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Galerie de portraits!

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/17/2006 -  
Airs d’opéras italiens et français: Massenet, Verdi, Puccini…
Mireille Delunsch - Natalie Dessay (soprano), Béatrice Uria-Monzon (mezzo), Jean-Pierre Furlan (ténor), Laurent Naouri - Ludovic Tézier (baryton)
Orchestre Philharmonque de Radio-France
Chorale d’enfants “Les Polysons”
Myung-Whun Chung (direction)

Le théâtre des Champs-Elysées reçoit ce soir une toute nouvelle association “Aux enfants d’Abord” présidée par Alain Duault. C’est l’occasion de réunir, gracieusement, quelques-uns des plus grands chanteurs français à savoir le couple Dessay-Naouri, Mireille Delunsch, Ludovic Tézier, Béatrice Uria-Monzon et Jean-Pierre Furlan. Sur le papier, l’affiche semblait plus que prometteuse mais le concert fut finalement assez ennuyeux: les airs se sont succédés alors que l’on aurait pu espérer de savoureux duos, trios…



Le concert est divisé en deux parties: une première partie consacrée aux grands airs du répertoire italien et une seconde au répertoire français mais pas seulement lyrique.
Mireille Delunsch ne chante qu’un seul air, un extrait de Shéhérazade avec beaucoup de musicalité et d’élégance mais ce passage, noyé entre un extrait d’Hamlet et de Manon, refroidit un peu l’ambiance. Son français est bien plus compréhensible que d’habitude et ce long récitatif convient parfaitement à ses talents de diseuse: elle peut colorer sa voix de mille nuances et être encore plus expressive. Pourquoi n’a-t-elle pas plutôt chanté Violetta ou bien Antonia? voire un Mozart en cette saison…
Natalie Dessay se voit confier deux airs. Elle reprend le “e strano” de La Traviata déjà chanté fin avril lors du récital avec Rolando Villazon. Les progrès sont immenses et même si elle n’est pas toujours Violetta (et même si elle n’est pas prête de l’être) il est notable qu’elle a fait un réel travail sur la partition pour tenter de brosser un portrait de la demi-mondaine. Dans le début “ah fors’è lui”, elle hache volontairement les notes pour accentuer le côté poitrinaire du personnage qui a des difficultés pour respirer. Les notes sur “croce e delizia” ressemblent à des perles et si la voix est très belle, il y a un réel manque d’interprétation, sans parler du texte qu’elle recompose dans le “sempre libera”. L’ensemble est toutefois beaucoup plus habité, plus vivant que la dernière fois. Elle conclut également la partie lyrique de la soirée avec le grand air de Manon “je marche sur tous les chemins” qui semble, a priori, plus adapté à sa voix. Certes elle effectue toutes les notes (même certaines notes piquées aiguës qui ne sont pas dans la partition et qui sont d’un goût certain…) mais elle n’est pas vraiment non plus Manon. Les couleurs sont jolies sur “obéissons”, la dynamique est intéressante mais son personnage ne séduit pas vraiment.
Béatrice Uria-Monzon vient de se frotter au rôle difficile d’Eboli de Don Carlos à Toulouse. Elle reprend le fameux “O don fatale” ce soir avec un aplomb remarquable. Dès les premières notes, elle attaque en force et avec Myung-Whun Chung, ils se lancent dans une interprétation très agressive, très puissante de cet air. La première partie lui permet de sortir toute sa colère, toute sa hargne et elle crie presque ses notes. Toutefois elle sait se montrer enjôleuse dans la suite de l’air.


Jean-Pierre Furlan est un ténor bien connu des scènes provinciales mais peu des scènes parisiennes… et pour cause. Pour l’avoir souvent entendu à Reims ces dix dernières années, on ne peut que s’étonner à quel point son timbre s’est enlaidi, s’est métallisé, etc… Il a tout à fait les moyens vocaux pour aborder des rôles lourds mais avec une difficulté et un effort tout à fait palpables. Il ouvre le concert avec un duo de Don Carlos et malheureusement sa voix gâche un peu celle de Ludovic Tézier. Elle convient cependant au personnage de Carlos, très claire, souple. Dans Turandot, en revanche, il n’a pas été loin de se faire très mal dans le “Nessun dorma”: son interprétation est assez brouillon alors que l’orchestre est si lumineux, si beau.
Laurent Naouri nous gratifie d’un superbe “Credo” d’Otello. On croit réentendre ses Haendel, ses méchants dans Hoffmann… Il distille peu à peu son venin, tente de jouer un peu le personnage, susurre quelques mots “e poi, e poi”… tout en gardant une très grande force vocale et expressive. Les graves sont toujours aussi somptueux et il les utilise pour noircir encore plus Iago. Laurent Naouri n’est jamais aussi bon que dans les rôles de méchants!
Dans la seconde partie du concert il chante ”Sur les lagunes” des Nuits d’Eté de Berlioz avec une grâce et une élégance remarquables. Dans un français parfait, il donne un sens à chaque mot par des nuances, des inflexions, des fils de voix (“que mon sommeil”…), des tenues de notes à la fin des phrases,etc…
Ludovic Tézier chante le duo de Don Carlos avec Jean-Pierre Furlan et on ne peut pas véritablement juger de sa prestation. Autant se souvenir de ce qu’il a pu donner à Toulouse! en revanche il s’abandonne dans “Le vin dissipe la tristesse” d’Hamlet. Assez statique sur scène, il n’en est pas moins bouleversant: son chant est tout en nuances et peut à peu il devient angoissant, voire effrayant. Contrairement à Thomas Hampson qui souligne le début de folie du personnage, Ludovic Tézier en fait plutôt un homme assez mûr, presque machiavélique: il chante cet air faussement gai avec beaucoup de retenue et trouve des notes douces sur “coeur”, etc…
Ces chanteurs sont accompagnés par un ensemble de jeunes enfants les Polysons qui ouvrent le concert avec une chanson de Charles Trénet “Le Jardin extraordinaire” et qui le clôture avec “avec la garde montante” de Carmen. Le concert se termine donc un peu rapidement et on aurait pu apprécier quelques bis, voire un bis réunissant tous les chanteurs…le brindisi de La Traviata pour ne citer que lui!



Chaque intervention, ou presque, est un merveilleux moment de musique et les chanteurs ont véritablement donné le meilleur d’eux-mêmes. Le public fut très enthousiaste et a beaucoup applaudi mais on sort du Théâtre des Champs-Elysées un peu frustré, un peu dubitatif. Réunir de tels artistes auraient pu offrir un plus large choix de morceaux et peut-être est-on passé à côté d’une très grande soirée!




A noter:
- le prochain concert donné au profit de cette association aura lieu le 24 mai 2007 au Châtelet: au programme oeuvres orchestrales et airs d’opéras de Mozart.


Manon Ardouin

 

 

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