About us / Contact

The Classical Music Network

Strasbourg

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Saison de transition à Strasbourg

Strasbourg
Palais de la Musique
03/19/2004 -  
Felix Mendelssohn : Concerto pour piano n° 1, opus 25
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 «Titan»

Stephen Hough (piano)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Gary Bertini (direction)


L’Orchestre philharmonique de Strasbourg vit des temps difficiles. L’entente avec Jan Latham-Koenig, son dernier directeur musical en titre, n’a pas été optimale, les exigences parfois tatillonnes du chef ne parvenant pas à s’accommoder de l’instabilité d’une phalange déjà fragilisée, et de toute façon rétive à se trouver aussi constamment «sur-dirigée». En définitive une procédure inhabituelle, sorte de divorce à l’amiable, a permis de trouver une issue honorable à ce conflit latent, laissant toutefois l’orchestre sans directeur musical titulaire pour cette saison de transition, où se succèdent à présent les chef invités. Ambiance peu propice au travail en profondeur, et dont on peut redouter les conséquences sur le niveau de la formation, déjà très perfectible techniquement au cours des dernières saisons.


A l’issue de cette soirée dirigée par un musicien d’expérience, on est plutôt rassuré. Il est vrai que le répertoire post-romantique a toujours bien réussi à cet orchestre, et tout particulièrement la Première Symphonie de Mahler, dont on se souvient ici de quelques belles exécutions. Gary Bertini dirige en vieux routier, habitué aux contingences de la fonction de chef invité, mais aussi à la technicité et l’autonomie des ensembles haut de niveau qu’il a fréquemment dirigés au cours de sa carrière. La relative indépendance qu’il accorde aux pupitres strasbourgeois semble appréciée : le jeu est plus détendu, voire remarquablement propre. Quelques interventions des cors sont même très musicales, et les trompettes sont sûres, soit autant d’événements devenus rares ces temps-ci. Il faut attendre les moments les plus complexes, en particulier le Trio du deuxième mouvement, pour que réapparaisse un certain débraillé de la petite harmonie, qui en rajoute vraiment trop sur le simple ton « vulgaire » requis, flottements révélateurs de l’ampleur du travail de reconstruction d’une écoute mutuelle qui reste à accomplir. Et puis il est évident que ce genre de direction, qui veille surtout aux grands équilibres en laissant jouer, ne parvient ni à une lecture unificatrice, ni à une prestation véritablement électrisante, faute d’essayer de pousser davantage l’orchestre dans ses retranchements (honnêtement, actuellement, il est préférable de s’en abstenir !). Mention très honorable donc, et accueil chaleureux du public, notablement plus enthousiaste que d’habitude à la fin d’un concert d’abonnement.


En première partie, on apprécie de pouvoir faire connaissance avec Stephen Hough, pianiste à l’impressionnante activité discographique, inlassable défricheur de partitions romantiques oubliées, et qui ne semble pas du tout déconcerté par la volubilité du Premier Concerto de Mendelssohn, décidément bien vétilleux. Hough est un prodigieux technicien, aux capacités d’apprentissage sans limites, et on imagine qu’assimiler ce véritable parcours du combattant ne lui a pas coûté trop de temps. Heureusement, car intrinsèquement, l’œuvre ne justifie pas que l’on transpire excessivement dessus : musique brillante mais un peu brouillonne, qui semble s’épuiser en un feu d’artifice passablement gratuit. On n’en apprécie que davantage la jolie romance centrale, agréablement mélodique. Mais surtout on souhaiterait réentendre Stephen Hough à Strasbourg dans une partition plus consistante, voire, pourquoi pas, dans l’une de ces grands concertos romantiques passés de mode (Scharwenka, Sauer, Litolff, Bortkiewicz) que l’éditeur anglais Hyperion s’emploie depuis plusieurs années à exhumer au disque, avec beaucoup de bonheur.



Laurent Barthel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com