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Eschenbach retourne au conservatoire

Paris
Théâtre Mogador
03/05/2005 -  
Mikhaïl Glinka : Ruslan i Lyudmila (Ouverture)
Maurice Ravel : Concerto en sol
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 5, opus 64

David Fray (piano)
Orchestre du Conservatoire (CNSMDP) de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Depuis 2003, l’Orchestre de Paris, qui n’oublie pas qu’il est le descendant direct de la Société des concerts du Conservatoire, associe, tout au long de sa saison, les deux conservatoires nationaux de la capitale – Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMDP) et Conservatoire national de région (CNR) – à différentes actions. C’est ainsi que l’on retrouve régulièrement des stagiaires au sein de l’orchestre, tandis que des étudiants se voient offrir l’occasion de se produire à Mogador en solo ou en formation de chambre, que ce soit à l’heure du déjeuner, en avant concert ou parfois même le soir, toutes manifestations pour lesquelles le public bénéficie d’une entrée libre.


Il n’est donc pas surprenant de compter cette année le directeur musical de l’Orchestre de Paris parmi les chefs invités de l’Orchestre du CNSMDP, aux côtés de Heinz Holliger (voir ici), Reinbert de Leeuw ou Oswald Sallaberger (voir ici).


Toujours aussi périlleuse pour débuter une soirée, l’Ouverture de Rouslan et Ludmilla (1842) ne démonte nullement les jeunes musiciens, bien au contraire, les dix-huit premiers violons aussi bien que les douze violoncelles faisant preuve d’une homogénéité remarquable, tandis que les cuivres délivrent des attaques parfaitement précises. On en regrette d’autant plus la disparition inopinée des extraits symphoniques du quatrième acte (Marche de Tchernomor et Danses orientales), plus rarement joués, qui étaient pourtant annoncés au programme.


Choisi par Eschenbach à l’occasion d’une master class donnée en juin dernier, David Fray, dans sa vingt-quatrième année, est loin d’être un inconnu, puisqu’il a obtenu le deuxième grand prix du dernier Concours des Jeunesses musicales de Montréal et qu’il s’est déjà produit à La Roque d’Anthéron cet été. Mèche rebelle, balayant régulièrement le clavier de son mouchoir, le pianiste aborde le Concerto en sol (1931) de Ravel avec une articulation claire mais sans sècheresse et un dynamisme délibérément percussif, tirant parfois l’œuvre vers le Troisième concerto de Prokofiev. Très contrastée, sa conception laisse néanmoins la place à des passages aux phrasés très étudiés, dans lesquels on le surprend à chantonner. A la fin du premier mouvement, le chef a à peine eu le temps de se tourner vers lui pour lui murmurer «Bravo!» qu’il s’est déjà lancé dans le long solo de l’Adagio, dont il peine à soutenir une allure excessivement retenue, à la limite de l’assoupissement. Du coup, l’attention se détourne vers l’orchestre qui, fermement tenu par Eschenbach, relève le défi du tempo et installe un climat poétique, concluant par un impeccable solo de cor anglais. Le Presto final sera légitimement bissé, démontrant, s’il en était besoin, la solidité de la technique de David Fray.


En seconde partie, dans la Cinquième symphonie (1888) de Tchaïkovski, Eschenbach fait participer tout le monde à la fête: soixante-huit cordes et un musicien additionnel pour l’ensemble des pupitres de bois et les cors. Le chef allemand parvient à éviter deux redoutables écueils: celui de la pesanteur, grâce à la direction tour à tour énergique et acérée, fine et transparente qu’on lui connaît; celui du sentimentalisme, grâce à une vision plus rhétorique qu’alanguie, aux progressions soigneusement conduites et aux inflexions rigoureusement contrôlées, sans excès ni démesure, mais sans sacrifier pour autant le grandiose ou le spectaculaire.



Simon Corley

 

 

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