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Sortilèges ravéliens

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/27/2004 -   et 29 février 2004
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 35 «Haffner», K. 385
Maurice Ravel : L’Enfant et les sortilèges

Hélène Hébrard (l’Enfant), Désirée Rancatore (le Feu, la Princesse, le Rossignol), Sophie Marin-Degor (la Pastourelle, la Chauve-souris, la Chouette), Sara Mingardo (la Maman, la Tasse chinoise, la Libellule), Isabelle Cals (la Bergère, le Pâtre, la Chatte, l’Ecureuil), Michel Sénéchal (la Théière, l’Arithmétique, la Rainette), Stéphane Degout (l’Horloge, le Chat), Laurent Naouri (le Fauteuil, l’Arbre)
Chœur et Maîtrise de Radio France, Sylvie Leroy (chef de chant et chef de chœur), Orchestre national de France, Oleg Caetani (direction)


En son temps (avril 2000), Charles Dutoit avait choisi de faire précéder L’Enfant et les sortilèges de La Boîte à joujoux de Debussy (voir ici). Dans un rapprochement original, que l’avant-propos très rusé de Gérard Condé parvenait à ne pas rendre totalement incongru, l’Orchestre national de France proposait un programme offrant successivement une symphonie de Mozart et la «fantaisie lyrique» de Ravel. Ce couplage était celui retenu par Bernard Haitink qui, souffrant, a finalement laissé la place à Oleg Caetani. Fils d’Igor Markevitch, comme son nom ne l’indique pas, le futur directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Melbourne a simplement substitué la Haffner à la Jupiter, mais, hormis le fait que le concert, déjà bien bref, s’en trouvait écourté, il aurait été difficile, même s’agissant d’un remplacement annoncé depuis quelques jours, de lui en tenir rigueur.


Dans la Trente-cinquième symphonie (1782) de Mozart, Caetani, malgré un effectif assez fourni (quarante cordes), allège les textures, dans une interprétation équilibrée, dépourvue d’afféteries et aux phrasés très soignés. Les tempi, plutôt modérés dans les mouvements centraux, viennent à l’appui d’une lecture toujours tenue et mesurée, jusque dans un Presto final, élégant et transparent, qui ne cède jamais à la tentation d’un vain emballement.


Cela étant, c’est L’Enfant et les sortilèges (1925) que le public attendait. Et cette attente ne fut sans doute point trompée, tant du point de vue vocal qu’orchestral. Attentif à la diction (généralement bonne, parfois même irréprochable), l’ensemble de la distribution se caractérise par une remarquable homogénéité, alors même que générations et notoriété y sont mêlées. D’abord l’émotion de retrouver Michel Sénéchal, égal à lui-même dans des rôles (la Théière, l’Arithmétique, la Rainette) qu’il a déjà enregistrés voici pourtant plus de quarante ans sous la direction de Maazel. Mais aussi le plaisir d’entendre une belle brochette de jeunes chanteurs déjà confirmés: Désirée Rancatore dans trois interventions redoutables (le Feu, la Princesse, le Rossignol) dont elle se tire honorablement, une fois ses aigus libérés, mais aussi Sara Mingardo, Sophie Marin-Degor, Stéphane Degout, Laurent Naouri et Isabelle Cals, ces deux derniers déjà à l’affiche du spectacle présenté à l’Opéra de Paris en novembre 1998 (voir ici). Enfin, l’intérêt de découvrir un talent très prometteur, Hélène Hébrard, qui, usant d’un timbre tantôt vert, tantôt rond, incarne à merveille un Enfant tour à tour capricieux et lyrique, méchant et blessé, amusé et songeur.


A la tête de l’Orchestre national ainsi que du Chœur et de la Maîtrise de Radio France, trouvant sans peine leurs marques dans un jardin qui leur est si familier, Caetani privilégie l’analyse et la précision, sans que cela soit nécessairement au détriment de la poésie, tant la mécanique de précision qu’est l’œuvre de Ravel supporterait mal l’à-peu-près.



Simon Corley

 

 

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