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De la Sonate au Concert

Strasbourg
Eglise du Bouclier
11/18/2005 -  
Jean Sébastien Bach : Six concerts en trio, pour divers instruments , d’après les Six Sonates pour orgue BWV 525-530
Le Parlement de Musique : François Nicolet (flûte), Stéphanie Pfister et Gilone Gaubert-Jacques (violons), Emilia Gliozzi (violoncelle), Benoit Vanden Bemden (contrebasse), Martin Bauer (viole), Aline Zylberajch (clavecin), Martin Gester (orgue et clavecin).

L’écriture polyphonique de Bach a toujours stimulé l’imagination des transcripteurs et orchestrateurs, a fortiori quand il s’agit d’œuvres initialement sans aucune destination instrumentale claire (L’Art de la Fugue), mais aussi pour nombre de pièces destinées clairement à l’orgue ou au clavier, qui ont ainsi bénéficié d’«élargissements» pour les formations les plus diverses, parfois sous la plume de musiciens prestigieux. A commencer par Mozart, qui instrumenta pour trio à cordes un certain nombre de partitions découvertes chez le Baron van Swieten, dont, déjà, certains mouvements des Sonates en trio pour orgue.


D’origine composite, et pour l’essentiel à vocation pédagogique (pour des élèves d’un très haut niveau technique, cela dit), ces Sonates en trio pour orgue se prêtent tout particulièrement à cet exercice, car assez fortement influencés par la sonate de chambre italienne voire l’univers du concerto à plusieurs solistes. Nombre de mouvements sont du reste la réduction pour l’orgue de compositions instrumentales de Bach plus anciennes, souvent perdues mais parfois aisément identifiables. De quoi donner encore davantage de légitimité aujourd’hui à un travail de transcription qui consiste à redistribuer les lignes de la polyphonie à un effectif instrumental plus ou moins fourni et varié, en s’amusant à créer toutes sortes d’ambiances inédites.


Martin Gester ne s’en cache pas : cette initiative du Parlement de Musique n’a valeur que de proposition subjective. Le propos est ludique, parfois décoratif, certainement pas gratuit : les textes sont revisités, explicités avec plus ou moins de bonheur, mais toujours dans une remarquable orthodoxie stylistique. Par rapport à l’orgue, qui fait dialoguer toutes les lignes à armes égales, la polyphonie se retrouve évidemment pondérée ici par de multiples coefficients : timbres de couleur variable, expressivité plus ou moins chaleureuse de l’instrument choisi, voire musicalité différente de chaque interprète.


C’est sur ce dernier point que l’on avoue rester sceptique. Autant dans la Sonate BWV 525 (flûte, violon, violoncelle, clavecin) que dans la BWV 527 (violon et orgue positif) le jeu fragile des deux violonistes semble privilégier le mouvement d’ensemble au détriment d’une énonciation claire du texte. Cela peut passer assez bien dans les mouvements rapides, mais laisse une désagréable impression de flottement dans les mouvements lents, surtout dans la très longue phrase Adagio e dolce de la BWV 527, ici davantage essoufflée qu’habitée. En revanche, en fin de concert, les longs échanges mélodiques entre les deux violons de la BWV 526 (2 violons, violoncelle, contrebasse, clavecin et orgue positif) sont d’une belle vivacité, par les deux mêmes interprètes pourtant.


Séduction totale en revanche pour le traitement concertant d’une agréable couleur italienne de la Sonate BWV 530 (flûte, violon, viole, violoncelle, contrebasse et clavecin), dont un mouvement sera d’ailleurs proposé en bis de fin de concert dans une formation encore plus fournie, réunissant tous les solistes de la soirée. Fort joli traitement aussi de la BWV 528 en Sonate pour viole de gambe et clavecin, où l’on peut apprécier tant le jeu expressif de Martin Bauer que l’accompagnement souple et sensible d’Aline Zylberajch. Sans oublier les échanges savoureux entre ce clavecin finement coloré et l’orgue positif tenu par Martin Gester, qui dynamisent la lumineuse mais parfois plus convenue BWV 529.


En quelque sorte un concert gourmand, à déguster comme une série de friandises inédites, l’élévation d’inspiration de la musique de Bach préservant de toute façon la soirée de toute futilité. Appréciable également, le cadre adéquat de l’Eglise protestante du Bouclier, si discrètement nichée en bordure du quartier historique de la Petite France que beaucoup de strasbourgeois n’en connaissent pas l’existence. Un bâtiment sans grande séduction, encore que l’austérité en serait sans doute valorisée et adoucie par quelques bons coups de peinture blanche, mais dont l’acoustique pas trop réverbérée se révèle agréable.



Laurent Barthel

 

 

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