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Pan!

Paris
Cité de la musique
11/05/2005 -  
Anton Reicha : Quatuor scientifique (extraits)
Joseph Haydn : Quatuor n° 35, opus 20 n° 5
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 17 «La Chasse», K. 458
George Onslow : Quintette n° 15 «De la balle», opus 38

Quatuor Turner: Alessandro Moccia, Ilaria Cusano (violon), Jean-Philippe Vasseur (alto), Ageet Zweistra (violoncelle) – Philippe Muller (violoncelle)


L’automne étant la saison de la chasse, il n’est donc pas étonnant que ce soit autour du Quinzième quintette «De la balle» de George Onslow – seul Français, hormis Dusapin, admis au festin de cette biennale «Quatuors à cordes» de la Cité de la musique – que le Quatuor Turner ait conçu un programme à la fois original et astucieux: chacune des deux pages d’Anton Reicha, le maître d’Onslow, était en effet suivie d’un quatuor signé de celui qui l’avait inspirée, à savoir respectivement Haydn et Mozart, celui de ce dernier, née de l’exemple du «père du quatuor», lui étant en outre dédiée.


Second parti pris intéressant de ce concert, tenu dans le cadre plus intime de l’Amphithéâtre, les musiciens, par ailleurs membres de l’Orchestre des Champs-Elysées de Philippe Herreweghe et disposés de façon assez inhabituelle (premier et second violons au premier plan, encadrant violoncelle et alto), tiraient parti de la richesse des collections du Musée de la musique, faisant ainsi revivre quatre productions excellemment conservées de la lutherie française des années 1820-1840.


L’étonnant Quatuor scientifique (1806) de Reicha ne comprend pas moins de douze mouvements, dont huit sont des fugues, et s’apparente de ce fait davantage à un recueil à visée théorique qu’à une quatuor classique. D’abord destinées à un recueil pour piano dédié à Haydn, les deux fugues sur des thèmes de Haydn et de Mozart, formant respectivement les onzième et septième mouvements de l’œuvre, sont successivement fondées sur le thème initial des premiers mouvements du Trente-cinquième quatuor (Cinquième de l’opus 20) – lequel s’achève d’ailleurs par une fugue – et de la Trente-cinquième symphonie «Haffner». Moins sage que la première, la seconde de ces fugues frappe par des modulations inattendues qui, liées à la familiarité du sujet utilisé, produisent un effet étrange.


Dans le Trente-cinquième quatuor (1772) de Haydn, les Turner manquent d’amplitude tant dans les nuances que dans les dynamiques, mais mettent en valeur la belle rondeur des timbres des instruments qui leur sont prêtés pour l’occasion, même si Jean-Philippe Vasseur fait comprendre, par ses mimiques aussi plaisantes qu’expressives, que son alto lui donne de la corde à retordre.


Faute bien entendu de pouvoir jouer la Symphonie «Haffner», ils avaient fort judicieusement choisi de mettre en regard de la pièce de Reicha le Dix-septième quatuor (1784) de Mozart, l’un des six dédiés à Haydn, adressant en même temps un clin d’œil, par son sous-titre (La Chasse), au Quintette d’Onslow. Ne manquant ni d’allant ni d’engagement, l’interprétation demeure toutefois lisse et sans surprise.


Renforcé par Philippe Muller (sur un violoncelle de 1862 issu d’une collection particulière), le Quatuor Turner conclut par ce fameux Quinzième quintette (1829) d’Onslow, dont la composition prit un tour nouveau après le grave accident dont le compositeur clermontois d’origine britannique fut victime à l’occasion d’une chasse au sanglier, alors qu’il venait d’en achever le premier mouvement. Puisque l’on parle parfois à son propos de «Beethoven français», ce qui n’est d’ailleurs pas nécessairement lui rendre service même s’il souffrit, lui aussi, de troubles de l’ouïe précisément consécutifs à cet accident, les trois mouvements suivants, intitulés Dolore, Convalescenza et Guarigione s’inscrivent dans une approche programmatique qui semble tout droit venue de la Sonate «Les Adieux».


Mais si Schubert venait d’achever son ultime Quintette à deux violoncelles tandis que Beethoven avait inséré quatre ans plus tôt dans son Quinzième quatuor un Chant de reconnaissance offert à la Divinité par un convalescent, la musique, jamais complaisante et souvent inspirée, notamment un Minuetto qui tient bien plus d’un Scherzo (avec Trio marqué Fièvre et délire, évoque davantage Mendelssohn, d’autant qu’elle est abordée ici avec toute la fougue requise et servie en outre par les superbes interventions de Muller.



Simon Corley

 

 

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