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Ciels nocturnes

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/23/2006 -  et 24 mars 2006 (Toulouse)
Hector Berlioz : Les Nuits d’été, opus 7
Gustav Holst : Les Planètes, opus 32

Anna Caterina Antonacci (mezzo)
Chœur de Radio France, Ken-David Masur (chef de chœur invité), Orchestre national de France, Colin Davis (direction)


Il y a tout lieu de se réjouir que Colin Davis, déjà invité en janvier 2005, devienne un habitué de l’Orchestre national de France, puisque après ce concert consacré à deux des fleurons de son répertoire – son cher Berlioz et la musique anglaise – son retour est d’ores et déjà annoncé pour octobre prochain, où il dirigera à deux reprises Roméo et Juliette de Berlioz.


Et c’est une autre grande berliozienne, Anna Caterina Antonacci – la Cassandre de la production historique des Troyens présentée au Châtelet à l’automne 2003 – qui ouvrait la soirée, avec Les Nuits d’été (1841/1856), aux antipodes, tant vocalement qu’esthétiquement, de la prestation d’Anne Sofie von Otter en octobre dernier (voir ici). Sous réserve d’une diction qui rend souvent le texte difficile à comprendre, la mezzo italienne effectue une superbe démonstration de ses qualités: timbre régulier et parfaite justesse sur l’ensemble de la tessiture, émission puissante, même si un accompagnement aérien, fondé sur un effectif restreint (trente et une cordes), ne la contraint jamais à s’imposer en force. Elle ne s’en investit pas moins de façon extrêmement vivante, résolument opératique, dans ces six mélodies, conquérant une salle dont l’ovation se poursuit longtemps après le retour des lumières.


Quoi de mieux qu’une nuit d’été pour observer les planètes? En tout cas, c’est certainement à une conjonction astrale dans les cieux de la capitale que l’on doit, deux jours seulement après leur passage à l’Orchestre Colonne (voir ici), le retour des Planètes (1916) de Holst. Sir Colin a montré l’attachement tout particulier qu’il éprouve, comme bon nombre de ses collègues britanniques, pour cette œuvre, puisqu’il en a laissé deux enregistrements: en 1988 avec l’Orchestre philharmonique de Berlin, puis en 2002 avec l’Orchestre symphonique de Londres (voir ici), dont il est le chef principal et le futur président.


Pas radicalement différente de ces témoignages discographiques, son approche s’est toutefois quelque peu ralentie dans Mercure – plus inquiétant qu’à l’accoutumée, peut-être le dieu des voleurs davantage que le «messager ailé» évoqué par Holst – et de façon encore plus caractéristique dans Uranus, très retenu et appuyé. En revanche, il exploite à merveille le contraste liminaire entre un Mars incisif, brillant et rapide, plus éclatant que sombre, et une Vénus moelleuse, langoureuse et délicate à souhait. Puissant sans être pesant, Jupiter apparaît sans doute davantage comme le roi des dieux que comme «celui qui apporte la jovialité».


Davis assemble admirablement les différentes sections de Saturne, faisant progresser la noble sobriété de la déploration initiale vers un déferlement sonore qui se résout en une péroraison quasi parsifalienne. D’une belle qualité instrumentale, Neptune conclut de façon très fidèle aux indications de Holst, avec un véritable souci de faire jouer l’orchestre pianissimo durant toute la pièce et le placement du chœur de femmes hors de la vue des spectateurs, les voix s’estompant par la fermeture progressive de la porte communiquant avec la scène.


Contrairement au choix effectué par Yutaka Sado en 2002 (voir ici) et, surtout, à ce qu’indiquaient les notes de programme, Pluton de Colin Matthews, écrit en 2000 pour compléter la Suite de Holst par une huitième planète découverte après son achèvement, ne sera pas interprété: la moindre des politesses aurait quand même été d’en avertir le public par une annonce préalable.



Simon Corley

 

 

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