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Vérité en deçà des Pyrénées, vérité au-delà

Paris
Cité de la musique
04/29/2005 -  
Joaquin Turina : Danzas fantasticas, opus 22
Manuel de Falla : Noches en los jardines de Espana – La Vida breve (Intermezzo et Danse espagnole n° 1)
Maurice Ravel : Alborada del gracioso – Boléro

Josep Colom (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Josep Pons (direction)


Entamée avec une évocation de l’influence allemande (voir ici), la première partie du cycle «La France en quête d’identité» proposé depuis quinze jours par la Cité de la musique – qui sera prolongé jusqu’au 4 mai par trois concerts sur le thème «France Allemagne aujourd’hui» – s’achevait avec l’Espagne. Relation moins conflictuelle et plus équilibrée, comme si ce pays, loin des espagnolades simplettes apparues à la fin du XIXe siècle, avait été, pour les compositeurs français (Lalo, Bizet, Chabrier, Debussy, Ravel, Ibert …), ce que l’Italie fut longtemps à l’égard de l’Allemagne, ce pays rêvé «où fleurissent les citronniers». Vérité en deçà des Pyrénées, vérité au-delà, car Paris a en même temps accueilli toute l’élite ibérique, qu’il s’agisse de Granados (1887-1889), Albéniz (1894-1900), Falla (1907-1914), Turina (1903-1914), Mompou (1911-1914 et 1921-1941) ou Rodrigo (1927-1936), sans compter des interprètes tels que Ricardo Vines: dédicataire des Nuits dans les jardins d’Espagne de Falla et créateur des Miroirs de Ravel, le pianiste catalan était d’ailleurs quasiment le «fil rouge» de ce programme de l’Orchestre philharmonique de Radio France.


Dans les trois Danses fantastiques (1919) de Turina, les figures obligées de l’hispanisme sont passées au filtre d’une instrumentation d’esprit français, certes plus proche de d’Indy ou de Dukas que de Debussy ou de Ravel, même si Josep Pons, chef principal de l’Orchestre national d’Espagne depuis 2003, privilégiant une certaine emphase du discours, suggère aussi, par des sonorités capiteuses, un rapprochement avec une esthétique plus straussienne. Pour les Nuits dans les jardins d’Espagne (1915), Pons retrouve Josep Colom, avec lequel il a enregistré l’œuvre en 1996: le piano se montre nettement plus subtil et poétique que l’orchestre, certes animé par une indéniable énergie, mais dispensant, entre décalages et imprécisions, une vision hollywoodienne, à la fois dramatique, opulente et bruyante, de la partition.


Plus éparpillée, la seconde partie de cette soirée débutait par des extraits symphoniques de La Vie brève (1905) de Falla, l’Intermezzo, dont ressort un wagnérisme quelque peu inattendu, précédant la Danse espagnole n° 1, bien enlevée mais assez carrée. Ecrit la même année (mais orchestré en 1918), l’Alborada del gracioso de Ravel fut efficacement restitué, quoique non sans raideur. Plus espagnol par son nom que par son propos, Boléro (1928), retrouve, grâce aux phrasés souples et sensuels de Pons, un caractère de danse, même s’il tient ici davantage de la jubilation festive que de l’implacable incantation, d’autant qu’ayant démarré trop fort – mais il est vrai que l’acoustique de la Grande salle y est sans doute pour beaucoup – l’effet de progression s’en trouve quelque peu amoindri.


Après avoir remplacé in extremis Emmanuel Krivine à la tête de l’Orchestre national de France en décembre dernier (voir ici), Pons a visiblement su établir un contact plus chaleureux avec l’Orchestre philharmonique de Radio France. Si les musiciens ne se sont pas toujours montrés au mieux de leur forme, il n’en faut pas moins saluer l’arrivée au poste de premier violon solo, aux côtés d’Elisabeth Balmas et d’Hélène Collerette, de Svetlin Roussev (vingt-neuf ans), troisième grand prix au Concours Long-Thibaud 1999, qui était violon solo de l’Orchestre de chambre d’Auvergne depuis 2000.



Simon Corley

 

 

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