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C’est la rentrée

Paris
Maison de la radio et de la musique
09/12/2025 -  
Dimitri Chostakovitch : Ouverture festive, opus 96 – Concerto pour violon n° 2 en ut dièse mineur, opus 129
Philippe Hersant : In diebus nostris (création) – Vêpres de la Vierge Marie : III. Psaume CXXI
Camille Saint-Saëns : Symphonie n° 3, opus 78

Chae-Wook Lim (baryton), Pascal Bourgeois (ténor), Leonidas Kavakos (violon), Alma Bettencourt (orgue)
Chœur de Radio France, Lionel Sow (chef de chœur), Philharmonique de Radio France, Santtu-Matias Rouvali (direction)


S.-M. Rouvali (© Marco Borggreve)


Les chefs d’orchestre finlandais sont décidément des vedettes en France. Mikko Franck vient de quitter le Philharmonique de Radio France après un brillant mandat de dix ans, Klaus Mäkelä est depuis 2020 le directeur musical apprécié de l’Orchestre de Paris et on vient d’apprendre qu’à son départ en 2027, l’un de ses plus célèbres compatriotes, le chef et compositeur Esa‑Pekka Salonen, lui succédera comme chef principal. On entend aussi régulièrement Jukka‑Pekka Saraste, Sakari Oramo et depuis peu le jeune et flamboyant Tarmo Peltokoski, désormais directeur musical à Toulouse. Place ce soir à un autre chef finlandais à la carrière plus discrète mais toute aussi brillante, Santtu‑Matias Rouvali : il a ce soir l’honneur d’ouvrir la saison du Philhar’ qui l’invite régulièrement depuis plusieurs années. A bientôt 40 ans, ce natif de Lahti, percussionniste de formation, a été directeur musical de l’Orchestre symphonique de Göteborg (2016‑2025) et est depuis 2021 chef du prestigieux Philharmonia de Londres.


Curieux mélange tout de même pour ce concert de rentrée que cette association de Chostakovitch, d’une création mondiale avec chœur de Philippe Hersant et de la Troisième Symphonie de Saint‑Saëns. Mais finalement pourquoi pas ? Le concert débute en fanfare avec la joyeuse et spectaculaire Ouverture festive de Chostakovitch une œuvre de 1954. Composée en trois jours pour fêter les trente‑sept ans de la Révolution d’octobre, elle porte bien son nom et certains de ses thèmes furent utilisés lors des jeux Olympiques de Moscou en 1980. Sous la direction joyeuse, précise et souple de Santtu‑Matias Rouvali, plus proche de celle de Salonen que de celle de Mäkelä, mais avec un bras gauche étonnamment actif, le Philharmonique de Radio France, comme toujours réactif et précis, semble en pleine forme.


Changement complet d’ambiance avec le Second Concerto pour violon de Chostakovitch, créé par David Oïstrakh, son dédicataire, à Moscou en 1967. Œuvre sombre, composée au décours d’une attaque vasculaire, elle possède une forme classique en trois mouvements, mais avec cadence à chaque mouvement. Leonidas Kavakos en propose une lecture sobre, toute en retenue, parfois à la limite de la froideur, ce qui n’est sans doute pas hors sujet. L’accompagnement révèle l’habituelle richesse d’orchestration et aussi quelques trouvailles – on pense notamment à la cadence du premier mouvement, dialogue avec le cor solo, en l’occurrence le magnifique Antoine Dreyfus. Le final est plus traditionnel, convoquant l’écriture abrupte et syncopée qui termine beaucoup d’œuvres du maître russe. En bis, le violoniste grec offre la Loure de la Troisième Partita de Bach, jouée avec tout autant de gravité.


Après l’entracte, changement de plateau avec l’entrée de Lionel Sow, directeur musical du Chœur de Radio France depuis 2022 et récemment renouvelé dans ses fonctions, pour diriger soixante‑qautre chanteurs installés dans les gradins (répartis en trois chœurs) et trois trombones sur scène pour la création mondiale d’In diebus nostris de Philippe Hersant, une commande de Radio France. On connaît les liens musicaux et amicaux forts qui unissent le compositeur français un temps, producteur à France Musique, et le chef de chœur français (cette pièce lui est d’ailleurs dédiée), notamment depuis le passage de ce dernier à la Maîtrise Notre‑Dame de Paris. On entend aussi deux trompettes (en coulisses) et parfois l’orgue d’Alma Bettencourt. La réalisation musicale est exemplaire et le Chœur de Radio France sonne juste, précis et équilibré sous la direction ferme, exacte et efficace de Lionel Sow. L’écriture de Philippe Hersant est assez traditionnelle, toute en verticalité avec beaucoup d’accords la plupart inattendus et d’un bel effet acoustique. La transition avec le « Psaume CXXI », une pièce écrite pour les 850 ans de Notre‑Dame de Paris, se fait avec beaucoup de naturel. Narrant l’entrée des pèlerins à Jérusalem, elle est donnée ici dans sa version avec orgue seul : on gagne en clarté du texte, ici plus compréhensible. Les interprètes sont chaleureusement applaudis par le public, notamment les deux solistes issus du chœur, Chae‑Wook Lim et Pascal Bourgeois, mais aussi le compositeur, présent ce soir et manifestement ému de l’accueil fait à son œuvre.


Place enfin à la célèbre Troisième Symphonie de Saint‑Saëns, un tube. L’écriture, d’une grande perfection formelle, une magnifique orchestration et une richesse d’inspiration mélodique comme rythmique, largement soulignées ce soir, expliquent sans aucun doute cette popularité persistante. Le deuxième mouvement semble particulièrement réussi ce soir, avec un magnifique legato des cordes, et le quatrième, durant lequel l’orgue triomphe sans écraser tout, évite le travers de sonner comme du Richard Strauss. Une belle lecture, puissante mais sans excès, sous la direction fluide et souple du chef finlandais qui, comme celle de ses compatriotes, honore l’école finlandaise de direction d’orchestre. Tout le long de cette belle soirée d’ouverture de saison, le Philharmonique de Radio France est apparu en grande forme artistique. On avoue avoir été particulièrement sensible à la flûte de Mathilde Caldérini, au hautbois d’Olivier Doise et au cor anglais d’Anne‑Marie Gay.


Sans aucun doute, ce fut une très belle soirée de rentrée et l’on se réjouit qu’elle ait donné une part importante et originale au Chœur de Radio France et à son très apprécié directeur musical. Aucune inquiétude donc pour la suite de la saison qui s’annonce très riche, notamment pour le chœur, et devrait être une réussite. On attend par exemple avec impatience Le Roi David de Honegger, qui sera dirigé par Lionel Sow le 25 septembre prochain, avec pour récitant l’éclectique Lambert Wilson.



Gilles Lesur

 

 

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