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Heureux comme un Apap

Paris
Maisons-Laffitte
05/12/2006 -   – et 13 (Yerres), 14 (Nanterre), 16* (Paris) et 18 (Abbaye de l’Epau) mai 2006
Johann Sebastian Bach : Partita pour violon n° 1, BWV 1002 (extraits)
Henryk Wieniawski : Légende, opus 17 – Scherzo-tarentelle, opus 16
Gioacchino Rossini : L’Italiana in Algeri (ouverture)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour violon n° 4, K. 218

Orchestre national d’Ile-de-France, Gilles Apap (violon et direction)


Voici quarante ans, le (John) «Kennedy français», c’était Jean Lecanuet; désormais, le (Nigel) «Kennedy français», c’est Gilles Apap. Sous le titre «Violon à la folie», l’Orchestre national d’Ile-de-France donne à cinq reprises une véritable carte blanche à ce musicien iconoclaste – «violon en folie» aurait donc mieux convenu – qui a fait salle comble lors de son étape parisienne Salle Gaveau.


Assis incognito derrière les violons puis se levant et se déplaçant vers le centre de la scène, Apap débute, comme à son habitude, par la Sarabande puis le Double de la Première partita (1720) de Bach, qu’il enchaîne sans interruption à trois reels irlandais, scandés du pied, puis par un bodhran (tambour traditionnel) joué par l’un des altistes, enfin par l’ensemble des cordes en pizzicato.


Le violoniste présente ensuite de façon délibérément vague et déjantée ce qui attend le public, sans omettre toutefois de donner au passage un coup de griffe aux «puristes». C’est d’abord une heureuse redécouverte, celle de deux morceaux de Wieniawski que l’on n’entend guère de nos jours, mais qui n’ont pourtant pas grand-chose à envier aux pièces comparables de Dvorak ou Saint-Saëns: la Légende (1859), à laquelle il confère, malgré quelques soucis d’intonation, un caractère délicieusement suranné, et le Scherzo-tarentelle (1855), où les traits et les aigus posent parfois problème. La transition entre les deux œuvres consiste en un entraînant détour par le folklore («entre Roumanie et bluegrass»), associant à nouveau le soliste et les cordes.


Pour conclure la première partie, c’est… une ouverture, celle de L’Italienne à Alger (1813): Apap livre l’orchestre à lui-même, mais sous la houlette de son violon solo Bernard Le Monnier, qui était déjà de fait aux commandes dans Wieniawski, la mise en place et l’esprit y sont parfaitement, même si l’équilibre entre les pupitres laisse quelque peu à désirer dans les passages forte.


Le Quatrième concerto (1775) de Mozart occupait à lui seul la seconde partie de la soirée. Il ne faut pas se leurrer sur la désinvolture apparente d’Apap, car son interprétation est exacte, et même gracieuse, à défaut d’être toujours précise, tant un tel plaisir de jouer convient à cette musique, culminant dans la cadence de l’Allegro initial, sidérante de vie et de liberté. Pour l’Andante cantabile, il s’assied derrière les musiciens, puis se déplace des cors vers les contrebasses, mais c’est dans la cadence du Rondeau final, par ailleurs truffé de malicieux clins d’œil, qu’il place son divertissement favori, plus long à lui tout seul que le reste du mouvement: transformer les thèmes de Mozart pour un tour du monde des musiques traditionnelles (Irlande, Roumanie, Etats-Unis, Inde, …) – au besoin en chantant ou en sifflant, ou bien accompagné des cordes de l’orchestre – qui s’achève sur une citation… du Concerto de Beethoven.


Les spectateurs en redemandent évidemment, mais les musiciens, qui ont adopté une tenue inhabituellement décontractée (robes et chemisiers aux couleurs vives pour les femmes, col ouvert pour les hommes), ne sont pas en reste, visiblement réjouis par cette collaboration qui sort des sentiers battus. Chacun prend donc plaisir à ce que ce court programme se prolonge par des bis: une «valse» légère mais pleine de surprises harmoniques et rythmiques, comme du Kreisler révisé par Chostakovitch, puis des emprunts aux folklores tzigane mais aussi américain, où les violons, portés par ces rythmes irrésistibles, finissent par se lever et par esquisser quelques pas de danse.


Le site de Gilles Apap



Simon Corley

 

 

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