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Couleurs

Paris
Théâtre Mogador
10/09/2002 -  et 10* octobre 2002

Marc-André Dalbavie : Color
Jean Sibelius : Concerto pour violon, op. 47
Anatole Liadov : Le Lac enchanté, op. 62
Alexandre Scriabine : Le Poème de l’extase, op. 54


Midori (violon)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)


Compositeur en résidence à l’Orchestre de Paris depuis deux ans, Marc-André Dalbavie (né en 1961) a dédié à Christoph Eschenbach une partition d’une vingtaine de minutes intitulée Color, qui était donnée ici jeudi soir à Mogador en création parisienne. Ce titre, contrairement aux apparences, entend souligner un « retour de l’élément mélodique » dans un style qui reste marqué par les conquêtes de l’école spectrale. Obéissant grosso modo à une forme tripartite lent/vif/lent, cette synthèse hédoniste, fondée sur une belle science des sonorités orchestrales, évoque tour à tour Schönberg, Sibelius, Murail, Ligeti, Penderecki (l’ancien et le récent), Dutilleux et Lutoslawski.


Midori aborde le Concerto pour violon de Sibelius - un compositeur dont, précisément, l’école spectrale a souvent fait son miel - avec une énergie telle qu’elle semble jeter toutes ses forces dans chaque coup d’archet. D’une expression extérieure et contrastée, marquée par des coups de boutoir et des moments fortement appuyés, cette approche volontairement excessive, échevelée et comme enracinée dans l’instant est confortée par une brillante démonstration technique. Les partisans d’un Sibelius plus réservé ou austère, moins tourné vers le romantisme d’un Bruch ou d’un Tchaïkovski, en sont pour leurs frais, mais l’orchestre joue parfaitement le jeu, jusqu’au swinguant pupitre de contrebasses emmené par un Bernard Cazauran particulièrement en verve dans un finale très ludique.


Les miniatures symphoniques d’Anatole Liadov (1855-1914) se font malheureusement rares au concert. Contemporain des oeuvres de Sibelius et de Scriabine programmées par ailleurs, Le Lac enchanté (1909), « scène de conte de fées », pourrait être décrit comme les Murmures de la forêt revus par Debussy, Rimski-Korsakov ou même le premier Stravinski. On n’est pas loin, en tout état de cause, des chatoiements et des couleurs du Poème de l’extase de Scriabine (1907), qui conclut fort spectaculairement cette soirée. Au regard de la Troisième symphonie donnée une semaine plutôt par le même orchestre (voir ici), il est passionnant de découvrir l’évolution du style de Scriabine en quelques années : car si cette partition marque un aboutissement de la tradition lisztienne du poème symphonique, la parenté avec les grands courants post-romantiques de l’époque - ne serait-ce que l’énormité de l’orchestre (neuf cors, cinq trompettes, orgue), qui se rapproche ainsi de celui des Gurre-Lieder - ressort plus que jamais. De l’instabilité chronique d’une harmonie qui se dérobe sans cesse, Eschenbach tire parti pour offrir une vision très volontaire de la partition, dans laquelle le trompettiste solo se couvre de gloire.



Simon Corley

 

 

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