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(K)ar(it)abella

Paris
Théâtre du Châtelet
05/19/2005 -  et 22, 25, 28 et 31 mai 2005
Richard Strauss : Arabella

Karita Mattila (Arabella), Andrew Greenan (Comte Waldner), Rosalind Plowright (Adelaide), Barbara Bonney (Zdenka), Thomas Hampson (Mandryka), Stephan Rügamer (Matteo), Will Hartmann (Comte Elemer), Robin Adams (Comte Dominik), Nicolas Courjal (Comte Lamoral), Chantal Perraud (Milli), Doris Lamprecht (Une cartomancienne), Jean-Michel Ankaoua (Welko), Jean-Yves Ravoux (Un garçon d’étage)
Chœur du Théâtre du Châtelet, Christophe Talmont (chef de chœur), Orchestre Philharmonia, Günter Neuhold (direction musicale)
Peter Mussbach (mise en scène), Erich Wonder (décors), Andrea Schmidt-Futterer (costumes), Alexander Koppelmann (lumières), Axel Bott (dramaturgie)


Le Théâtre du Châtelet joue décidément de malchance, mais il n’en parvient pas moins à maintenir contre vents et marées des spectacles d’une qualité artistique remarquable: après le forfait de l’Orchestre philharmonique de Radio France pour Les Bassarides de Henze le mois dernier (voir ici), Christoph von Dohnanyi, qui devait diriger Arabella (1933) à cinq reprises, a été contraint, alors que les répétitions étaient bien avancées, de rejoindre Hambourg pour raisons de santé. Le chef allemand, attendu par ailleurs pour la nouvelle production d’Elektra à Bastille à compter du 18 juin, est remplacé par Günter Neuhold (1), intervenant quasiment au pied levé et bien que déjà à l’œuvre à Strasbourg (Opéra du Rhin) pour Lulu de Berg, qui y sera présenté à partir du 10 juin.


Même s’il intervient ici de manière fortuite et incidente, le rapprochement avec l’opéra de Berg, exactement contemporain de celui de Strauss, n’est pas incongru s’agissant de cette coproduction avec Covent Garden, donnée six fois en avril 2002 à Paris (voir ici), car le metteur en scène Peter Mussbach a opté pour une transposition chronologique de l’intrigue de Hofmannsthal qui, sans outrance ni outrages, en respecte pleinement l’esprit tout en mettant l’accent sur la satire sociale et l’éternel carnaval des vanités. Mis en valeur par les clairs-obscurs que créent les lumières d’Alexander Koppelmann, le décor unique d’Erich Wonder situe l’action dans les volumes spacieux d’un palace postmoderne looké à la Starck, autour d’escaliers (mécaniques) offrant une infinité de jeux de scène dont tire parti une direction d’acteurs fine et parfaitement accordée à la partition. Cet univers brillant et factice accueille des prétendants façon dandys bobos à catogan ou cheveux longs et se peuple, pour le bal du deuxième acte – fête baroque où l’on boit le champagne à la paille, conduite par une Milli hip hop et un groom breakdancer – d’une faune équivoque et costumée, aux évolutions ralenties et solitaires.


Si elle avait dû annuler sa participation à la première voici trois ans, Karita Mattila aura dominé celle-ci de part en part. En Arabella plus joueuse (et maîtresse de ce jeu) qu’ingénue, elle rayonne tout au long de la soirée: à une perfection technique sur l’ensemble de la tessiture, elle joint en effet un timbre velouté, des phrasés naturels et une présence impressionnante. Le Mandryka truculent mais vocalement raffiné de Thomas Hampson ne le lui cède en rien, ne serait-ce un registre grave qui passe moins facilement l’orchestre.


Barbara Bonney (Zdenka) peine parfois dans l’aigu, surtout au premier acte, mais s’impose toutefois dans une composition très crédible de garçon manqué. Du côté des parents, Andrew Greenan manque un peu de coffre tandis que Rosalind Plowright s’affirme par son autorité et sa puissance. Parmi les soupirants d’Arabella, le Matteo souple et lyrique de Stephan Rügamer se détache naturellement, mais Will Hartmann (Elemer) se montre tout à fait convaincant et Nicolas Courjal (Lamoral) révèle une belle voix de basse. Enfin, Chantal Perraud se sort plus qu’honorablement des acrobaties du rôle de Milli. Dans la fosse, Neuhold, compte tenu des circonstances, mène le navire à bon port: non seulement la mise en place s’améliorera sans nul doute au fil des représentations, mais le Philharmonia sonne d’ores et déjà fort bien tout en ne se faisant point trop envahissant.


(1) C’est en revanche Andrew Davis qui assurera le concert de l’Orchestre Philharmonia le 22 mai dans des œuvres de Sibelius, R. Strauss et Beethoven, avec la soprano finlandaise Soile Isokoski.



Simon Corley

 

 

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