About us / Contact

The Classical Music Network

Geneva

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

De l’enchantement à l’ennui

Geneva
Grand Théâtre
11/19/2025 -  et 20, 21, 23, 25 novembre 2025

Boléro

Damien Jalet, Sidi Larbi Cherkaoui (concept et chorégraphie), Maurice Ravel (musique)>BR /> Marina Abramovic (concept et décors), Riccardo Tisci (costumes), Urs Schönebaum (lumières), Aimilios Arapoglou, James O’Hara (conseillers à la chorégraphie)


Bal impérial (création)
Sidi Larbi Cherkaoui (chorégraphie), Johann Strauss fils (musique), Tsubasa Hori, Shogo Yoshii (musique additionnelle et musiciens sur scène)
Tim Yip (décors, costumes), Jin Yau (assistant aux décors et aux costumes), Jen Schriever (lumières), Afshin Varjavandi (assistant à la chorégraphie), German Cornejo, Carolina Giannini, Riley O’Flynn (consultants à la chorégraphie), Satoshi Kudo (spécialiste arts martiaux), Hisashi Itoh (conseiller artistique), Marc Leroy-Calatayud (conseiller musical)
Ballet du Grand Théâtre de Genève
Kazutomi « Tsuki » Kozuki (chanteur), Orchestre de la Suisse Romande, Constantin Trinks (direction musicale)


Bal impérial (© Gregory Batardon)


Si le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui a enchanté Genève il y a un mois avec un magnifique Pelléas et Mélisande, où les pensées et les émotions des personnages étaient symbolisées par les mouvements de danseurs évoluant sur scène à côté des chanteurs – une merveille –, le diptyque de danse qu’il vient de présenter est nettement moins réussi, avec pour résultat une soirée passablement ennuyeuse. Tout avait pourtant bien commencé avec le célèbre Boléro de Ravel, créé à Paris en 2013 et repris pour l’occasion à Genève. Là où Maurice Béjart proposait une célébration sensuelle et solaire autour d’un ou d’une soliste sur une table ronde, Sidi Larbi Cherkaoui et son fidèle complice Damien Jalet ont imaginé une danse macabre et existentielle, explorant les thèmes de la mort et de la dissolution. La chorégraphie suit fidèlement la structure musicale de Ravel, avec son crescendo gigantesque où le motif répétitif passe d’un instrument à l’autre sur un ostinato de caisse claire. La scénographie, signée Marina Abramovic, est épurée : un grand miroir incliné domine le plateau, reflétant les danseurs et doublant l’espace, donnant une impression de spirale ou de vortex hypnotique et créant un effet visuel saisissant. En un mot comme en cent : une vision originale et audacieuse.


Les choses se gâtent malheureusement avec la seconde œuvre du programme, Bal impérial. Cette création met en scène l’univers de la valse viennoise de Johann Strauss fils, interprétée avec une touche d’ironie. La chorégraphie dépeint une élite qui se divertit, masquant l’agitation du monde, les morts qui se succèdent et les stratégies militaires sous des pas de danse codifiés. Le propos se veut clairement politique, avec la danse de salon liée à la marche guerrière. La première scène est particulièrement prenante : des danseurs en tenue de bal ou en costume militaire valsent autour d’une longue table apprêtée pour un banquet et posée au milieu du plateau, s’étreignant ou s’entretuant. La dernière scène touche aussi par sa grâce et son émotion, avec des danseurs libérés de leurs costumes et des corps qui s’enchevêtrent, poétiques et sensuels. Entre les deux, des valses menées au pas de charge au son de la musique de Strauss, de superbes tableaux aux couleurs somptueuses, mais les 90 minutes de l’œuvre finissent par paraître longues, très longues même. L’utilisation d’instruments de percussion japonais, qui crée une confrontation culturelle insolite et inattendue, une sorte de dialogue entre l’Orient et l’Occident, ne permet pas de dissiper le sentiment d’ennui profond qui finit par s’installer.



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com