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L’infatigable Monsieur Walter

Paris
Maison de Radio France
03/20/2005 -  
Ernest Chausson : Poème, opus 25 – Concert, opus 21 (arrangements David Walter)
Maurice Ravel : Tzigane (arrangement David Walter)
Guillaume Lekeu : Adagio, opus 3

Giovanni Bellucci (piano)
Orchestre royal de chambre de Wallonie, Augustin Dumay (violon et direction)


La dernière des trois journées de «Figures françaises» organisées par Radio France présentait d’abord Chausson, Lekeu et Ravel: choix surprenant, à première vue, pour des week-ends d’ordinaire plus aventureux. Mais voilà, l’infatigable arrangeur qu’est David Walter était passé par là, de telle sorte que trois des quatre œuvres de ce concert étaient proposées dans des versions tout à fait inhabituelles.


C’est ainsi que le Poème (1896) de Chausson se trouvait réduit pour orchestre à cordes: travail remarquable, dont on peut parier qu’il va s’installer au répertoire, restituant la densité de l’instrumentation originale – particulièrement grâce au rôle confié à un quatuor concertant, qui autorise de multiples combinaisons avec les treize autres cordes – et accentuant le caractère intimiste de la partition. A la tête de l’Orchestre royal de chambre de Wallonie (en résidence à Mons), dont il est le chef principal depuis 2003, Augustin Dumay, sans excès «fin de siècle», démontre, par sa noblesse et son sens de la respiration, qu’il est chaque instant dans son élément.


Seule échappée dans un paysage résolument franckiste, Tzigane (1924) de Ravel associe une harpe aux dix-sept cordes. Aussi habile soit-elle, cette adaptation n’a évidemment pas pour ambition d’éclipser l’orchestration du compositeur, sachant au demeurant que l’accompagnement n’intervient qu’après la longue cadence introductive. Aussi rauque et extraverti qu’il se révélait subtil et intériorisé dans le Poème, le violon de Dumay change ici radicalement de style et de timbre.


Dans le Concert (1891) – que Chausson dédicaça, comme son Poème, à Eugène Ysaÿe – l’intervention de David Walter est d’une toute autre nature, puisqu’il ne s’agit plus de réduire un orchestre symphonique, mais d’agrandir un quatuor en orchestre à cordes. Même si la pratique est assez courante, notamment avec les quatuors de Beethoven ou Chostakovitch, il ne se contente pas de compléter le texte par une ligne de contrebasse. Du Concert au concerto, la frontière devient ainsi poreuse, tandis que le triplement des cordes – chacun l’aura évidemment pressenti – accentue l’ampleur du propos et produit une sonorité plus charnue qu’éthérée. Démontrant par ailleurs une capacité étonnante à faire patte de velours et à soigner les finitions, Giovanni Bellucci se sent donc sans doute parfois contraint d’appuyer pour que sa partie de piano ressorte mieux. De son violon, Dumay mène l’ensemble avec vigueur et expansivité. Le pianiste italien donne en bis l’inévitable Nocturne en ut dièse mineur (1830) de Chopin, marqué par un tempo allant et par un épisode central étrangement voilé, presque étouffé, comme un écho d’une musique lointaine.


Concluant un programme qui aurait pu s’achever plus logiquement par Tzigane ou même par le Concert, l’Adagio (1891) de Lekeu – exactement contemporain du Concert mais dont la richesse contrapuntique, la tonalité (ut mineur) et le climat évoquent les Métamorphoses de Strauss – permettait il est vrai de mettre enfin en valeur les qualités de l’Orchestre royal de chambre de Wallonie: avec cet hommage d’un de ses compatriotes à César Franck – natif de Liège, comme Ysaÿe – disparu quelques mois plus tôt (novembre 1890), la formation belge a fort opportunément marqué sa venue à Paris.



Simon Corley

 

 

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