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Chaplin sous les feux de la rampe

Paris
Orangerie de Bagatelle
07/12/2005 -  
Emmanuel Chabrier : Pièces pittoresques (extraits)
Claude Debussy : Images (Second livre) – Etudes, Premier et Second livres (extraits)
Frédéric Chopin : Etudes, opus 10 n° 10 et 12, et opus 25 n° 1 – Nocturnes, opus 55 – Mazurkas, opus 50 – Ballade n° 3, opus 47
Alexandre Scriabine : Sonate n° 4, opus 30

François Chaplin (piano)


Dans le cadre du Festival Chopin, le programme choisi par François Chaplin, centré sur Chopin et Debussy, s’attachait en outre à établir des correspondances entre chacun de ces compositeurs avec Chabrier, d’une part, et Scriabine, d’autre part.


Car si dans Improvisation, l’influence de Chopin, mais aussi de Schumann, est encore perceptible, Sous-bois annonce déjà Debussy, tandis que la Danse villageoise illustre un autre aspect de la personnalité de Chabrier, qui ravissait Ravel ou Poulenc. Dans ces trois extraits des Pièces pittoresques (1881), Chaplin impose d’emblée une manière sans complaisance, objective autant que fantasque, où le flou de la main gauche est équilibré par une main droite très articulée, encore qu’un excès de pédale entretienne parfois une certaine confusion.


Le pianiste français s’est fait, cette saison, une spécialité de l’intégrale de l’œuvre de Debussy, qu’il a donnée en trois soirées l’automne dernier au Musée d’Orsay et dont il vient tout juste d’achever l’enregistrement chez Arion. Le Second livre (1907) des Images bénéficie d’une approche mesurée mais non sans mélancolie (Cloches à travers les feuilles), pas exclusivement soucieuse de la séduction des couleurs (Et la lune descend sur le temple qui fut), refusant la facilité des sonorités cotonneuses trop souvent de mise dans ce répertoire, mais sans verser pour autant dans une précision analytique (Poissons d’or).


Comme les Etudes constituent le fil rouge de cette édition du Festival Chopin, le parti pris consistant, avant l’entracte, à en «croiser» six – trois de Chopin (1831/1836) et trois de Debussy (1915) – s’accommodait astucieusement de cette «figure obligée», mais si la première couple – Première de l’opus 25 (1836) et Pour les arpèges composés – était fondée sur le travail d’une même difficulté technique, les deux autres rapprochements – respectivement Dixième et Douzième («Révolutionnaire») de l’opus 10, d’une part, Pour les sixtes et Pour les accords, d’autre part – semblaient plus subjectifs. Cela étant, Chaplin livre un Chopin à la mélodie nettement soulignée en même temps qu’assortie d’un important rubato, mais un Debussy plus imprévisible, quasi improvisé, tour à tour fluide et impulsif.


En seconde partie, avec la tombée du jour, la lueur des bougies appelait évidemment des Nocturnes, mais en choisissant les deux, relativement atypiques, de l’opus 55 (1843), Chaplin, privilégiant des éclairages fluctuants et suggérant ici ou là Fauré, ne fera pas la moindre concession aux clichés sirupeux. Après les trois Mazurkas de l’opus 50 (1842), altières et heurtées plus que gracieuses ou charmeuses, la Troisième ballade (1841), dans un registre narratif, procédant par épisodes successifs, conclut de façon particulièrement convaincante ce mini-récital Chopin.


La durée, la liberté formelle et l’esprit de la Quatrième sonate (1903) de Scriabine s’inscrivent bien dans la descendance de cette Ballade, même si le langage et l’écriture du Russe ont alors déjà largement rompu avec Chopin. Se faisant plus expansif, Chaplin met en valeur l’exaltation progressive traduisant l’avancée vers cette «étoile éloignée» que décrit le poème associé à ce diptyque.


En bis, il offre un Adagio très épuré de la Seizième sonate (K. 570) (1789) de Mozart, puis la première des Mazurkas de l’opus 24 (1835), que l’on pourra entendre intégralement sous les doigts d’Eugen Indjic dès le 14 juillet pour le concert de clôture.



Simon Corley

 

 

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