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Classe et élégance!

Paris
Salle Pleyel
09/22/2006 -  et 26 septembre (Darmstadt), 24 octobre (London) 2006
Joseph Haydn : La Création
Sandrine Piau (Gabriel, Eve), Mark Padmore (Uriel), Neal Davies (Raphaël, Adam)
Gabrieli Consort & Players
Paul McCreesh (direction)

C’est dans une nouvelle salle pleine de promesses autant sur le plan musical que sur le plan sonore que le Gabrieli Consort & Players a posé ses valises le temps d’interpréter une superbe Création de Haydn. Entouré d’un trio de solistes bon (mais inégal), le chef Paul McCreesh a proposé une interprétation subtile et toute musicale de l’oratorio laissant le public en haleine à de nombreuses reprises.



Mark Padmore incarne l’élégance vocale: il ne lui suffit que d’une inflexion, d’une respiration pour créer un monde! Il se montre très attentif aux récitatifs et les rend non seulement intelligibles mais également vivants. Sa voix est d’une grande pureté dans les airs, notamment dans “Now vanish before” où il termine ses phrases sur des notes aériennes qu’il laisse mourir progressivement. La fin de “In native worth” est particulièrement belle car après des vocalises parfaitement menées et agiles, il achève l’air avec des notes aiguës épurées et un decrescendo donnant sur un point d’orgue.



Neal Davis est une basse à la voix longue, profonde et surtout veloutée. Avec peu d’efforts également, il parvient à nuancer son chant, à le rendre plus expressif. Dès sa première intervention, il commence le récitatif sur un fil de voix qu’il étoffe peu à peu: du plus beau effet! Son air “Rolling in foaming billows” est très impressionnant par la déferlante des notes et par la colère qui s’échappe de sa voix. Il est également très proche du texte dans les récitatifs, si nombreux dans cette partition, notamment dans la seconde partie où il explique la naissance des animaux - et en particulier le ver -: les notes sont très graves et on ne sait pas très bien d’où elles sortent.


Malgré une acoustique plus que favorable la voix de Sandrine Piau est toujours aussi petite et elle peine parfois à dépasser l’orchestre, ce qui est bien dommage car la musicienne est remplie de bonnes intentions expressives. Elle semble constamment en retenue et ne laisse, qu’à de rares moments, la voix prendre toute son ampleur. L’air “With verdure clad” est chanté avec classe et douceur mais tout cela n’est guère très clair. Dans “On mighty pens”, la chanteuse donne un peu plus de puissance et son chant devient alors magnifique: la voix est ensoleillée, ce qui convient bien au texte, surtout dans les aigus. Sandrine Piau a le souci de toujours trop bien faire et l’interprétation en pâtit donc. Elle semble toutefois beaucoup plus à l’aise dans le personnage d’Eve et les deux duos avec Neal Davis sont sublimes de pureté et ses graves sont tout à coup parfaitement nourris.



Paul McCreesh dirige l'œuvre avec beaucoup d’élégance: il laisse le temps à la musique de se développer et ce dès l’ouverture. Toutes les notes, toutes les phrases semblent découler l’une de l’autre avec une facilité confondante comme dans le début de la troisième partie. Il semble également attentif aux transitions, aux changements de ton: dans l’air d’Uriel “Now vanish” au début de l’oratorio, il souligne avec de jolies couleurs la fin du chaos et la naissance d’un monde nouveau. Dans ce passage il est aidé par un chœur exceptionnel qui avait, dans les mesures précédentes, exprimé la terreur par une grande puissance vocale. Les musiciens de l’orchestre excellent également à créer une ambiance: quelques pages plus loin, Raphaël chante un air de caractère assez sombre et les violoncelles soulignent le rythme avec des pizzicati presque effrayants.



Un très beau concert qui contribue à l’hommage rendu en ce moment à Haydn: la Cité de la musique a, en effet, programmé ce mois-ci l'intégrale des Symphonies londoniennes du compositeur.



Le site du Gabrieli Consort & Players


Manon Ardouin

 

 

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