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Aida céleste, mais décevante

Zurich
Opernhaus
05/28/2006 -  et les 31* mai, 2, 5, 8, 11, 15 juin et 7 juillet 2006

Giuseppe Verdi: Aida


Nina Stemme (Aida), Luciana d'Intino (Amneris), Salvatore Licitra (Radamès), Juan Pons (Amonasro), Matti Salminen/Pavel Daniluk* (Ramfis), Günther Groissböck (le Roi), Christiane Kohl (une prêtresse), Miroslav Christoff (un messager)


Chœur de l’Opernhaus de Zurich (préparation: Ernst Raffelsberger), Orchestre de l’Opernhaus, direction musicale: Adam Fischer. Mise en scène: Nicolas Joël. Décors: Ezio Frigerio, costumes: Franca Squarciapino, chorégraphie: Stefano Giannetti, lumières: Hans-Rudolf Kunz


Attendue avec beaucoup d’intérêt comme l’un des spectacles phares de la saison zurichoise, la nouvelle Aida de l’Opernhaus se révèle finalement décevante. Nicolas Joël connaît bien l’œuvre, pour l’avoir mise en scène à de nombreuses occasions, la première fois à Vienne, il y a plus de vingt ans, puis aux Etats-Unis, ainsi qu’à deux reprises à Orange. «Pour des raisons esthétiques», comme il l'explique dans le programme, il a choisi pour Zurich de transposer l’action à l’époque de la création de l’opéra, soit au moment de l’ouverture du Canal de Suez, en lui imprimant les couleurs de l’ère de Napoléon III, dans une Egypte coloniale. D’ailleurs, Radamès, portant un bicorne, revient de son expédition dans un navire armé de deux immenses canons. Compte tenu aussi des dimensions réduites de l’Opernhaus, Nicolas Joël a opté pour un spectacle intimiste, dans lequel même la scène du triomphe semble sortir tout droit d’un opéra de chambre. Les décors, notamment au 1er acte, sont superbes: une salle d’un palais aux larges baies vitrées, avec à l’arrière-plan une allée de palmiers où déambulent des officiers, des dignitaires et des dames portant des robes magnifiques. Un régal pour les yeux, certes, mais malheureusement le metteur en scène n’a pas cherché à aller au-delà de ces clichés visuels et à approfondir sa conception de l’œuvre. Il a complètement négligé la direction d’acteurs, ne se souciant pas de la caractérisation des personnages et laissant les chanteurs se débrouiller avec de grands gestes des bras, le plus souvent sur le devant de la scène, comme de bien entendu. Après son affligeante Forza en début de saison et cette Aida franchement décevante, le soulagement est grand d’apprendre que le maître du Capitole de Toulouse ne sévira pas à Zurich la saison prochaine!


L’intérêt du spectacle se porte donc sur le plateau vocal. Après un Ballo in Maschera en demi-teinte l’année dernière à Londres, Nina Stemme aborde ici son deuxième rôle verdien. La tessiture d’Aida est plus élevée que celle de la plupart des rôles wagnériens et on sent effectivement la chanteuse crispée dans l’aigu, avec un large vibrato et des notes ratées à la fin de l’air du Nil. Globalement cependant, la prestation est remarquable: Nina Stemme compose une esclave éthiopienne toute en nuances et en finesses, plus lyrique que dramatique, avec d’immenses phrasés impeccablement tenus et de surcroît une excellente diction. Scéniquement, son personnage paraît plutôt terne, mais on se réjouit de la revoir dirigée par un vrai metteur en scène. Malgré un Celeste Aida manquant quelque peu d’assurance - mais l’air est placé au tout début de l’opéra! - Salvatore Licitra campe un Radamès vaillant, à défaut d’être nuancé, avec une voix couvrant bien toute la tessiture du rôle, même si elle semble un brin monochrome. Bien que les changements de registres soient clairement perceptibles, Luciana d’Intino émerveille par la puissance de sa voix et par l’autorité qui se dégage de son Amneris; la chanteuse pourrait toutefois insuffler davantage de nuances à son personnage. Seul le vétéran Juan Pons tire véritablement son épingle du jeu. Mais il faut dire que les solistes ont fort à faire pour percer la masse orchestrale, tant les musiciens jouent fort, sous la baguette d’un Adam Fischer peu inspiré.


A noter que le spectacle sera diffusé sur ARTE le 21 juin 2006.




Claudio Poloni

 

 

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