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Léger comme la paille

Liège
Opéra royal de Wallonie
11/16/2025 -  et 19, 21, 23, 25 novembre 2025
Nino Rota : Il cappello di paglia di Firenze
Ruzil Gatin (Fadinard), Pietro Spagnoli (Nonancourt), Maria Grazia Schiavo (Elena), Josy Santos (La Baronessa de Champigny), Marcello Rosiello (Beaupertuis), Rodion Pogossov (Emilio), Elena Galitskaya (Anaide), Didier Pieri (Lo zio Vézinet), Lorenzo Martelli (Felice), Elisa Verzier (La modista), Blagoj Nacoski (Achille di Rosalba, Une guardia), Marc Tissons (Un caporale delle guardi), Léonid Anikin (Minardi)
Chœur de l’Opéra royal de Wallonie, Denis Segond (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Leonardo Sini (direction musicale)
Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin (décors), Silvia Aymonino (costumes), Luciano Novelli (lumières)


(© Jonathan Berger/Opéra royal de Wallonie-Liège)


Sans aucun doute la curiosité de la saison à l’Opéra royal de Wallonie. Surtout connu pour ses musiques de film, Nino Rota a aussi composé quelques opéras, dont Le Chapeau de paille de Florence (1955). De Florence, en effet, et pas d’Italie, contrairement au titre de la comédie de Labiche dont cette farce musicale en quatre actes est tirée. Le compositeur en a rédigé le livret avec, chose inhabituelle, sa mère, Ernesta Rota Rinaldi. Dans cet ouvrage relevant de l’opéra bouffe et du vaudeville, tout part d’un chapeau de paille mangé par un cheval. Le couvre‑chef appartenait à Anaide, qui l’a reçu de son mari jaloux, Beaupertuis, mais lors du méfait de l’animal, elle batifolait avec Emilio, avec qui elle entretient une relation extraconjugale, tandis que l’équidé a pour maître Fadinard. Ce dernier est embêté par la situation, parce qu’en plus de trouver une solution d’urgence pour remplacer le chapeau à l’identique, il doit se marier avec Elena. S’ensuivent à toute vitesse une série de péripéties fort amusantes, lesquelles aboutissent à une fin heureuse. Et la musique rehausse avec délice cet argument plein de rebondissements. Elle ne se situe pas à la pointe de l’avant‑garde, mais elle témoigne d’un vrai métier, procure bien du plaisir, du fait de son rythme et de ses motifs, et sonne avec pimpant et netteté.


Créé à Palerme dix ans après son achèvement, cet ouvrage, qui mérite d’être connu, entre au répertoire de l’Opéra royal de Wallonie, avec cette réjouissante production du Teatro Carlo Felice de Gênes. La mise en scène bien enlevée de Damiano Michieletto respecte l’esprit du vaudeville tout en épousant au plus près le rythme de cette musique. Sophistiquée, mais cohérente et fluide, elle repose sur une excellente direction d’acteur, ce qui permet de bien camper d’emblée tous ces personnages, certains se détachant toutefois un peu plus que d’autres, le tout dans un décor simple mais qui fait l’affaire : un plateau tournant et incliné comportant des murs et des portes, ainsi que quelques accessoires. Voilà une légèreté qui fait du bien, là où trop souvent les décors paraissent lourds et encombrants. La couleur blanche domine, mais aussi le vert, sous les effets lumineux concoctés par Luciano Novelli. Et tout le monde porte de beaux costumes qui situent l’action plutôt à l’époque de la création.


L’Opéra royal de Wallonie n’a pas négligé la distribution : il n’y a aucune raison de sous‑estimer ce genre d’œuvre exigeante. Les chanteurs, d’ailleurs, possèdent de l’expérience dans les opéras de Rossini, de Donizetti et de Mozart, et cela s’entend, et plus d’un doit affronter une partie, par moments, des plus périlleuses. Epinglons pour la voix, le chant et le talent d’acteur le Fadinard de Ruzil Gatin, la Baronne de Josy Santos, le Beaupertuis de Marcello Rosiello, l’Elena de Maria Grazia Schiavo, bien que tous les interprètes méritent les applaudissements : ce sont autant maillons forts dans cette distribution compétence et inspirée. Sous la direction de Leonardo Sini, l’orchestre se montre vif et précis, suffisamment léger, et il développe de goûteuses sonorités, les bois s’illustrant plus d’une fois par leur finesse et leur expressivité. Les chœurs, même s’ils n’interviennent pas beaucoup, se sentent également concernés, jouant aussi bien qu’ils chantent. Un excellent divertissement et jusqu’à présent le meilleur spectacle de la saison à l’Opéra royal de Wallonie.



Sébastien Foucart

 

 

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