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Ouverture royale

Vienna
Konzerthaus
09/03/2025 -  et 4* septembre 2025

3 septembre – et 22 (Köln), 24 (London), 31 (Luzern) août 2025
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 31 « Paris », K. 300a [297]
Serge Prokofiev : Concerto pour violon n° 1, opus 19
Béla Bartók : Concerto pour orchestre, Sz. 116


4 septembre et 19 (Amsterdam), 21 (Salzburg), 23 (London) août, 1er (Luzern), 20 (Bucuresti) septembre 2025
Franz Schubert/Luciano Berio : Rendering
Gustav Mahler : Symphonie n° 5

Alena Baeva (violon)
Koninklijk Concertgebouworkest, Klaus Mäkelä (direction)


A. Baeva, K. Mäkelä (© Wiener Konzerthaus/Julia Wesely)


Le Konzerthaus n’a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands pour l’ouverture de sa cent‑treizième saison : ouverture du bar avec vins et bières du pays à volonté, concerts disséminés dans les différentes salles du bâtiment à l’issue du programme officiel (jazz dans le hall d’entrée, ensembles de musique de chambre provenant des rangs de l’orchestre du Concertgebouw, Klaus Mäkelä se joignant même à un quatuor). Les festivités se sont prolongées jusque dans la nuit, à des heures trop avancées pour être chroniquées avec lucidité.


La fête se jouait aussi, bien entendu, sur scène. La Symphonie « Paris » de Mozart est rendue avec une élégance classique, ponctuée de quelques éléments de théâtralité subtile. La limpidité des textures, alliée à la finesse de phrasés au vibrato parcimonieux, ne gomme certes pas totalement l’ampleur des effectifs (similaires, toutefois, à ceux dont Mozart disposait lors de la création de l’œuvre). Mais l’équilibre trouvé par Klaus Mäkelä offre un aperçu prometteur de ce qu’il nous réserve dans le répertoire mozartien.


Il est difficile de ne pas ressentir un soupçon de déception à l’annonce du retrait de Janine Jansen, tant son récent enregistrement du Premier Concerto de Prokofiev aux côtés de Klaus Mäkelä avait suscité l’attente. La violoniste russe d’origine kirghize Alena Baeva relève pourtant l’épreuve au pied levé avec panache. On aurait pu rêver d’une ferveur rhapsodique plus intense, de dynamiques plus imaginatives ; elle convainc néanmoins particulièrement dans le dernier mouvement, laissant son instrument chanter avec assurance. Le deuxième mouvement est plus acrobatique dans la mise en place, mais Mäkelä a le don de mettre ses musiciens en confiance, sans pour autant retenir ses coups.


Joyau de la soirée, le Concerto pour orchestre de Bartók se révèle un terrain de jeu idéal pour le chef finlandais, qui en souligne la construction en vignettes raffinées, d’une unité mathématique implacable et nourrie d’une énergie dansante, d’un lyrisme nerveux. La noirceur tendue que d’autres chefs auraient choisi d’accentuer dans certains passages se transforme ici en une aridité lumineuse, magnifiée par l’éclat chatoyant de la palette orchestrale : pas un crin ne dépasse des cordes, et des pupitres de cuivres rutilants confèrent une brillance presque américaine à cette phalange profondément européenne.


La seconde soirée était consacrée au grand répertoire symphonique. La Dixième Symphonie de Schubert est présentée dans sa version restaurée par Luciano Berio, à la manière d’une vaste fresque, dans son œuvre Rendering. Les interprètes évitent de rendre trop apparents les raccords, préservant l’ambiguïté de cette œuvre étrange, et nous font évoluer dans des ambiances variées qui révèlent un Schubert résolument post‑beethovénien.


Si nous étions restés admiratifs mais dubitatifs dans la Sixième Symphonie de Mahler, Klaus Mäkelä réussit cette fois un tour de force incontestable dans la Cinquième. Des tempi étonnamment étirés, qui sous une autre baguette auraient abouti à dissoudre la musique, sont traversés ici par un souffle continu, faisant ressortir avec acuité les tuilages et disparitions harmoniques ; l’ironie grinçante est mise en avant avec une concentration expressive sans extravagance, poussant les contrastes sans perdre la continuité du discours.


Le public se relève avec difficulté au fil des applaudissements, non par manque d’enthousiasme, mais comme frappé par la puissance de ce qu’il vient de recevoir dans les oreilles. Oublions le qualificatif de jeune chef prometteur : Klaus Mäkelä était ce soir, tout simplement, un immense interprète.



Dimitri Finker

 

 

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