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Électrique

Montreal
Salle Wilfrid-Pelletier
02/15/2004 -  

John Adams : Short Ride in a Fast Machine
Serguei Rachmaninov : Concerto pour piano no 3 en ré mineur, op. 30
Johannes Brahms : Symphonie no 4 en mi mineur, op. 98


Marc-André Hamelin (piano)
Orchestre symphonique de Montréal
JoAnn Falletta (direction)



Tant pour les pianistes que pour les amateurs, le Rach 3 possède aujourd’hui un genre d’aura mythique, la représentation d’un achèvement technique éventuellement ultime, un Everest, un summum de la grandeur pianistique au sens le plus littéral du terme. On peut presque en dire autant de l’immense virtuose qu’est Marc-André Hamelin, personnalité à la fois énigmatique et extraordinairement charismatique, peut-être un des seuls musiciens d’ici à avoir acquis auprès des siens un statut reconnu autant par les connaisseurs que par un grand public à la culture musicale moins aiguisée. Ces deux éléments couplés sont certainement responsables en grande partie de l'absolu succès du présent concert, valant même de longues files de mélomanes piaffant devant les guichets, espérant obtenir quelque place s’étant libérée à la dernière seconde. Il faut dire qu’Hamelin s’est fait plutôt rare en cette ville dernièrement, et que l’excitation de le retrouver était effectivement à son comble.


S’attarder à décrire la prodigieuse technique de Marc-André Hamelin (le terme en lui-même apparaît déjà réducteur) s’avère une entreprise ardue tant aucun superlatif ne semble approprié à qualifier cette façon de jouer du piano qui est peut-être unique aujourd’hui, assurément exceptionnelle. Au surplus, son affinité avec ce répertoire spécifique ne semble pas faire le moindre doute. La lecture qu’il nous a offerte fut absolument tétanisante, électrisante, faisant appel à des ressources physiques et psychiques qu’on voudrait presque croire illimitées tant elles sont confondantes. À l’écouter, on se dit avec griserie que d’une certaine façon, l’âge d’or, c’est maintenant, et que l’Histoire retiendra quelque chose de ces moments d’effervescence bénis. L’ampleur du souffle semble infinie (il faut entendre ces fff dans les tutti du finale, et se dire qu’il y a alors au moins vingt pianistes à l’œuvre), le discours est d’une brillance et d’une fluidité étonnantes, tendant toujours vers l’atteinte d’un idéal sonore qu’on sent presque appartenir à un autre monde, et par-dessus tout la volonté interprétative se révèle particulièrement intéressante à travers le maniement idoine du rythme et des motifs ondoyants des fragments rhapsodiques.


Largement plébiscitée pour ses prestations avec ce même orchestre à Lanaudière, JoAnn Falletta nous revenait elle aussi en grande forme (ses débuts montréalais officiels) pour une quatrième de Brahms qui aura prouvé une fois de plus que cette maestra américaine fait partie des phénomènes du monde musical dont il faut à tout prix faire l’expérience en concert pour y croire. Une telle force, une telle autorité, une telle virilité (et on sait pourtant quelle femme délicate elle est !), une fabrication du son à la fois libre et ciselée, et un rare degré de communication organique avec l’orchestre qui nous font espérer qu’elle soit en lice pour succéder à Charles Dutoit ! En début de concert, la visiteuse a dirigé avec vivacité et esprit la charmante œuvre de John Adams.



Renaud Loranger

 

 

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