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Plaisant spectacle

Paris
Palais Garnier
04/10/2024 -  et 15*, 18, 20, 23, 25, 28, 30 avril, 3, 7, 9, 11 mai 2024
Marc-Antoine Charpentier : Médée
Lea Desandre (Médée), Reinoud Van Mechelen (Jason), Laurent Naouri (Créon), Ana Vieira Leite (Créuse, Premier fantôme), Gordon Bintner (Oronte), Emmanuelle de Negri (Nérine), Elodie Fonnard (Cléone), Lisandro Abadie (Arcas), Julie Roset (L’Amour, Première captive), Mariasole Mainini (L’Italienne, Deuxième captive), Julie Wischniewski, Juliette Perret (Deux captives), Alice Gregorio, Bastien Rimondi, Maud Gnidzag (Chœur à trois voix), Clément Debieuvre (Second Corinthien, Un Argien captif, Démon), Matthieu Walendzik (Premier Corinthien, Un Argien, Jalousie, Vengeance), Virginie Thomas (Second fantôme)
Les Arts Florissants, Thibaut Lenaerts (chef de chœur), William Christie (direction musicale)
David McVicar (mise en scène), Bunny Christie (décors, costumes), Paule Constable (lumières), Lynne Page (chorégraphie)


(© Elisa Haberer/Opéra national de Paris)


Médée de Marc-Antoine Charpentier et Thomas Corneille est de retour à l’Opéra de Paris, après plus de trois cents ans d’absence, sous la direction experte de William Christie.


S’il est un spécialiste en France de cette tragédie lyrique, c’est bien le chef William Christie, fondateur des Arts Florissants, qui l’a enregistré deux fois et produit à la Salle Favart (et Strasbourg puis Caen) en 1993 dans une mise en scène de Jean‑Marie Villégier (avec qui il avait fait équipe pour un Atys de Lully au succès mondial et resté mythique) avec Lorraine Hunt. Si ces deux partenaires exceptionnels nous ont quitté, le chef américano-français, qui va fêter ses 80 ans, bien qu’ayant largement levé le pied demeure à la tête des Arts Florissants et prouve qu’il peut mener au succès à un niveau de qualité superlative une représentation de presque quatre heures.


La production est celle de David McVicar, créée en 2013 à l’English National Opera et reprise en 2019 à Genève. Elle situe l’action pendant la Seconde Guerre mondiale, les forces anglaise, américaines et françaises figurant dans une ambiance on ne peut plus fantaisiste frisant souvent le cabaret. Un grand salon bourgeois sert de cadre à une représentation parfaitement réalisée, à la chorégraphie brillante et farfelue (Lynne Page), aux éclairages somptueux (Paul Constable) aux costumes magnifiques (Bunny Christie). Si on a souvent vu les opéras baroques ainsi réhabilités, l’œil est constamment occupé et dans le cas de Médée, dont la durée approche les quatre heures et qui comporte d’évidentes longueurs, cela permet de ne pas regarder trop souvent sa montre... Le spectacle est plaisant mais quand l’antique apporte une dimension qui échappe à cette transposition (ici la magie de Médée), on en ressent alors les limites.


Musicalement, avec on l’a dit l’excellence des Arts Florissants dans la fosse et son somptueux chœur préparé par Thibaut Lenaerts, on a un plateau de qualité. Christie de dispose plus des grandes individualités vocales qui ont brillé aux débuts d’Atys dans les années 1980, ni même dans ses résurrections d’autres ouvrages de Charpentier comme Le Malade imaginaire (Châtelet, 1990), David et Jonathas (La Chaise‑Dieu, 1988 ; Ambronay, 1994). Ce sont aujourd’hui des interprètes d’un très bon niveau (mais peut‑être des volumes vocaux un peu légers pour une salle de la taille du Palais Garnier) qui forment un plateau homogène avec des qualités théâtrales certainement supérieures aux premières générations de chanteurs baroques.


Lea Desandre apporte à Médée de belles couleurs et une humanité perceptible autant dans les airs que dans les récitatifs parfaitement déclamés. Reinoud Van Mechelen (le seul au format vocal adapté à la salle) est un Jason brillant, élégant, au timbre somptueux et à la diction impeccable. Emmanuelle de Negri donne beaucoup de charme au rôle de Nérine. Laurent Naouri, qui s’est fait la silhouette du général de Gaulle, peine un peu vocalement mais son personnage de Créon a beaucoup de relief et d’autorité. Tous les seconds rôles sont parfaits : l’Arcas solide de Lisandro Abadie, l’Oronte cependant un peu court de projection de Gordon Bintner. L’Amour de Julie Roset est impayable et Ana Vieira Leite incarne Créuse avec une voix d’une pureté angélique.


Le public du Palais Garnier plein à craquer a fait un triomphe à cette Médée qui sera diffusée sur France Musique le 1er juin à 20 heures.



Olivier Brunel

 

 

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