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De Puccini à Zemlinslky

Bruxelles
La Monnaie
02/11/2003 -  et les 24, 26, 28, 30, 31 janvier et 2, 4, 6 et 8 février 2003
Alexander von Zemlinsky : Eine florentische Tragödie et Der Zwerg
Tragödie : James Johnson/ James Wegner [le 11 février] (Simone), Pär Lindskog (Guido Bardi), Randi Stene (Bianca)
Zwerg : Douglas Nasrawi (Der Zwerg), Claudia Barainsky (donna Clara), Geraldine McGreevy (Ghita), Peter Sidhom (Don Estoban), Hélène Le Corre, Xenia Konsek, Katija Dragojevic (Drei Zofen), Rosa Brandao, Chantal Colllins (Zwei Mädchen)
Andreas Homoki (mise en scène) , Wolfgang Gussmann (décors et costumes), Franck Evin (éclairages), Renato Balsadonna (chef des chœurs),
Orchestre Symphonique et Chœurs de Femmes de la Monnaie,
Markus Stenz/ Uwe Sandner [le 30 janvier] (direction musicale)
Nouvelle Production du Théâtre Royal de la Monnaie ; coproduction Komische Oper, Berlin

Giacomo Puccini : La Bohème
10, 11, 12, 14, 15, 17, 18, 20, 21, 22*, 26, 27, 28, 29, 31 décembre 2002 ; 2, 3 janvier 2003
Olga Guryakova/Rossella Ragatzu/Tatiana Lisnic (Mimi), Marco Berti/Rolando Villazon(Rodolfo), Peter Mattei/Earle Patriarco (Marcello), Giselle Allen/Anne-Catherine Gillet (Musetta), Erwin Schrott/Alessandro Guerzoni (Colline), Stéphane Degout/Alfredo Daza (Schaunard), Marc Coulon (Parpignol), Bernard villiers (Benoit), Chris DeMoor( Alcindoro), Aldo De Vernati (Doganiere), Damien Parmentier (Sergente), Hadrien Van Eerdewegh, Bertrand Vosse (Due Ragazzi)
Christof Loy (mise en scène), Herbert Murauer (décors et costumes), Reinhard Traub (éclairages), Rentao Balsadonna (chef des chœurs), Denis Meunier (chef des chœurs d’enfants)
Orchestre symphonique, chœurs et chœurs d’enfants de la Monnaie, Antonio Pappano [jusqu’au 22 décembre]/ Danielle Callegari [à partir du 26 décembre]
Nouvelle Production du théâtre royal de la Monnaie ; coproduction Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg


L’occasion d’assister à une représentation de la Bohème de Puccini est chose courante, mais celle proposée par le Théâtre Royal de la Monnaie marquera l’histoire de cette grande Maison grâce à une réussite exceptionnelle sur tous les plans. Le metteur en scène Christof Loy, aidé par son décorateur et costumier Herbert Murauer, aura su respecter l’œuvre de Puccini, au prix d’une légère reconstitution historique pour la rendre plus sensible encore à nos attentes plus contemporaines. La direction de l’équipe de chanteur-comédiens a été particulièrement travaillée comme en témoigne l’extrême clarté du propos. Loy a joué sur le contraste entre les tableaux intimistes, enfermants et ceux qui nous entraînent vers un Paris plus superficiel mais plus impressionnant mais tout aussi oppressant. Ce 22 décembre 2002, ce qui doit être vraisemblablement sa dernière représentation dans la fosse de la Monnaie avant longtemps, Antonio Pappano a démontré son affinité désormais indéniable avec le style puccinien, faisant oublier ses malheureuses Tosca. Il réussit d’autre part à transformer une équipe de chanteurs de talent en interprètes inoubliables et parfaitement en style ; Olga Guryakova, familière du répertoire russe, est méconnaissable : legato, piani, articulation, maîtrise du vibrato en font une grande, très grande Mimi ; à ses côté, le Rodolfo de Marco Berti ne démérite pas non plus, malgré une tendance à détimbrer dans les piani ; Peter Mattei est le solide et touchant Marcello auquel on s’attend ; Giselle Allan une Musetta extravagante mais sobre en même temps. N’oublions pas les deux exceptionnelles incarnations des impeccables Erwin Schrott et Stéphane Degout, sans parler des chœurs en splendide forme pour saluer une Bohème qu’on ne risque pas d’oublier.

Quelques semaines plus tard, le Théâtre proposait deux courts opéras d’Alexander von Zemlinsky, musicien fascinant qui semble depuis peu sortir d’un anonymat d’où il était injustement tombé. Tant mieux !
Et d’autant mieux que le spectacle, coproduit avec Komische Oper de Berlin, est signé par Andreas Homoki, l’un des grands metteurs en scène d’aujourd’hui (qui ne peut avoir en mémoire sa fabuleuse vision de sa Frau ohne Schatten donnée à Genève puis au Châtelet ?)qui réussit parfaitement cette production.
Le rideau s’ouvre sur la sombre Florentinische Tragödie, inspirée par Oscar Wilde, huit-clos oppressant entre un mari trompé, une femme lasse et un prince arrogant, l’amant qui sera finalement tué pour que les époux retrouvent un élan amoureux. Le décor de Wolfgang Gussmann est impressionnant dans sa simplicité : nombreuse et encombrantes boîtes entassées, symbolisant la profession du mari, qui y met ses marchandises. La violence toute retenue du mari se mue par la musique de Zemlinsky en un passage à l’acte inéluctable et terrible, un crescendo nécessaire parfaitement en situation. La distribution est dominée par James Wegner, remplaçant au dernier moment James Johnson souffrant, mais qui connaissait bien la mise en scène pour l’avoir interprétée à Berlin. Plus en retrait, la Bianca de Randi Stene et Pär Lindskog ne déméritent pas, dans une œuvre concise et forte.
En deuxième partie est présentée Der Zwerg également inspiré d’Oscar Wilde ( The Birthday of the Infanta), œuvre plus développée, plus tardive , plus touchante encore, d’une écriture musicale plus raffinée et plus diversifiée ; une œuvre qui devrait être représentée plus souvent de part sa beauté et le thème bouleversant parfaitement rendu par Zemlinsky (qui s’identifiait paraît-il fortement au personnage principal).
La capricieuse Infante Donna Clara reçoit de nombreux cadeaux (poétiquement représentés sur la scène par Wolfgang Gussmann). Mais le plus original est un Nain qui ignore tout de sa laideur et tombe amoureux de Donna Clara qui charge sa camériste Ghita, seul personnage véritablement humain de cette cour, de lui annoncer ses caractéristiques. Tout d’abord incrédule, il est obligé d’accepter la réalité du miroir et il meurt tant le sens de la vie lui est perdu. La musique de Zemlinsky lyrique, finement et richement orchestrée, traitant merveilleusement la voix et l’harmonie mérite de retrouver sa place dans l’histoire du vingtième siècle.
Elle particulièrement bien défendue à Bruxelles par Markus Stenz qui sait touver le ton juste, la limite entre le pathétique et la mièvrerie, soutenant une formidable équipe de chanteur, en premier lieu Douglas Nasrawi qui nous tire des larmes, Geraldine McGreevy, voix magnifique et incarnation touchante et Peter Sidhom, Don Estoban efficace. Les trois caméristes sont parfaites. Enfin Claudia Barainsky a le physique idéal pour cette jeune fille involontairement perverse et immature, même si la voix manque un peu de substance.
Au total, deux réussites de plus pour cette grande maison d’opéra qu’est la Monnaie.



Christophe Vetter

 

 

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