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Un Werther sans Charlotte

Lyon
Opéra National
05/16/2003 -  et 18, 21, 23, 26, 28, 30 mai, 1er juin 2003
Jules Massenet : Werther
Gwyn Hugues Jones (Werther), Béatrice Uria-Monzon (Charlotte), Philippe Georges (Albert), Hélène Le Corre (Sophie), Paul Gay (le Bailli), Bruno Comparetti (Schmidt), Pierre-Yves Pruvot (Johann), Sophie Lou (Kätchen), Brian Bruce (Brühlmann).
Orchestre et Maîtrise de l’Opéra de Lyon, Christian Badea (direction)
Willy Decker (mise en scène)


Ce qui frappe dans cette reprise lyonnaise de Werther, c’est d’abord la qualité de la production. La mise en scène de Willy Decker paraît toujours aussi inventive, aussi riche en symboles, avec ce portrait de la mère incarnant l’interdit qui conduira à la tragédie, avec cette séparation des espaces, celui d’une société figée et répressive et celui de deux êtres à qui elle interdit assumer leur désir. Leur destin est d’ailleurs scellé dès le début, avant même le début : on sait déjà que Werther se suicidera.
Musicalement, les choses sont plus inégales. Beaucoup trop sonore malgré un belle voix homogène dans les deux premiers actes – on croirait qu’il chante Samson – le Werther de Gwyn Hugues Jones donne toute sa mesure dans les derniers, où il intériorise enfin la souffrance du héros, témoignant d’une grande subtilité dans les nuances, notamment dans le Lied d’Ossian. Il chante, de surcroît, dans un français impeccable qui devrait faire honte à Béatrice Uria-Monzon, dont la Charlotte – pourtant si belle à Genève en octobre 1999 – ne cesse de se dégrader. L’émission est aussi pâteuse que l’articulation, le vibrato n’est plus contrôlé, la ligne est chaotique, tout est chanté forte sans égard aux nuances comme à l’évolution du personnage. Voilà Charlotte transformée en matrone uniquement occupée à donner de la voix… une belle voix d’ailleurs ; mais une belle voix ne suffit pas. Les autres rôles sont bien tenus, avec une mention particulière pour la Sophie d’Hélène Le Corre, d’une fraîcheur sans mièvrerie. Au pupitre, Christian Badea, qui avait la baguette bien plate dans la Bohème ou le Chevalier à la rose, est infiniment plus à l’aise dans Werther, qu’il dirige avec un grand sens du théâtre : il y a bien encore quelques prosaïsmes, parfois un peu bruyants, surtout dans les deux premiers actes (avec un Clair de lune expédié) ; mais le reste est très beau, le chef restituant avec bonheur toutes les subtilités de l’instrumentation (la transition orchestrale entre les deux derniers actes est magnifiquement réussie). On est donc globalement satisfait. Mais Werther sans Charlotte, est-ce encore Werther ?



Didier van Moere

 

 

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