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Tempête et Mort d’Isolde

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/16/2025 -  et 11 (Luzern), 13 (Essen), 14 (Frankfurt), 15 (Berlin), 17 (Luxembourg), 18 (Gent) septembre 2025
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon, opus 61
Franz Schubert : Symphonie n° 8 « Inachevée », D. 759
Richard Wagner : Tristan und Isolde : Prélude de l’acte I et Mort d’Isolde

Lisa Batiashvili (violon)
Münchner Philharmoniker, Lahav Shani (direction)


L. Shani (© Marco Borggreve)


C’est en pleine tempête médiatique autour du chef et pianiste israélien Lahav Shani que s’est déroulé, dans le calme et dans un Théâtre des Champs‑Elysées qui est en train de faire peau neuve, le passage à Paris de la tournée du Philharmonique de Munich, second orchestre de la capitale bavaroise aux côtés de l’Orchestre symphonique de la Radio, avec comme soliste la violoniste allemande d’origine géorgienne Lisa Batiashvili.


Sous modeste protection policière et avec à peine un petit chahut entre spectateurs avant le début du concert, les musiciens bavarois ont pu donner leur excellent programme de tournée sous la direction du chef israélien, qui a été extrêmement bien reçu et acclamé par le public parisien. Celui‑ci est au centre d’une polémique assez nauséabonde qui a viré ces derniers jours à la tempête médiatique. La tournée de l’orchestre munichois, dont il vient d’être nommé à 36 ans chef principal, fonction qu’il cumulera avec le poste de directeur musical de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la tête duquel il a succédé en 2020 à Zubin Mehta, a subi un refus de se produire à Gand, le Festival de Flandre ayant estimé que le chef n’avait pas exprimé une position assez claire contre la politique actuelle du gouvernement israélien dans le conflit qui l’oppose au Hamas. L’Allemagne a réagi immédiatement en proposant de récupérer le concert annulé au sein du Festival de Berlin, où il a remporté un triomphe. Le premier ministre belge a même apporté son soutien au chef en se rendant au concert prévu à Essen. Et comme si ce tourbillon diplomatique ne suffisait pas, le monde musical s’est érigé contre Lahav Shani sous forme d’une pétition signée par quelque 15 000 musiciens, pétition contre laquelle d’autres musiciens dont Martha Argerich et András Schiff se sont élevés. Le chef israélien a répondu par un communiqué (consultable sur le site du Philharmonique de Munich) que sa position était clairement celle d’un citoyen israélien ayant un désir de paix et de solution au conflit.



(© Olivier Brunel)


Ce concert coïncidait avec la rentrée du Théâtre des Champs‑Elysées, qui a profité de l’été pour entamer une rénovation de son hall. Les grands travaux qui avaient remis à neuf le théâtre de l’avenue Montaigne datent de 1987.


Pour cette première phase des travaux, il s’est agi de rendre le hall d’entrée, l’atrium, la billetterie et les espaces d’accueil du public plus conviviaux. De fait, le hall paraît plus vaste, l’espace de contrôle a été rénové, un espace dédié à la vente des disques aménagé dans la coursive du rez‑de‑chaussée, des banquettes, fauteuils, tables installés pour le confort des spectateurs ainsi qu’un nouveau bar aménagé dans la mezzanine du balcon généralement réservée à des événements privés. Pour la décoration, trois statues nouvelles ont été prêtées par le musée Bourdelle, le magnifique plafonnier de salle a été nettoyé et la cadre de scène entièrement refait et éclairé. La Caisse des dépôts et consignations, propriétaire du théâtre, annonce que d’autres améliorations suivront dans la saison. Deux problèmes de convivialité n’ont pas été et ne seront probablement pas résolus : le goulot d’étranglement du contrôle des billets, toujours chaotique, et l’exiguïté des sanitaires, tous deux sources d’embouteillages chroniques.


Le programme comportait le Concerto pour violon de Beethoven, que Lisa Batiashvili a interprété avec une musicalité exemplaire. Si le son de son violon peut paraître un peu mince, même dans un théâtre de cette taille, il est d’une beauté exquise. Elle a joué les deux longues cadences assez ébouriffantes composées par le compositeur soviétique Arthur Schnittke et popularisées par le violoniste Gidon Kremer, qui font intervenir cordes et surtout timbales, une curiosité hautement saluée par le public. Puis un piano droit a été amené à l’avant‑scène pour que chef et soliste achèvent cette partie par le très romantique Liebesleid de Fritz Kreisler, une pure essence de nostalgie Mitteleuropa.


On a pu apprécier toutes les qualités instrumentales et d’ensemble de cette magnifique phalange allemande dans les deux mouvements de la Huitième Symphonie « Inachevée » de Schubert. Lahav Shani a choisi de dramatiser cette musique qui n’en demande pas tant, autant par des tempi lents que par des dynamiques sonores extrêmes. Ce n’était pas le cas du Prélude et Mort d’Isolde, que l’orchestre a joué avec une sensualité retenue et des miracles de sonorité, qui a couronné le concert et déclenché un enthousiasme sans retenue du public, particulièrement pour le chef israélien, dont nombreux sont ceux dans le milieu musical qui le surnomment le nouveau Barenboim.


Le site de Lisa Batiashvili
Le site de l’Orchestre philharmonique de Munich



Olivier Brunel

 

 

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