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Laisse trop (Armonico) à désirer

Paris
Parc floral
09/11/2004 -  
Joseph Haydn : Quatuor n° 35, opus 20 n° 5
Dimitri Chostakovitch : Quatuor n° 8, opus 110
Franz Schubert : Quatuor n° 14 «La Jeune fille et la mort», D. 810

Quartetto Armonico: Sayo Sugaya, Emi Ikuta (violon), Natsuko Sakamoto (alto), Ryo Kubota (violoncelle)


Alors que la rentrée se fait progressivement, l’été jette encore ses derniers feux musicaux. Du 31 juillet au 19 septembre, le Festival «Classique au vert» propose, au cœur du Parc floral de Paris, huit week-ends thématiques comprenant chacun deux concerts gratuits (sous réserve du modique droit d’entrée au parc) donnés sous un grand delta de toile blanche. C’est le Quatuor Armonico, exclusivement nippon, comme son nom ne l’indique pas nécessairement, et féminin, à l’exception du violoncelliste, qui offrait la première des deux manifestations consacrées aux bénéficiaires de l’Académie européenne de musique organisée chaque année autour du Festival d’Aix-en-Provence et dédiée en 2004 au chant ainsi qu’à la musique de chambre.


Dans un programme copieux, exigeant et de tonalité globalement sombre, les jeunes Japonais, dont le jeu et la sonorité paraissent perfectibles (des violons parfois acides et imprécis), n’auront pas toujours trouvé leurs marques. Il est vrai qu’ils n’étaient pas aidés par des conditions quelque peu précaires: en effet, aux inconvénients habituels du plein air (cris d’enfants, protestations des canards du plan d’eau voisin, facéties du vent) étaient venus s’ajouter une sonorisation certes discrète mais peu favorable aux instruments graves et, surtout, un temps menaçant, puis franchement pluvieux, suspendant le spectacle qui venait à peine de commencer et transformant le delta en refuge pour un public pas nécessairement venu pour entendre Haydn.


Dans le Trente-cinquième quatuor (opus 20 n° 5, 1772), le Quatuor Armonico, délicat sans être chichiteux (Adagio), adopte une distance prudente, trop en retrait au regard de la concentration du langage et de la densité de l’expression qui caractérisent l’œuvre, en particulier dans la fugue finale (qui n’en sera pas moins bissée en fin de programme), desservie par une acoustique en outre peu propice au sempre sotto voce. Non sans ironie, cette partition datant de la période Sturm und Drang du compositeur autrichien est interrompue, après son premier mouvement, par le déchaînement d’un orage qui contraint les musiciens à se replier tandis que certains spectateurs subissent, faute de protections latérales, quelques retombées de la pluie poussée par un vent violent.


Dans l’incontournable Huitième quatuor (1960) de Chostakovtich, la déception se confirme, tant l’interprétation, certes propre, ne rend pas justice à ce que ce véritable cri peut avoir de vertigineux et de désespéré. Plus assuré dans le Quatorzième quatuor «La Jeune fille et la mort» (1824) de Schubert, le Quatuor Armonico peine cependant à sortir d’une approche assez scolaire, quoique finement travaillée, mais dépourvue de sentiment d’urgence, d’élan intérieur et de sens de la construction, où le déchirement et le drame n’ont pas leur place, hormis peut-être dans le Scherzo, vif et ramassé. Nul doute qu’une maturation tant technique qu’artistique permettra à cette jeune formation de rejoindre les meilleures.



Simon Corley

 

 

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