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Beaux-Arts: le retour

Paris
Théâtre de la Ville
11/22/2003 -  
Serge Rachmaninov : Trio élégiaque n° 2, opus 9
Franz Schubert : Trio avec piano n° 1, D. 898

Beaux-Arts Trio: Menahem Pressler (piano), Daniel Hope (violon), Antonio Meneses (violoncelle)


Popularité intacte (salle pleine, nombreux rappels) pour le Beaux-Arts Trio, de retour au Théâtre de la Ville dans une formation à nouveau en évolution: car si Menahem Pressler – quatre-vingts ans le 16 décembre prochain – est resté fidèle depuis la constitution de l’ensemble (1955), il est désormais entouré, depuis 1998, d’Antonio Meneses, violoncelliste brésilien qui fut, en son temps, protégé de Karajan, et, depuis le printemps 2002, de Daniel Hope, jeune violoniste anglais que l’on a pu entendre en soliste de l’Offertorium de Goubaïdoulina voici deux ans et demi (voir ici).


Le Second trio élégiaque (1893) de Rachmaninov est fondé sur une étrange référence en abyme, en ce qu’il est dédié «à la mémoire d’un grand artiste», Tchaïkovski, qui venait de disparaître dans des circonstances tragiques et qui avait lui-même, onze ans plus tôt, assorti son propre Trio avec piano de la même dédicace (destinée à Nicolas Rubinstein). Il est d’ailleurs saisissant de pouvoir entendre un tel témoignage quatre jours seulement après l’impressionnante Symphonie «Pathétique» dirigée par Haitink au Châtelet voisin (voir ici). Bien loin d’en rajouter dans le pessimisme larmoyant ou le monumentalisme de cette partition uniment sombre, expressive et très développée (trois quarts d’heure), les musiciens privilégient une nostalgie pudique, des demi-teintes très «fin de siècle», en harmonie avec les œuvres contemporaines de Chausson (son Poème, après tout, ne fut-il pas inspiré par Tourgueniev?) voire de Brahms. Pressler anime l’ensemble, avec un jeu qui sait se faire délicieusement perlé et heureusement moins démonstratif que ses incessantes mimiques, rejoint par ses deux partenaires dans le même lyrisme contenu. Seule la première partie (Allegro risoluto) du bref mouvement final donnera lieu à une extériorisation libératoire, mais, comme dans la Pathétique, le registre grave et la nuance pianissimo du début s’imposent finalement.


Aux côtés de ce choix indéniablement original, le Premier trio (1827) de Schubert présente un visage à tous égards plus rassurant, surtout lorsqu’il se voit conférer les marques de fabrique du Beaux-Arts Trio: conception polie et policée, rondeur des sonorités, bonheur de l’instant, avec pour corollaire une légère tendance à souligner ici telle modulation ou là tel crescendo au détriment de la continuité du discours. Mais la légèreté (Scherzo), la badinerie ou la vigueur (Rondo) ne sont pas absentes, tandis que le beau violoncelle de Meneses se signale plus particulièrement, notamment dans l’Andante un poco mosso.


Après avoir ainsi donné deux œuvresde grande ampleur – un programme au demeurant identique à celui de leur concert new-yorkais du 18 octobre dernier (voir ici) –, les Beaux-Arts n’en concèdent pourtant pas moins de deux bis, dans la continuité de Rachmaninov plus que de Schubert: d’abord l’Allegro non troppo d’un trio non moins russe et non moins in memoriam, le Second trio (1944) de Chostakovitch, où la rage et la précipitation pallient les dérapages techniques, puis le quatrième mouvement d’un trio slave presque contemporain, le Quatrième trio «Dumky» (1891) de Dvorak, une musique dans laquelle les interprètes se meuvent en toute liberté.



Simon Corley

 

 

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