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Le retour du boss

Vienna
Musikverein
12/18/2025 -  et 20, 21* décembre 2025
Ludwig van Beethoven : Ouverture « Leonore III », opus 72b – Symphonie n° 5 , opus 67
Richard Strauss : Metamorphosen, AV 142

Wiener Philharmoniker, Franz Welser‑Möst (direction)


F. Welser-Möst (© Dieter Nagl)


Le grand retour au pays de Franz Welser-Möst, simultanément à l’Opéra d’Etat et au Musikverein, s’effectue à travers un programme fortement symbolique : Fidelio (actuellement en représentation), la Cinquième Symphonie de Beethoven, ou encore les Métamorphoses de Strauss – c’est tout un pan du répertoire associé aux moments historiques du Philharmonique de Vienne et des institutions dans lesquelles il évolue. C’est aussi un retour aux sources programmatique évident, après les incursions plus exotiques proposées par Jakub Hrůša lors du précédent concert d’abonnement.


On ne peut qu’admirer les capacités caméléoniennes de l’orchestre, qui semble se métamorphoser d’un chef à l’autre. Les Wiener affichent ici un impact, un poids et une précision qu’on ne leur associe pas toujours. Si Christian Thielemann évoque volontiers le capitaine à la barre d’un navire, déléguant sereinement les tâches à son équipage, Welser‑Möst apparaît plutôt comme un dirigeant d’entreprise exigeant, tenant son équipe par la bride et relançant la machine au moindre signe de relâchement.
L’Ouverture Léonore III bénéficie sans doute le plus de cette approche : une introduction relativement vive débouche sur un Allegro mené avec une efficacité vrombissante, laissant jaillir de véritables fulgurances. La Cinquième Symphonie impressionne par sa lisibilité et la netteté de ses articulations, avançant coûte que coûte, la rigueur des tempi imposant une urgence implacable – inexorable, à défaut d’être véritablement électrisante. La maîtrise est fascinante, tant à l’échelle des phrasés (quel fugato dans le troisième mouvement, solennel sans emphase !) que dans l’architecture globale, remarquablement cohérente.


Les Métamorphoses de Richard Strauss, chronométrées à un peu moins de vingt‑cinq minutes, paraissent parfois plus impérieuses que passionnées, poussant certaines transitions à la limite du péremptoire. Il faut attendre la section finale pour que les tempi s’élargissent et que les coloris se réchauffent, permettant à l’émotion de s’imposer plus pleinement.


L’association entre la souplesse des Wiener et la direction altière, un brin dirigiste, de Franz Welser‑Möst pourrait sembler contre nature. L’orchestre s’y adapte néanmoins sans crispation ni dureté perceptible, générant au contraire une propulsion et une densité sonore inhabituelles. Cette rigueur de l’approche réserve peu d’espace au laissez‑faire dans l’exécution, semblant laisser la partition (et rien que la partition) faire son effet : s’il subsiste, au fond, assez peu de métaphysique entre les notes, l’exaltation d’entendre ces exécutions tirées au cordeau galvanise le public viennois.



Dimitri Finker

 

 

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