About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Densité 421

Paris
Théâtre des Bouffes du Nord
05/10/2004 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 15, K. 421
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 3, opus 18 n° 3
Franz Schubert : Quatuor n° 14 «La Jeune fille et la mort», D. 810

Quatuor Mosaïques: Erich Höbarth, Andrea Bischof (violon), Anita Mitterer (alto), Christophe Coin (violoncelle)


L’une des rares formations de chambre à s’être durablement imposée dans le monde des instruments «anciens», le Quatuor Mosaïques proposait un programme non seulement copieux mais d’une remarquable unité (trois compositeurs viennois ayant marqué le genre) et d’une extraordinaire densité, qu’il n’allait nullement chercher à alléger, dans des interprétations d’une rigueur et d’une hauteur de vue impressionnantes. Et c’est rarement que l’on a l’occasion de ressentir aussi fortement une cohérence aussi imperturbablement tenue de l’approche esthétique, qui est sans doute le fruit d’une cohésion jamais prise en défaut, où aucune individualité ne tente de s’imposer.


Le gravité de ton du Quinzième quatuor K. 421 (1783) de Mozart, deuxième de la série de six dédiée à Haydn, ne souffre ici aucune concession. Mais si la référence à Bach n’a jamais paru aussi flagrante, d’autant que les musiciens mettent en valeur l’architecture plutôt que le côté décoratif de la partition, il n’y a rien d’austère ou de monolithique pour autant dans leur jeu, au contraire de ce qui a parfois pu être reproché à des ensembles comparables. Ainsi, les tempi ne sont pas uniment vifs (même si l’Andante est réellement allant, comme il se doit), le recours au vibrato n’est pas exclu, la qualité instrumentale est incontestable (par exemple les aigus du premier violon Erich Höbarth dans le Trio du Menuet) et l’expression n’est pas bannie (comme en témoigne entre autres un Menuet impérieux). Bien au contraire, la finesse des timbres permet de privilégier une précision d’articulation peu commune.


Ceux qui attendaient une certaine détente du Troisième quatuor (1800) de Beethoven, le premier composé de l’opus 18, en auront été pour leurs frais et le choix de placer cette oeuvre en fin de première partie sera donc apparu a posteriori comme justifié. Toujours juste et probe, presque didactique, le Quatuor Mosaïques, aborde les mouvements extrêmes dans un tempo modéré, tout en en faisant ressortir l’alacrité rythmique et le caractère symphonique, le développement semblant même devenir le centre de gravité de l’Allegro initial. A nouveau allant, l’Andante perd tout caractère anodin ou sucré, précédant un Scherzo à l’accentuation très marquée.


Faut-il jouer le Quatorzième quatuor «La jeune fille et la mort» (1824) de Schubert sur instruments «anciens»? La question se pose indéniablement, mais les artistes y fournissent la meilleure réponse qui soit, c’est à dire une prestation captivante, qui en fait le descendant – ne serait-ce que par sa tonalité et l’importance de son mouvement à variations – du quatuor de Mozart donné en première partie. L’acidité des timbres et le parti pris consistant à souligner le caractère abrupt du discours contribuent à une certaine sévérité, plus classique, plus Sturm und Drang que romantique, où le texte s’impose de lui-même, sans excès expressifs: de ce fait, le Presto final, d’une étonnante clarté, tient davantage de la légèreté mendelssohnienne que d’une course à l’abîme de caractère fantastique. Difficile de parler de distanciation pour autant lorsque l’on entend le chant du violoncelle de Christophe Coin et le fascinant travail sur les sonorités dans l’Andante con moto, ou bien l’engagement énergique manifesté dans le Scherzo.


En bis, deux brèves Danses allemandes de Schubert, originellement destinées au piano (et toujours en , comme tout le reste du concert), viennent enfin apporter un répit. Mais, bien entendu, aucun relâchement pour autant.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com