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L’oasis sonore de Florentz

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/30/2003 -  
Thierry Escaich : Intrada (création)
Hector Berlioz : Le Corsaire, opus 21
Jean-Louis Florentz : Qsar Ghilâne, opus 18 (création)
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 5, opus 67

Ensemble orchestral de Paris, John Nelson (direction)


La brièveté du programme (à peine soixante-dix minutes) et son caractère à la fois contemporain (deux créations) et routinier (La Cinquième) expliquent peut-être la relative défection du public pour le concert de rentrée de l’Ensemble orchestral de Paris. Vingt-cinquième saison entamée avec une Intrada fort à propos, cinq minutes virtuoses et frénétiques proposées par Thierry Escaich, présent dans la salle.


Le sous-titre de la pièce d’Escaich, Ouverture d’un opéra imaginaire, aurait d’ailleurs parfaitement convenu à l’ouverture Le Corsaire. Célébrant ainsi les derniers feux de l’année Berlioz, John Nelson, directeur musical de l’Ensemble depuis 1998, y montre l’ampleur du travail qu’il a accompli à la tête de cette formation, dont on peut se faire une idée dans l’intégrale récemment parue en DVD (voir ici) des Concertos pour piano de Beethoven avec François-René Duchâble. Familier de l’œuvre du compositeur, le chef américain peut en effet se fonder sur de solides bases instrumentales (engagement physique, netteté des attaques) pour offrir une vision conquérante et débridée de cette fougueuse ouverture.


Si son catalogue est relativement peu étendu (dix-huit opus) alors qu’il se trouve dans sa cinquante-sixième année, Jean-Louis Florentz semble se consacrer toujours plus à l’orchestre: après Le songe de Lluc Alcari (1994), Les jardins d’Amènta (1997), L’Anneau de Salomon (1998) et L’Enfant des îles (2001), il répond ici à une commande de l’Ensemble orchestral de Paris et du ministère de la culture avec Qsar Ghilâne, dont la création est donnée en sa présence. Faisant appel à un effectif restreint (bois, cors et trompettes par deux, harpe, percussion et cordes) et se présentant comme un morceau d’un seul tenant d’une durée de vingt minutes, il mérite par excellence ce qualificatif de «poème symphonique» que le compositeur lui-même lui a donné, car il suit fidèlement le texte de Etranger, un poème de Lorand Gaspar. Qsar Ghilâne, que Florentz suggère de traduire par «le palais des djinns qui déroutent les nomades», est une oasis du Sud tunisien où l’on «entend de mystérieuses mélopées, et bien d’autres sons étranges...». Il n’en fallait pas plus pour que cet amoureux des «vastes horizons de l’Orient et de l’Afrique» y trouve l’inspiration d’une ivresse sonore en perpétuel renouvellement, conjuguant les influences de Ravel, Respighi, Villa-Lobos ou – chants d’oiseaux oblige (bien entendu scrupuleusement répertoriés) – Messiaen, qui fut l’un de ses maîtres. L’évocation de ces quatre noms, qui figurent parmi les plus brillants orchestrateurs du siècle passé, suffit à témoigner du raffinement des textures et de l’hédonisme du propos.


Bouillonnant d’activité et toujours sans baguette, Nelson conclut par une Cinquième symphonie de Beethoven qui ne cherche pas midi à quatorze heures, jouée avec toutes les reprises: Allegro con brio aux contours fermement dessinés, Andante con moto allant, comme il se doit, et Scherzo carré, suivi d’une transition fantomatique vers un Allegro final à la fois épique et tonitruant.



Simon Corley

 

 

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