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Parodies au cœur

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Maison de Radio France
12/11/2005 -  
Camille Saint-Saëns : Le Carnaval des animaux
Quai n° 5 interprète des arrangements de Stéphane Logerot

Jacques Gamblin (récitant)
Solistes de l’Orchestre national de France: Michel Moraguès (flûte), Patrick Messina (clarinette), Benjamin Estienne, Claire Hazera-Morand (violon), Noriko Inoue (alto), Pierre Vavasseur (violoncelle), Thomas Garoche (contrebasse), David Fray, Franz Michel (piano), Emmanuel Curt, François Desforges (percussion) – Quai n° 5: Stéphane Logerot (contrebasse), Jean-Marc Phillips-Varjabedian (violon), Vahan Mardirossian (piano), Jean-Luc Manca (accordéon), Paul Mindy (percussion)


Depuis 1998, Musique et santé se mobilise pour soulager avec des notes, tant que faire se peut, les enfants hospitalisés ou handicapés. C’est au bénéfice de cette association que des solistes de l’Orchestre national de France participaient à un concert dont on regrettera qu’il n’ait pas rempli davantage l’auditorium Olivier Messiaen.


En première partie, Le Carnaval des animaux (1886) de Saint-Saëns avait pourtant de quoi séduire, accompagné des textes loufoques et poétiques de Francis Blanche: si leurs calembours sont sans doute davantage destinés aux adultes, Jacques Gamblin, en maître de cérémonie rêveur et décalé faisant mine de pontifier, n’en met pas moins le jeune public – sage et prompt à participer – dans sa poche. Le visage maquillé de couleurs vives, les musiciens se prêtent au jeu avec bonne humeur: Michel Moraguès fait l’Aquarium à lui tout seul (avec en fond de scène, des éclairages bleutés et ondoyants), Patrick Messina s’attache à démontrer qu’il est mille et une façons de chanter les deux simples notes du Coucou au fond des bois, David Fray – le seul non issu des rangs de l’orchestre – et Franz Michel ratent soigneusement leurs gammes de Pianistes. Il faudra reprendre Tortues et le Finale pour des spectateurs ravis.


En seconde partie, Stéphane Logerot, contrebassiste au National, présentait quelques-uns de ses arrangements de compositeurs classiques, interprétés par Quai n° 5, l’ensemble qu’il a formé avec quatre musiciens (non membres du National). Au fil des quatorze numéros de son Carnaval, Saint-Saëns parodiait Offenbach, Berlioz, Rossini, des chansons enfantines et… Saint-Saëns. Toujours dans ce même registre – et avec des commentaires de Jean-Marc Phillips-Varjabedian, le violoniste du Trio Wanderer, dans l’esprit de ceux de Francis Blanche – les quatorze morceaux choisis par Quai n° 5, qui bénéficie (?) d’une sonorisation un peu envahissante, sont autant d’exercices de style en forme de clins d’œil aux grands noms de l’histoire de la musique en même temps qu’une invitation au voyage.


Bizet est ainsi mis à contribution pour une Balalaïkarmen klezmer et tzigane, tandis que Les Quatre saisons revues à l’irlandaise inspirent Vivaldistérique. Come Bach revisite l’Aria de la Troisième suite et Jésus que ma joie demeure, puis Le vilain Danube bleu s’intéresse non seulement au Danube straussien mais à son Sang viennois. Mozart et le tango? C’est la Quarantième rougissante, mais le Vingt-troisième concerto montrera ensuite des affinités imprévues avec Piazzolla (Milonga et Mozar(t)ella) et la Marche truc un potentiel yiddish et orientalisant assez inattendu. Dans Arpège jaune, la Sonate «Arpeggione» de Schubert s’accommode fort bien en bossa nova.


Aimez-vous Brahms? L’inévitable Andante con moto de la Troisième symphonie fait un détour par le jazz (Joe, Ann et Brahms), de même que Tchaïkovski (le mouvement lent de son Concerto pour violon) par l’Espagne (Sévillovski): entre deux «Olé!» d’une couleur locale résolument factice, le pianiste Vahan Mardirossian y révèle des talents de contrebassiste, tandis que Logerot, passé à la guitare, se distingue aussi à l’harmonica, dans un retour aux sources blues du Largo de la Symphonie du nouveau monde de Dvorak.


Habla espanol? Si, senor! Caliente pan, c’est donc… chaud pain, bien évidemment, derrière lequel se profile l’un des Préludes du compositeur polonais. Entre-temps, le Fax à Héloïse recycle de façon délicieusement nonchalante la pièce de Beethoven. Dans Après un raid, la mélodie de Fauré (Après un rêve) lutte contre la mécanique implacable du Libertango de Piazzolla.


Les puristes des deux bords n’y trouveront peut-être pas leur compte, tant pis pour eux, mais force est au moins de reconnaître l’excellence technique de Quai n° 5 – aux trois déjà cités se joignent l’accordéoniste Jean-Luc Manca et le percussionniste Paul Mindy. C’est ce que confirme en bis une étourdissante transcription de la Danse du sabre de Khatchaturian, «pour saluer les 1,5 Arméniens du groupe», qui avait auparavant donné sa chanson titre Quai n° 5, rythmée par le lancinant Allegretto de la Septième de Beethoven (auquel vient se mêler le début de la Cinquième).


Le site de Musique et santé



Simon Corley

 

 

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