|
Back
Le BBL en état de grâce Lausanne Théâtre de Beaulieu 12/16/2025 - et 17, 18, 19, 20, 21 décembre 2025
Oskar Simone Repele, Sasha Riva (chorégraphie, costumes, décors), Parvaneh Scharafali (assistante à la chorégraphie), Dimitri Chostakovitch, Johannes Brahms, Ruggero Leoncavallo (musique)
Oscar Eduardo Chacón (Oskar), Elisabet Ros, Min Kyung Lee, Antoine Le Moal, Aubin Le Marchand. Floriane Bigeon, Clara Boitet, Edoardo Boriani, Cyprien Bouvier, Efe Burak, Jasmine Cammarota, Jule Deutschmann, Emma Foucher, Oscar Frame, Carolina Fregnan, Zsolt Kovács, Ana Ksovreli, Andrea Luzi, Liam Morris, Angelo Perfido, Bianca Stoicheciu, Konosuke Takeoka, Kathleen Thielhelm, Josue Ullate, Denovane Victoire (danseurs)
Leila Chételat (costumes), Alessandro Caso (lumières)
Real Love
Andonis Foniadakis (chorégraphie, lumières), Christian Denice (assistant à la chorégraphie), Martin L. Gore (musique)
Clara Boitet, Solène Burel, Jule Deutschmann, Emma Foucher, Min Kyung Lee, Olha Skrypchenko, Kathleen Thielhelm. Edoardo Boriani, Cyprien Bouvier, Dorian Browne, Oscar Frame, Kwinten Guilliams, Zsolt Kovács, Daniel Ramsay, Konosuke Takeoka (danseurs)
Anastasios Sofrionu (costumes), Etienne Gaches (lumières)
L’Oiseau de feu
Maurice Béjart (chorégraphie), Igor Stravinski (musique)
Hideo Kishimoto (L’Oiseau), Oscar Frame (Le Phénix), Jasmine Cammarota, Liam Morris, Kwinten Guilliams, Chiara Posca, Floriane Bigeon, Jeronimas Krivickas, Angelo Perfido, Denovane Victoire (Les partisans). Edoardo Boriani, Efe Burak, Oana Cojocaru, Emma Foucher, Carolina Fregnan, Ana Ksovreli, Antoine Le Moal, Andrea Luzi, Olha Skrypchenko, Bianca Stoicheciu, Josue Ullate (Les petits oiseaux)
Joelle Roustant, Roger Bernard (décors, costumes)
 (© Admill Kuyler)
Pour les fêtes de fin d’année, le Béjart Ballet Lausanne (BBL) a offert un magnifique triptyque chorégraphique, alliant création contemporaine et héritage béjartien classique. Un programme particulièrement vibrant et enthousiasmant, comme la compagnie n’en avait plus présenté depuis longtemps. Sous l’impulsion de son directeur artistique, Julien Favreau, le BBL entend bien ne pas se cantonner à la reprise de chorégraphies de Maurice Béjart, mais aussi faire la part belle à l’innovation et à l’audace, dans un souci bienvenu de renouvellement et d’élargissement du répertoire. Le programme qui vient d’être présenté à Lausanne en est l’illustration éclatante.
La soirée s’est ouverte avec Oskar, un ballet imaginé par les deux chorégraphes Simone Repele et Sasha Riva pour le danseur Oscar Chacón, pilier du BBL. Alternant passages d’une intensité et d’une énergie folles avec des tableaux sous forme de moments suspendus, poétiques et oniriques, l’œuvre trace le portrait d’un clown en quête de sens ou, plus généralement, d’un artiste à la découverte de son avenir, avec de très nombreuses références, notamment à Michael Jackson, au Joker, à Charlie Chaplin ou encore à Buffo (Howard Buten). Et d’ailleurs, le ballet se conclut sur le célèbre « Vesti la giubbia » de Pagliacci, chanté par Luciano Pavarotti. Il débute avec la Cinquième Danse hongroise de Brahms puis se poursuit avec trois mouvements de la Onzième Symphonie de Chostakovitch. Dans le rôle principal, Oscar Chacón émerveille tout à la fois par son énergie et sa fragilité, constamment sur le fil du rasoir entre émotion, humour et mélancolie.
Real Love, d’Andonis Foniadakis, est inspiré par les années 1990, des années que le jeune danseur d’alors a passées au sein du BBL, où il a connu Maurice Béjart. Et c’est d’ailleurs pour la compagnie qu’il a signé ses deux premières chorégraphies. Trente ans plus tard, il revient à Lausanne avec un ballet porté par la musique du groupe britannique Depeche Mode, un ballet d’une énergie percutante, un hymne à la fougue de la jeunesse, mené à un rythme d’enfer. Un ballet très technique aussi puisque les filles dansent sur pointes. La troupe éblouit par sa vitalité et son engagement.
La soirée s’est terminée avec L’Oiseau de feu, créé par le Ballet de l’Opéra de Paris en 1970. Il s’agit d’une des chorégraphies emblématiques de Maurice Béjart, qui, à l’époque, avait fait preuve d’audace en s’éloignant de l’argument originel et de son univers féerique. L’oiseau de feu est ici le phénix qui renaît de ses cendres, symbole de la lutte, de la mort et de la renaissance, une approche novatrice qui, cinquante ans plus tard, garde toute sa pertinence et sa force. Le chorégraphe a aussi renoncé à l’intégralité de la partition et a préféré se fonder sur l’une des trois Suites de Stravinski, en l’occurrence celle de 1919. Dans le personnage de l’Oiseau, Hideo Kishimoto a repris le rôle avec une virtuosité et une sensibilité remarquables, alliant maîtrise technique et intensité artistique. La soirée s’est conclue sur une ovation debout d’un public entièrement conquis par une compagnie en état de grâce.
Claudio Poloni
|