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Concert transatlantique

Paris
Philharmonie
09/10/2025 -  et 11 septembre 2025
Aaron Copland : Fanfare for the Common Man
Guillaume Connesson : Danses concertantes (création)
Joan Tower : Fanfare for the Uncommon Woman No. 1
George Gershwin : An American in Paris
Edgard Varèse : Amériques

Vincent Lucas (flûte)
Orchestre de Paris, Klaus Mäkelä (direction)


K. Mäkelä (© Denis Allard)


Avant-dernier concert des « Prem’s » de la Philharmonie – redonné le lendemain, avec un programme franco‑américain, où la musique hexagonale est représentée par la première française des Danses concertantes de Guillaume Connesson, en réalité son deuxième concerto pour flûte. Cette commande conjointe du Concertgebouw d’Amsterdam, du Tapiola Sinfonietta, du New Zealand Symphony Orchestra et de l’Orchestre de Paris-Philharmonie n’a donné malheureusement qu’une œuvre sans âge ni intérêt, vite ennuyeuse malgré l’alacrité facile de certaines pages. Que le compositeur ne soit pas une icône de l’avant‑garde n’est pas le problème, mais ce retour à une sorte de néoclassicisme rappelant l’entre‑deux‑guerres, fût‑il mâtiné de syncopes jazzy, paraît bien suranné et donne vite envie de retourner à un Stravinsky ou, plus près de nous, à un Henze – le « Très vif et joyeux » initial faisant plutôt penser à Roussel. Le titre de ce concerto semble d’ailleurs assez maladroit : même si la comparaison n’a pas lieu d’être, il renvoie, malgré qu’on en ait, aux Danses concertantes du compositeur de Pulcinella. L’esprit de la suite de danses aux tempi contrastants ne se renouvelle en rien ici, même si l’on reconnaîtra volontiers la sûreté de l’artisanat et si la partition ne trouverait sans doute pas de meilleurs interprètes que le magnifique Vincent Lucas et Klaus Mäkelä à la tête d’un Orchestre de Paris très complice en formation de chambre. Un tel opus, de surcroît, fait figure d’intrus au sein de ce programme américain.


La Fanfare for the Common Man de Copland, pour cuivres et percussions, ouvrait le concert, commande d’Eugene Goossens et de son Orchestre de Cincinnati, créée en 1943 et destinée à soutenir l’effort de guerre, où s’exprime malgré tout l’espoir d’un avenir meilleur incarné par the common man – on la retrouvera dans le Molto deliberato final de la Troisième Symphonie. En écho, la seconde partie s’ouvre sur la Fanfare for the Uncommon Woman n° 1 (1986) de Joan Tower (née en 1938), clin d’œil et hommage à l’aîné, avec le même effectif, écrite à l’occasion du cent-cinquantenaire de l’indépendance du Texas. Hommage aussi « aux femmes audacieuses » et à Marin Alsop, première femme chef d’un orchestre nord‑américain, celui de Baltimore –, l’œuvre est passée à la postérité après avoir été jouée lors de l’investiture du tandem Biden‑Harris. Plus lumineuse, plus euphorique que celle de Copland, la partition met de nouveau en valeur les pupitres de l’orchestre.


Attendait-on le jeune chef finlandais chez le Gershwin d’Un Américain à Paris ? Son sens du rythme y fait merveille, même si l’on ne sent pas cette liberté naturelle dans le swing propre aux chefs américains, tels un Michael Tilson Thomas – ou un Louis Langrée à Cincinnati. Il est vrai qu’il annexe plutôt ce Gershwin à la grande tradition européenne et le renvoie ainsi à ses racines russes, montrant par là son universalité. Il ne cherche donc pas à forcer la nature de son orchestre, superbe de couleurs et de virtuosité, défendant admirablement une option au fond tout à fait légitime.


La question de l’authenticité ne se pose pas, malgré le titre, pour Amériques de Varèse, présenté dans sa version définitive de 1929 – avec la sirène urbaine, la sirène de bateau de la mouture originelle ayant disparu. On reste ébloui par la maîtrise d’une partition redoutable, où l’orchestre déploie de nouveau sa virtuosité et ses couleurs. Klaus Mäkelä parvient à éclairer l’écheveau si complexe des plans sonores, fluidifiant la masse à travers une approche à la fois analytique et narrative : on croirait entendre un rituel primitif, dont il préserve les sauvages mystères, du solo inaugural de flûte alto à la frénésie orgiaque de la fin. La « musique pure » que revendiquait le compositeur ressemble plutôt ici à un second Sacre du printemps.


Le site de Guillaume Connesson
Le site de Klaus Mäkelä
Le site de l’Orchestre de Paris



Didier van Moere

 

 

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