About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Millésime 1933

Paris
Maison de Radio France
02/15/2006 -  et 28 février 2006 (Montréal)
Krzysztof Penderecki : Quatuor n° 2
Santa Ratniece : Alvéoles (création)
Lasse Thoresen : Pyr Aionion (création française)
Ana Sokolovic : Blanc dominant (création française)
Raymond Murray Schafer : Quatuor n° 10 «Winter birds» (création)

Quatuor Molinari: Olga Ranzenhofer, Johannes Jansonnius (violon), Jasmine Schnarr (alto), Julie Trudeau (violoncelle)


1933, année de naissance de Krzysztof Penderecki, personnalité centrale de l’édition 2006 du Festival Présences, est aussi celle du peintre québécois Guido Molinari (disparu voici près de deux ans), dont un quatuor spécialisé dans le répertoire contemporain a emprunté le nom dès 1997, et de R. Murray Schafer, compositeur canadien auquel, précisément, ce quatuor s’est attaché depuis sa formation.


Tournant autour de cette année 1933 et offrant une pause dans une programmation largement symphonique, ce concert du Quatuor Molinari n’a pas rencontré le succès public des précédentes manifestations, mais le compositeur polonais, présent en première partie aux côtés d’Ivry Gitlis, n’en continue pas moins de recevoir des témoignages de sympathie de nombreux fidèles et se prête de bonne grâce à des demandes de dédicaces. Dans une production chambriste somme toute assez restreinte, son Second quatuor (1968), consciencieusement interprété par les musiciens québécois, tient, malgré sa brièveté (huit minutes), une place de choix: extrémiste et concentré, le discours ne cède pas à la tentation de pontifier qui gagnera Penderecki une décennie plus tard.


Alors que le quatuor est souvent présenté comme le genre «abstrait» par excellence, les quatre œuvres suivantes, données ici en première mondiale ou française, pouvaient pourtant se rattacher, quoique certes à des degrés divers, à la musique à programme. Si elle utilise dans Alvéoles (2005) certaines des techniques de son aîné polonais, la Lettone Santa Ratniece en tire de tout autres effets: non sans fraîcheur et naïveté, les dix minutes de cette pièce inspirée par… le miel partent du suraigu («transparent comme la fleur de miel») pour rejoindre très lentement des teintes plus sombres («comme le miel des forêts»).


En ces lendemains de Saint-Valentin, le Norvégien Lasse Thorresen (né en 1949) vise quant à lui, dans Pyr Aionion (1996), que l’on doit traduire par «feu éternel», à rendre «hommage à l’amour éternel». Cette ambition quasi scriabinienne n’en passe pas moins par une facture assez traditionnelle, fondée sur une mélodie populaire, jouant sur les ambiguïtés tonales, malgré le recours aux micro-intervalles, et refusant obstinément les ruptures. D’une durée de treize minutes, ce continuum sonore au langage hybride, après être passé par un pic d’intensité, s’achève sur une sorte d’engourdissement.


La seconde partie était consacrée à deux artistes canadiens. D’origine serbe, Ana Sokolovic (née en 1968) vit depuis 1992 à Montréal et c’est fort logiquement au Quatuor Molinari qu’elle a destiné Blanc dominant (1998), un thème et (sept) variations (un quart d’heure) dont chacune entre en correspondance avec un tableau de Molinari. Si le style géométrique du peintre québécois tient de Mondrian, Malevich ou Vasarely, la partition de Sokolovic se situe quelque part entre Bartok et Ligeti, d’un postmodernisme virtuose et ludique qui se joue des poncifs de l’écriture pour les cordes, mais qui, dans l’avant-dernière variation (intitulée elle-même Blanc dominant), sait également faire preuve d’une remarquable économie de moyens.


Des dix quatuors que Schafer a écrits depuis 1980, les Molinari en ont enregistré huit et sont étroitement associés aux quatre derniers. Ils offraient ici la création du Dixième quatuor (2005), dont les dix-sept minutes sont parfaitement résumées par son sous-titre, Winter birds, et explicitées par un bref texte (en anglais) que le premier violon lit à voix haute peu avant la conclusion. Animé par des préoccupations environnementales comme l’Australien Peter Sculthorpe, qui s’est d’ailleurs également beaucoup consacré au quatuor, Schafer décrit la nature qui entoure sa maison de l’Ontario par un nocturne lent, dépouillé et lyrique, dans lequel les imitations de cris d’oiseaux ou de bruits d’animaux, obtenues au besoin par des tapotements sur la caisse de résonance des instruments, sont à peine interrompues par un chaleureux choral, avant que ne reviennent le calme et la sérénité.


Le site du Quatuor Molinari



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com