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Dr. Krzysztof et Mr. Penderecki

Paris
Maison de Radio France
02/14/2006 -  
Krzysztof Penderecki : Threnos – Symphonie n° 5 (création française)
Matthias Pintscher : Reflections on Narcissus (création)

Truls Mork (violoncelle)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Au-delà des commentaires légitimes suscités sur par le choix de Penderecki comme figure centrale de sa seizième édition, Présences continue de rencontrer un remarquable succès public, à l’image de ce concert de l’Orchestre de Paris, qui marquait sa deuxième participation à ce festival alors même qu’il n’est pas encore tout à fait sorti de la première série de représentations de la Tétralogie qu’il donne par ailleurs au Châtelet.


Précédé d’un message relatif aux intermittents du spectacle lu par l’un des musiciens devant l’ensemble de ses collègues debout et assorti d’un «retard symbolique» d’un quart d’heure observé en signe de soutien à leurs revendications, le programme illustrait à merveille l’un des enjeux de Présences 2006, à savoir la métamorphose controversée du compositeur polonais, débutant par le Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima (1960), parfait témoignage de l’originalité radicale et de l’ambition d’un artiste qui parvient ici à s’affranchir non seulement du climat esthético-politique pesant de ce que l’on appelait alors les «pays de l’Est» mais aussi de la plupart des avant-gardes de l’époque. En à peine neuf minutes, tout est dit et si le propos, indépendamment de sa vocation commémorative, peut parfois paraître daté, c’est sans doute parce que ces techniques n’ont pas tardé à exercer une influence considérable et ont donc ensuite été abondamment imitées.


Trente ans plus tard, la Cinquième symphonie (1992) traduit l’évolution désormais bien connue de Penderecki vers une écriture plus traditionnelle, pour ne pas dire conventionnelle et massive, imprégnée de références au tragique de Mahler ou à l’ironie de Chostakovitch. En un unique mouvement de trente-trois minutes, la partition, donnée ici en création française, enchaîne sections sarcastiques en fugato et déplorations désolées. L’emphase est amplifiée par un effectif gigantesque (avec cor et cloches tubulaires derrière la scène ainsi que quatre trompettes dans la salle), que Christoph Eschenbach mène fort opportunément de façon cinglante, confirmant au passage l’excellence de la formation dont il est le directeur musical.


Entre-temps, l’infatigable Truls Mork avait donné la première de Reflections on Narcissus (2005) de Matthias Pintscher, un concerto pour violoncelle d’un seul tenant et d’une durée de trente-trois minutes, commande de l’Orchestre de Paris et de l’Opéra de Francfort. Défendu de longue date par Eschenbach, le jeune Allemand, qui a déjà écrit en 1992 une «allégorie sonore pour violoncelle principal et groupe instrumental» intitulée La Metamorfosi di Narciso, fait à nouveau valoir un style fondé sur les contrastes, aussi bien d’intensités que de registres ou de tempi, avec ses soudaines interjections, ses moments dont la violence et la densité évoquent Henze, mais aussi sa manière de tutoyer le silence. Le raffinement, l’hédonisme, le lyrisme et le goût pour les effets instrumentaux déjà perceptibles dans son concerto pour violon En sourdine (voir ici) sont également au rendez-vous, formant au total une pièce à la fois brillante, poétique et intense, dans laquelle la solidité du violoncelliste norvégien fait merveille, même s’il n’est pas toujours mis en valeur face à un orchestre très actif.


Le site de Penderecki aux éditions Schott

Le site de Pintscher aux éditions Bärenreiter



Simon Corley

 

 

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