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Toujours l’amour

Paris
Cité de la musique
04/19/2006 -  
Yan Maresz : Silhouettes
Hector Berlioz : Scène d’amour de «Roméo et Juliette», opus 17, H. 79
Richard Wagner : Siegfried-Idyll
Arnold Schönberg : Verklärte Nacht, opus 4

La Chambre philharmonique, Emmanuel Krivine (direction)


L’amour ne ferait-il plus recette? Sans doute faut-il plutôt attribuer à la seconde semaine de vacances scolaires une affluence assez décevante pour la suite du cycle «Figures du féminin» actuellement proposé par la Cité de la musique. La Chambre philharmonique offrait pourtant une belle soirée, déclinant différentes figures du sentiment amoureux, depuis le romantisme jusqu’à nos jours.


Yan Maresz (né en 1966) décrit en effet ses Silhouettes pour orchestre à cordes, créées la veille à Caen, comme un «hommage à la personne qui m’est la plus chère, […] celle qui partage ma vie». Malgré le titre – déjà exploité en son temps dans un tout autre esprit par Dvorak dans un recueil de pièces pour piano – la musique se fait plus anguleuse et hyperactive qu’allusive, en strates qui évoluent de façon antagoniste ou décalée, ces onze minutes d’une seul tenant appelant de ce fait une mise en place particulièrement exigeante.


La Scène d’amour extraite de Roméo et Juliette (1839) de Berlioz sur instruments d’époque et avec un effectif restreint (vingt-trois cordes, la formation donnant par ailleurs au cours de sa tournée les Métamorphoses de Strauss) trouve un équilibre interprétatif et acoustique significativement différent de nos habitudes d’écoute: tempo allant, transparence des textures, mais aussi une certaine raideur dans le discours.


Très travaillé et d’une grande subtilité, Siegfried-Idyll (1870) de Wagner bénéficie en revanche de davantage de souplesse et de respiration, même si la partie centrale se fait bien martiale. Le cor de David Guerrier s’impose avec bonheur, mais il y a lieu de se demander si, avec un hautbois visiblement difficile à jouer, dont la sonorité étranglée se fond mal avec les autres pupitres de bois, la fidélité aux instruments d’époque est toujours récompensée.


Dans La Nuit transfigurée (1899) de Schönberg, La Chambre philharmonique est réduite à dix-neuf cordes, de telle sorte qu’on se trouve ici quasiment à mi-chemin entre la version originale pour sextuor et l’adaptation pour grand orchestre à cordes. Cette solution intermédiaire ne fait pas particulièrement gagner en lisibilité, sauf peut-être dans la seconde partie, mais elle fait perdre en puissance, certaines parties n’étant tenues que par deux musiciens. Ici aussi, ce renoncement à l’opulence conditionne grandement l’approche de Krivine, vive (moins de vingt-huit minutes) et narrative, animée par un refus parfois excessif du pathos.


Ce programme un peu court est heureusement complété par un bis assez développé (sept minutes) qui constitue en même temps une trouvaille originale et un «prélude à la nuit»: Lullaby (1919) de Gershwin, une pièce de publication posthume, initialement écrite pour quatuor à cordes, au balancement délicat et au sens mélodique déjà typique du compositeur américain.



Simon Corley

 

 

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