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En plein air

Paris
Parc André Citroën
07/14/2004 -  
Olivier Messiaen : Turangalîla-Symphonie

Roger Muraro (piano), Valérie Hartmann-Claverie (ondes Martenot)
Orchestre national d’Ile-de-France, Pascal Rophé (direction)


Paris souffre d’un cruel retard sur la plupart des grandes cités européennes en matière de musique (classique) l’été, que ce soit en salle ou en plein air. Alors, quand, dans le cadre de «Paris Quartiers d’été» organisé par la mairie, un orchestre passe dans le désert du mois de juillet, quand il interprète la Turangalîla-Symphonie (1948) de Messiaen, quand il est dirigé par un chef rompu à ce répertoire, quand il présente des solistes qui connaissent l’œuvre sur le bout des doigts et quand s’offre la perspective d’entendre Jardin du sommeil d’amour allongé sur une pelouse et bercé par un zéphyr estival, il ne reste plus qu’à se précipiter au Parc André Citroën


Sous un ciel morose sans être réellement menaçant, un public assez nombreux s’était rassemblé devant les deux grandes serres. Mais plus que les cris d’enfants (à l’origine d’une brève altercation entre spectateurs à la fin de Turangalîla 1), le passage du RER ou les premières salves des feux d’artifice, c’est le vent qui aura constitué le principal inconvénient de l’expérience, soufflant dans les micros et, surtout, dans les partitions: il fallait voir Pascal Rophé batailler avec les pages récalcitrantes, les pupitres jouer avec virtuosité de la pince à linge et Roger Muraro faire appel à une musicienne issue des premiers violons pour l’assister dans Développement de l’amour. Mais qu’importe, après tout, c’est la vie même, à l’image de cette symphonie au foisonnement (faussement) désordonné.


De façon assez inattendue, la sonorisation rend davantage justice à la finesse qu’au gigantisme de cette symphonie. Si elle a tendance à privilégier certains détails et, plus généralement, les cordes au détriment des cuivres ou de la percussion, elle n’en assure pas moins une restitution globalement satisfaisante des timbres et des équilibres. Compte tenu du nombre de haut-parleurs répartis sur un espace aussi vaste, un léger effet d’écho se produit toutefois lorsqu’un puissant accord est immédiatement suivi d’un silence. Mais la déception vient de ce que les passages de forte intensité sonore, parfois physiquement insoutenables en salle, sont ici comme aplatis, si l’on excepte des basses saturées qui font même vibrer le sol, de telle sorte que l’effet obtenu évoque davantage une mauvaise chaîne de salon qu’un ensemble de plus de cent musiciens.


Les canards, quant à eux, étaient en contrebas de la scène: ce n’étaient quand même pas cette foule et ce bruit qui allaient leur faire manquer leur promenade nocturne sur le bassin. Pas de canards sur scène, en revanche, malgré des conditions assez périlleuses et inhabituelles, grâce à un Orchestre national d’Ile-de-France (ONDIF) qui a déjà donné, voici près de trois ans, cette Turangalîla avec son précédent directeur musical, Jacques Mercier (voir ici), et un Pascal Rophé didactique et engagé. Roger Muraro, déjà de la précédente aventure avec l’ONDIF, ne se contente pas de faire preuve d’une maîtrise déconcertante, mais il fait ressortir le moindre soupçon de poésie, tandis que les ondes Martenot de Valérie Hartmann-Claverie ne sont pas suffisamment mises en avant.



Simon Corley

 

 

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