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Contresens

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/20/2000 -  
Felix Mendelssohn: "Ruy Blas" (ouverture)
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour piano n° 20, K. 466
Ludwig van Beethoven: Symphonie n° 7, opus 92

Elisabeth Leonskaja (piano)
Orchestre national de France, Vassily Sinaisky (direction)


Elisabeth Leonskaja (© Rafael Martin)


Une nouvelle fois, le triptyque habituel (ouverture, concerto, symphonie) fait salle comble au Théâtre des Champs-Elysées. Il est vrai que les œuvres programmées avaient tout pour attirer un large public.


On aura quand même pu d'abord découvrir une rareté de Mendelssohn: l'ouverture composée en 1839 pour une représentation de Ruy Blas de Victor Hugo. Le compositeur s'y livre avec un plaisir manifeste à une sorte d'exercice de style réalisé avec métier (introduction lente, deux thèmes bien contrastés dans l'allegro, apothéose finale). Il y fait même preuve d'une force, voire d'une épaisseur, qu'on ne lui connaît pas d'ordinaire. Avec la fougue qu'y mettent l'Orchestre national et son chef d'un soir, Vassily Sinaisky, c'est une belle entrée en matière, qui rappelle tour à tour les ouvertures pour Egmont, Manfred ou Rienzi.


Dans le fameux concerto en ré mineur de Mozart, la rencontre entre une œuvre d'exception et une interprète d'exception ne se produit pas. La pianiste Elisabeth Leonskaja déçoit: elle défend, de bout en bout, une conception ascétique - mais cohérente - de ce concerto, parfaitement suivie en cela par un chef et un orchestre méconnaissables après les déchaînements mendelssohniens. Mais sans verser dans des excès de pathos et de romantisme, doit-on en arriver à interpréter un témoignage aussi manifestement personnel, dramatique, engagé, avec autant de détachement, toujours recto tono, souvent avec sécheresse (conséquence, notamment, d'une utilisation plus que parcimonieuse de la pédale), rarement avec poésie, jamais avec passion? Dans le concerto en ut mineur (Vingt-quatrième), sans doute moins personnel, moins "vécu" par le compositeur, peut-être, mais pas dans le mineur. De fait, dès les premiers halètements de l'orchestre, les dés sont jetés: nous n'assisterons pas un drame. Et jusqu'à la libération finale du majeur, difficile de s'intéresser à ce qui se déroule sur scène.


Ceci dit, Leonskaja assume intégralement ce choix, jusque et y compris dans son bis (le mouvement final de la Seizième sonate): pour cette musique d'une portée plus limitée, une telle approche, qui se situe quelque part entre Gould et Richter, finirait presque par susciter l'admiration, pour peu que l'on accepte de renoncer à la "grâce" mozartienne.


Dans la Septième symphonie de Beethoven, Sinaisky ne fait pas dans la dentelle. A la russe, pourrait-on dire. Il empoigne la pâte sonore à pleines mains, privilégie des tempi lents (une fois de plus, l'Allegretto est, au mieux, un Andante, et la section Assai meno presto du Scherzo se transforme en fanfare solennelle), au détriment de la pulsation qui est l'essence même de chacun des quatre mouvements. Solide, pour ne pas dire lourde dans la section Presto du Scherzo, cette interprétation insiste sur la vigueur de l'œuvre, mais, dans l'acoustique impitoyable du Théâtre des Champs-Elysées, ne présente pas l'Orchestre national sous un jour aussi favorable que la semaine précédente dans Bruckner sous la direction de Perick.



Simon Corley

 

 

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