About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Ca bouge chez Pasdeloup

Paris
Théâtre Mogador
10/18/2003 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 4, opus 58
Philippe Leroux : m’M (création française)
Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin – Alborada del gracioso

Georges Pludermacher (piano)
Orchestre des Concerts Pasdeloup, Wolfgang Doerner (direction)


Dans un programme soucieux de concilier «création et tradition», l’Orchestre des Concerts Pasdeloup proposait donc à la fois la tradition (Beethoven), la création devenue tradition (deux œuvres de Ravel dont la première fut donnée par ce même orchestre voici plus de quatre-vingts ans) et la création proprement dite (une commande du ministère de la culture à Philippe Leroux).


Une semaine seulement après Cédric Tiberghien dans le Cinquième concerto de Beethoven (voir ici), Georges Pludermacher est le soliste du Quatrième. Dès la brève introduction dévolue au piano, il prend les choses à bras-le-corps et va droit à l’essentiel, dans un tempo vif, soulignant le fameux rythme de quatre notes qui est aussi celui de la Cinquième symphonie. Toutes les qualités démontrées à l’occasion d’un Troisième concerto donné il y a deux ans à la Cité de la musique (voir ici) sont à nouveau au rendez-vous: intelligent et vivant, mobile et clair, fantasque ou dramatique, son jeu captive de part en part, sans doute parce qu’il privilégie la prise de risques. Et impossible d’ajouter, comme on l’eût sans doute fait en d’autres temps: «Quel dommage qu’un tel artiste ne soit pas invité par les grandes institutions parisiennes!». En effet, Wolfgang Doerner, en harmonie avec le pianiste français, dirige activement une formation réduite (quarante et une cordes) mais solide (en témoigne par exemple la tenue exemplaire des cordes dans l’Andante con moto), à laquelle il confère à la fois rondeur et précision. Seule ombre au tableau: une mauvaise organisation qui se traduit, tout au long du concerto, par l’entrée peu discrète de retardataires à la corbeille.


Présenté pour la première fois en France après sa création fin juin au Québec, m’M de Philippe Leroux oppose un concertino de solistes (quintette à cordes, flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, trombone, harpe, piano et percussion), placés au devant de la scène, au reste de l’orchestre. Le titre fait référence à M (1997) pour deux pianos, percussion et électronique, dont le compositeur, dit-on, réutilise ici certaines tournures harmoniques. Si l’acoustique ne rend sans doute pas toujours justice aux jeux d’écriture entre les deux groupes de musiciens, ces quinze minutes décrivent, dans un esprit rhapsodique, une succession d’événements très contrastés et habilement instrumentés, de caractère virtuose ou planant, ludique ou dramatique, en ostinati ou en clusters, s’achevant sur une sorte de pirouette dans l’aigu. Soucieux d’assurer la continuité entre ces différents blocs, Leroux fait preuve d’un remarquable art de la transition, mêlant poésie et sensualité des timbres, d’un côté, ironie, effets spéciaux et dérèglement du discours, de l’autre.


Deux des plus merveilleuses orchestrations par Ravel de ses propres pièces pour piano furent créées, en 1919 et en 1920, par l’Orchestre Pasdeloup, qui était alors dirigé par Rhené-Baton. Les musiciens restituent fidèlement Le Tombeau de Couperin: Prélude fluide, Forlane au rythme bien marqué, Menuet allant et Rigaudon leste. Pour conclure, Alborada del gracioso, redoutable mécanique de précision, aura sans doute connu des lectures plus souples ou plus brûlantes, mais la probité et le goût ne seront jamais pris en défaut. Pas de quoi justifier, en tout cas, une certaine mollesse du public, au demeurant venu trop peu nombreux. Qu’on se le dise pourtant: ça bouge chez Pasdeloup.



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com