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L’attraction Blancafort

Paris
Salle Gaveau
09/30/2005 -  
Franz Schubert : Sonate n° 23, D. 960
Manuel Blancafort : El Parc d’atraccions
Fritz Kreisler : Liebesleid – Liebesfreud (arrangements Rachmaninov)

Julia Riabova (piano)


Pianiste russe âgée de vingt-neuf ans, désormais établie à Paris, Julia Riabova avait pris le risque de débuter son récital par la Vingt-troisième sonate (1828) de Schubert. Et quel risque que de se lancer ainsi à froid dans cette ultime sonate où il est décidément impossible de mentir! Est-ce le trac face à une salle pourtant bien intentionnée? Toujours est-il qu’on aura rarement entendu le vaste Molto moderato initial – au demeurant amputé de sa reprise – aussi prosaïque, banal et anodin, dépourvu de portée, desservi par un jeu à l’ambitus dynamique réduit et au toucher peu varié, peinant à faire ressortir clairement les voix et ne tirant du Yamaha que des sonorités bien ternes. La suite du voyage se révèle heureusement un petit peu plus encourageante: l’Andante sostenuto est abordé avec davantage d’ampleur et de poésie, même si ses couplets en majeur retombent dans les travers du premier mouvement. Le Scherzo continue de minimiser la portée du propos, comme si l’on était ici en présence de Diabelli ou de Czerny. Sautillant et minaudant du bout des doigts, l’Allegro ma non troppo manque de cohérence, souffrant notamment d’un tempo par trop instable.


La seconde partie fournissait l’occasion d’une intéressante découverte, celle de Manuel Blancafort (1897-1987), venu, comme son ami et compatriote catalan Mompou, étudier à Paris, où il acquit la célébrité lorsque Ricardo Vines créa Le Parc d’attractions (1924). Cette suite de six pièces brèves d’une durée totale d’un peu plus de vingt minutes – à ne pas confondre avec Parc d’attractions – Paris 1937, recueil collectif auquel contribuèrent quelques années plus tard Halffter, Harsanyi, Honegger, Martinu, Mihalovici, Mompou, Rieti, Tansman et Tcherepnine à l’occasion de l’Exposition internationale – s’inscrit dans une époque prônant une certaine simplicité, sous l’influence de Satie et du Groupe des Six, dont on reconnaît ici ou là le langage polytonal. Ayant parfaitement assimilé Debussy et Ravel – Polka de l’équilibriste et Près du dancing apparaissent comme des descendants de Golliwogg’s cakewalk ou de General Lavine–eccentric – Blancafort y apporte cependant une touche très personnelle, moins elliptique et plus brillante que Mompou, mais pleine de nostalgie, d’une feinte naïveté, bien plus allusive et intimiste que descriptive.


C’est exactement à la même époque (respectivement 1921 et 1925) que Rachmaninov adapta deux des plus célèbres miniatures de Kreisler, Liebesleid et Liebesfreud: bien dans la manière des virtuoses compositeurs, les mélodies originales sont enrichies au point d’être étouffées par des lianes d’arabesques, d’ornementations et d’harmonies recherchées, mais Julia Riabova s’y attaque avec panache, montrant enfin dans cette seconde partie qu’elle sait user de la couleur et des contrastes.


Trois bis complètent la soirée: le Treizième prélude (1839) de Chopin, lent mais sans affectation, puis le célèbre Prélude en ut dièse mineur, deuxième des cinq Pièces de fantaisie (1892) de Rachmaninov, monumental sans excès, et enfin le retour de la Polka de l’équilibriste de Blancafort.


Le site de la Salle Gaveau



Simon Corley

 

 

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