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Autour de la Chine

Paris
Théâtre Mogador
10/29/2003 -  et 30* octobre 2003
Marc-André Dalbavie : Double jeu (création)
Gustav Mahler : Le Chant de la terre

Claudia Barainsky (soprano), Qiu Lin Zhang (contralto), Thomas Moser (ténor)
Musiciens de l’Orchestre national de Chine, Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Dans le cadre des manifestations de l’Année de la Chine, l’Orchestre de Paris présentait deux œuvres écrites sur des poèmes chinois de différentes époques, plus ou moins librement adaptés respectivement en anglais par Ezra Pound et en allemand par Hans Bethge.


Compositeur en résidence à l’Orchestre de Paris depuis 2000, Marc-André Dalbavie propose Double jeu, une création de grande ampleur (trente-cinq minutes) associant, sur la gauche, une formation «occidentale» de vingt-neuf musiciens (trois flûtes, trois clarinettes, quatre cors, trois trombones, deux percussionnistes, harpe et treize cordes) et, côté droit, dix-huit musiciens de l’Orchestre national de Chine: six erhu et trois zhonghu (correspondant aux six violons et aux trois altos), deux ruan et un pipa (instruments à cordes pincées placés en regard des trois flûtes), trois sheng (orgues à bouche voisinant avec les clarinettes), un yangqin (cymbalum, qui tient lieu de pendant de la harpe) et deux percussionnistes. Très harmonieuse, la disposition des instruments semble s’articuler autour d’un gigantesque gong, installé au centre et au fond de la scène, que se partagent l’instrumentiste français et son homologue chinois.


Le titre renvoie, au-delà du dialogue entre deux cultures, à la répartition du discours entre deux groupes, tour à tour distincts ou mêlés, à l’image de la Seconde symphonie («Le Double») de Dutilleux ou même de la Musique pour cordes, percussion et célesta de Bartok, dont Dalbavie cite d’ailleurs un bref et vigoureux extrait au début de sa pièce. La partition, constituée de cinq parties enchaînées de durée de plus en plus courte mais de tempo de plus en plus lent, confirme l’évolution du langage du compositeur français, déjà perceptible dans Color (2002), qui était également destiné à l’Orchestre de Paris (voir ici): la juxtaposition de consonances, d’unissons et de répétitions avec des éléments plus avant-gardistes concourt à un style hybride, qui rappelle parfois les années 1960 (entre Dutilleux et Berio – on connaît pire compagnie), toujours d’une grande séduction sonore et parfaitement adapté aux textes de Pound, lesquels sont confiés à une soprano (Claudia Barainsky, remarquablement sobre). L’utilisation d’instruments «exotiques» n’obéit jamais à un souci de couleur locale ou même simplement de mise en valeur de leur mode de jeu traditionnel. Bien au contraire, Dalbavie s’attache à les assimiler à sa propre palette de timbres et à les intégrer dans la tradition symphonique européenne.


La conclusion, apaisée, hypnotisante, n’est pas sans analogies avec celle du Chant de la terre de Mahler, qui était donné en seconde partie. A la tête d’un effectif immense (soixante-dix cordes), Christoph Eschenbach – dans une conception plus cinglante et spectaculaire qu’expressive ou poétique, plus contrôlée que spontanée, haute en couleurs et très soignée (en témoignent la très belle coda du quatrième Lied ou la qualité constante des soli) – le laisse largement s’épancher, au bénéfice de la généreuse acoustique du Théâtre Mogador. Thomas Moser en souffre quelque peu, notamment dans son premier Lied, mais s’affirme progressivement dans ses deux autres interventions, tout en conservant une certaine distanciation par rapport aux images évoquées par les poèmes. Par le soin apporté à la diction et aux phrasés, par la solidité du timbre sur l’ensemble de la tessiture et par la simplicité de l’approche, Qiu Lin Zhang, quant à elle, convainc dans ce qui est peut-être la plus belle partie du répertoire des contraltos.



Simon Corley

 

 

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