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Où est le pouvoir ? Que veut le peuple ?

Paris
Opéra Bastille
05/03/2006 -  et 7, 11, 14, 16, 20, 23, 25, 28 mai, 1er juin 2006
Giuseppe Verdi : Simon Boccanegra
Carlos Alvarez (Simon Boccanegra), Ferrucio Furlanetto (Fiesco), Ana Maria Martinez (Maria Boccanegra), Franck Ferrari (Paolo Albiani), Gabriele Adorno (Stefano Secco), Nicolas Testé (Pietro), Jason Bridge (Un araldo)
Chœurs et Orchestre de l’Opéra National de Paris, Sylvain Cambreling (direction)
Johan Simons (mise en scène)


Opéra délaissé dans le corpus de Giuseppe Verdi, Simon Boccanegra aura du attendre la production événement de la Scala de Milan en 1971 (et donnée à Garnier en 1978) pour s’installer dans le répertoire (Deutsche Grammophon en a publié l’enregistrement). L’histoire quelque peu complexe n’aide pas, il est vrai, l’absence d’airs «célèbres» fait reculer les chanteurs qui veulent se mettre en avant, mais l’histoire de ce corsaire qui devient doge de Gènes un peu par hasard, puis ensuite essaye de défendre la paix (avec Venise, entre le peuple et les patriciens), fait preuve de clémence et de modération, constitue un rôle d’une grande richesse.


Homme de théâtre venant pour la première fois à l’opéra, le Néerlandais Johan Simons transpose l’action dans notre époque, et plus spécialement dans le champ politique : le doge Jacopo Fiesco, puis son successeur Simon Boccanegra, sont représentés sur la scène par une affiche électorale de 7 mètres par 3 posée sur un podium. Une porte permet d’entrer et de sortir de cette affiche, voici ce qui figurera leurs palais ; les murs de la scène sont, eux, recouverts d’un immense rideau de paillettes argentées. Ce n’est donc que cela le pouvoir : des images, un décor, des paillettes... Amusant clin d’œil ! Et le peuple, où est-il ? que veut-il ? Il porte Simon Boccanegra au pouvoir sans vraiment savoir pourquoi, le menace de mort puis, immédiatement après, s’incline devant lui (fin de l’acte I). Gérard Mortier, lui, est sûr de l’avoir trouvé : dans les manifestations anti-CPE, dont il agrémente les photos de son programme, du haut de son bureau de directeur au dernier étage de Bastille, ça y ressemble en effet. Pas sûr que Lionel Jospin, présent dans la salle, soit du même avis, lui qui, un certain 21 avril, en a manqué, de ce «peuple» insaisissable. Johan Simons, met très bien en lumière cette force, cette versatilité du peuple qui envahit le plateau - l’espace fermé du pouvoir et des apparences - par intermittence pour dire son mot, ou prendre acte. Clair, limpide, respectueux du texte, le travail de Simons est intéressant et de qualité. Cela ne l’aura pas empêché d’essuyer une véritable bronca lors des saluts, mais le public des premières siffle toujours le metteur en scène, alors. Chacun pourra se faire une idée : Arte diffuse le spectacle le 23 mai à 19h45.


Les chanteurs, par contre, ont recueilli des applaudissements nourris, et mérités. Le baryton Carlos Alvarez effectue une très belle prise de rôle en Boccanegra, la voix est solide, le timbre agréable. La basse Ferrucio Furlanetto impressionne par son aisance et sa sombre puissance, le ténor Stefano Secco campe un très vaillant Gabriele Adorno, tandis que le baryton Franck Ferrari déploie une belle voix, puissante et contrôlée, dans Paolo Albiani. La soprano Ana Maria Martinez bénéficie d'une voix lumineuse et agile qui lui permet de dominer les difficultés de son rôle. A la tête de l’Orchestre de l’Opéra, Sylvain Cambreling dirige avec netteté et efficacité, avec un peu de sécheresse aussi, mais le résultat final est très probant.





Philippe Herlin

 

 

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