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Le phénomène Karabits

Paris
Radio France
09/13/2003 -  

Johann Gottlieb Graun : Sinfonia a 6 en ré majeur, Sinfonia grosso à 12 en sol majeur, Sinfonia en ré majeur
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 14

Marina Mescheriakova (soprano), Denis Sedov (basse)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Kirill Karabits (direction)

Alexander von Zemlinsky : Six chants opus 13, Une Tragédie florentine
Iris Vermillon (Bianca, mezzo soprano pour les Six chants), Viktor Lutsiuk (Guido Bardi), Albert Dohmen (Simone)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Armin Jordan (direction)



Contrairement au journal Le Monde qui semble déplorer que la saison musicale s'ouvre sans anicroche (1), ConcertoNet se réjouit que les concerts ne soient pas perturbés par des "intermittents", en fait des agitateurs professionnels qui sont des artistes comme moi je suis curé. Il aurait été en effet criminel de s'attaquer au superbe week-end d'ouverture de Radio France qui, après les Harmonies poétiques et religieuses de Liszt par Aldo Ciccolini vendredi, proposait deux autres rendez vous d'exception ce samedi, avant l'Orchestre Français des Jeunes dimanche (lire ici). A 17 heures c'est le "chef associé" du Philharmonique qui entre en scène, un jeune Ukrainien de 27 ans, Kirill Karabits. S'il possède déjà un "mini CV" non négligeable (assistant d'Ivan Fisher de 1998 à 2000, quelques prix remportés), il impressionne, en première partie, par sa battue franche et claire et la qualité de mise en place qu'il obtient dans les symphonies de Graun (1702/3-1771), des œuvres provenant d'un corpus de musique du XVIIIe siècle tombé dans l'oubli mais que je jeune Ukrainien, parmi d’autres, s'attache à faire connaître. Mais c'est surtout dans l'exigeante 14e de Chostakovitch, une symphonie de chambre avec deux voix, que Karabits s'impose, tout simplement, comme un "grand" chef. Au delà d'une impeccable précision du geste, il insuffle à ce cycle de lieder une tension permanente et fait preuve d'une parfaite intelligence de l'œuvre. Une performance assurément, et l'on espère pouvoir le réentendre prochainement pour confirmer cette excellente première impression. Les deux solistes, Marina Mescheriakova et Denis Sedov, sont vocalement somptueux et le Philharmonique au sommet, avec des interventions solistes remarquables, notamment celles de la violoncelliste Nadine Pierre.


A 20 heures on retrouve la même formation symphonique mais cette fois étendue sur la totalité de la scène de la Maison de la Radio, c'est à l'opulence orchestrale de Zemlinsky que nous sommes invités ! Les effluves capiteuses de la Vienne début de siècle emplissent la salle. Après les Six chants (1913-14) envoûtants et envoûtés par Iris Vermillon, le ténor Viktor Lutsiuk (de la troupe du Mariinski, excellent, et par ailleurs familier des rôles wagnériens) et la basse Albert Dohmen la rejoignent pour Une Tragédie florentine (1916). L'intrigue, d'Oscar Wilde, est linéaire : un homme rentre chez lui après un long voyage et surprend sa femme avec une personne qu'il identifie tout de suite comme étant son amant, il engage, courtoisement, la discussion avec lui, le fait parler pour l'inciter à découvrir ses vraies intentions avant de le provoquer en duel puis de le tuer en l'étranglant. "Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu étais si fort ?" lui demande sa femme, "Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu étais si belle ?" lui répond-il. Rideau. Armin Jordan connaît la partition comme sa poche, le Philhar’ est - encore - au sommet et les trois solistes sont parfaits. Encore un week-end exceptionnel comme sait nous en concocter le "directeur de la musique à Radio France", René Koering. Prochain week-end "Figures" : 24, 25, 26 octobre.




(1) Le 5 septembre Le Monde écrit : « Sollicité par téléphone, Hugues Gall, le directeur, a fait savoir qu'il n'avait rien à dire sur le dossier des intermittents et que cela ne le concernait pas. Une déclaration qui a soulevé l'indignation des salariés de cette structure », ou comment transformer un refus de parler en une déclaration (!) que l’on enfonce comme un coin entre la direction et le personnel, auquel on indique ensuite la marche à suivre : « Un préavis de grève sera déposé dans les jours qui viennent pour la première [des Indes galantes] du 13 septembre.» Le quotidien en remet une couche le 12 septembre : « L'arrivée d'un appariteur sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées, mercredi 10 septembre, soir de début de saison pour l'Orchestre national de France, a provoqué une pensée unique : "Les intermittents du spectacle !" Tout le monde a tendu l'oreille », ce qui est bien sûr totalement faux puisqu’à chaque concert dans ce théâtre un appariteur vient dire aux spectateurs d’éteindre leurs portables, personne n’a donc été surpris ! Rebelote un paragraphe plus loin à propos du concert d’ouverture de l’Orchestre de Paris : « Toujours pas la moindre ombre d'intermittents pour enrayer la machine de guerre de la Première Symphonie "Titan" de Mahler. » Faut-il le regretter ? Ou alors s’agit-il de donner des idées aux excités des « coordinations » et autres « collectifs » ? Quoi qu’il en soit, la manip du « quotidien de référence » a échoué. Tant mieux.





Philippe Herlin

 

 

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