo, dont il fut l’assistant ne s’y sont pas trompés. Il y a dans son travail une audace, une justesse en même temps qu’une sorte d’évidence qui atteint notre sensibilité de manière directe. Sans doute notre âme comprend-elle que ce jeune chef fait plus que jouer la musique, il la vit...et cela s’entend.




Katia Choquer

 

 

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