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Joyeux Noël Vienna Konzerthaus 12/22/2025 - et 23* décembre 2025 Johann Sebastian Bach : Weihnachtsoratorium, BWV 248 (Première, deuxième et sixième parties) Miriam Kutrowatz (soprano), Marianne Beate Kielland (alto), Robin Tritschler (ténor), Matthias Winckhler (basse)
Wiener Singakademie, Heinz Ferlesch (chef de chœur), Wiener Symphoniker, Fabio Biondi (direction)
 (© Johannes Niesel-Reghenzani)
Les rituels des concerts de fin d’année battent désormais leur plein dans la capitale autrichienne ; la représentation de l’Oratorio de Noël de Bach – sous sa forme partielle, l’œuvre complète s’étendant sur près de deux heures et demie – permet cette année de retrouver l’Orchestre symphonique de Vienne et la Wiener Singakademie, sous la direction du violoniste et chef d’orchestre baroque Fabio Biondi. Jouée sur instruments modernes, l’interprétation ne revendique en définitive qu’à la marge l’influence de l’approche historiquement informée que l’on pourrait attendre de l’interprète italien, si ce n’est par un sens aigu de la légèreté, et de la directionnalité des phrasés qui mettent en valeur le caractère souvent dansant et festif de l’œuvre.
Le chef n’hésite pas à sculpter les dynamiques avec finesse, privilégiant la limpidité des entrées instrumentales sans emphase excessive, et s’autorisant quelques libertés de tempo audacieuses – comme ce quasi‑dédoublement de pulsation dans la première aria (mesure 62), destiné à en souligner la structure strophique. Les solos instrumentaux se distinguent par leur impeccable tenue, exécutés avec une modestie bienvenue qui les maintient fermement intégrés au tissu orchestral.
Côté vocal, le chœur offre une prestation solide et homogène. Au sein du quatuor soliste, Marianne Beate Kielland rayonne, visiblement habitée par le plaisir du chant et de la scène, son sens de l’écoute lui permettant de fusionner naturellement avec l’orchestre. Le velouté du baryton‑basse Matthias Winckhler et le timbre dense et savoureux du ténor Robin Tritschler, à la virtuosité discrète, complètent un plateau soliste de tout premier plan. La soprano Miriam Kutrowatz convainc en revanche moins : une projection trop opératique tend à la surexposer, révélant quelques duretés, là où le reste des interprètes privilégie une approche résolument concertante.
Cette lecture, imaginative, lyrique et expressive sans excès, frappe par son équilibre et par l’intégration naturelle des moments solistes. Une vision lumineuse et joyeuse, qui nous laisse, à la sortie du concert, dans les meilleures dispositions pour célébrer Noël.
Dimitri Finker
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