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Lumineuse Aline Kutan !

Montreal
Pollack Hall
02/05/2004 -  

Helmut Schmidinger : Nur ein Hauch ! – und er ist Zeit
Franz Schubert : Salve Regina, D. 676; La Jeune Fille et la Mort, D. 810 (transcr. Gustav Mahler)
Reinhold Glière : Concerto pour soprano colorature, op. 82



Aline Kutan (soprano colorature et narration)
Orchestre de chambre I Musici de Montréal
Yuli Turovsky (direction)



Suite au concert très médiatisé mettant en vedette Ben Heppner, les Musici présentaient à nouveau un concert de leur principale série centré sur une vedette lyrique canadienne, peut-être pas aussi auréolée que le ténor ci nommé, mais dont l’exceptionnel talent mérite à tout le moins une reconnaissance «maison» aussi grande. En route vers un Enlèvement à Vancouver et une autre Flûte enchantée à Bastille, Aline Kutan revenait au bercail pour ce concert unique dont le sommet fut une exécution confondante de la désormais célèbre (en cette ville du moins, Kutan l’ayant chanté avec Dutoit et l’OSM dans les dernières années) œuvre de Glière. Quel bonheur d’admirer pareille science du legato dans l’Andante initial, pareille virtuosité surhumaine (la métaphore du rossignol devient ici hautement concrète !) dans le mouvement conclusif, couronné par un contre-fa (optionnel) d’une clarté, d’une rondeur (!!) et d’une puissance à couper le souffle. Devant aussi sublime abattage, devant un style aussi idoine, comment ne pas rester bouche bée ? On se réjouit que l’Opéra nous l’annonce déjà en Zerbinette pour novembre prochain.


Précédemment, Kutan s’était réchauffée avec un Salve Regina imprégné d’une belle et sereine retenue, peut-être rendu avec un tout petit peu trop de sourire dans la voix (tout comme la narration du texte accompagnant le Schmidinger), sourire qui ne pouvait que préparer à ce qui allait suivre. Les Musici prennent le parti fort louable de programmer une œuvre de musique nouvelle au début de presque tous leurs concerts principaux, et encore ici on eut droit à une découverte d’un certain intérêt. Basée sur le matériau mélodique que Schubert utilisa pour son inachevé Quartettsatz, D. 703, annoncée comme une «continuation fantastique, onirique» du manuscrit laissé en plan, l’œuvre utilise des contrastes dynamiques d’une brutalité extrême, met en valeur la virtuosité de l’ensemble à cordes, et existe bel et bien en tant qu’entité propre distincte des fragments l’ayant inspirée.


Le cas de la transcription que Mahler réalisa en 1894 du quatuor La Jeune Fille et la Mort du même Schubert demeure plus complexe. On se laisse baigné par le climat de noirceur et de souffrance qu’en tirent les musiciens et leur chef, mais on se demande quand même si la richesse émotionnelle et intime de l’original ne pâtit pas d’une telle largeur d’effectifs. C’est qu’ici l’œuvre est absolument indissociable de cet original, elle ne vit en soi que par lui, et finalement ne le porte pas au sommet de lui-même.




Renaud Loranger

 

 

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